
Non au mouron
Parution d'un petit traité du mieux-vivre
destiné aux grands inquiets
Le prochain examen pour lequel on n'a pas encore étudié,
le rapport à remettre demain, le nouveau patron qui ne
jure que par la réingénierie et la rationalisation,
les factures à payer, la santé, l'avenir, l'amour...
ce ne sont pas les sujets d'inquiétude qui manquent et
tout le monde broie ses 15 minutes de noir à l'occasion.
Mais, pour environ 4 à 5 % de la population, l'inquiétude
n'est pas un mauvais quart d'heure à passer, mais un cauchemar
sans fin. Autrefois, on disait ces gens nerveux, angoissés
ou névrosés et on croyait qu'il n'y avait rien
à faire pour les changer: c'était dans leur nature.
Aujourd'hui, on dit de ces mêmes personnes qu'elles souffrent
du trouble d'anxiété généralisé
(TAG), une maladie reconnue comme telle depuis 1980, dont on
peut guérir. C'est à ces gens et à tous
ceux qui veulent comprendre ce mal mystérieux qu'ont pensé
Robert Ladouceur et Lynda Bélanger, de l'École
de psychologie, et Éliane Léger, du Centre de traitement
de l'anxiété de Québec, en publiant, chez
l'éditeur français Odile Jacob, Arrêtez
de vous faire du souci pour tout et pour rien.
Petit traité du mieux-vivre destiné aux grands
inquiets, cet ouvrage de 150 pages aborde, dans une langue accessible
à l'inquiet de la rue, les différentes facettes
du TAG. Quiz, questionnaires, exemples, exercices et conseils
agrémentent ce guide d'information et de soins, qui puise
aux travaux de recherches sur le TAG menés par les trois
auteurs.
Trop de "si"
L'anxiété normale et saine glisse de façon
insidieuse du côté "pathologique" lorsque
les inquiétudes sont excessives, difficiles à contrôler,
fréquentes, qu'elles interfèrent avec le fonctionnement
normal d'un individu et nuisent à sa qualité de
vie, précise Robert Ladouceur. Une fois mise en marche,
la machine à souci s'emballe et crache tous les scénarios
négatifs possibles à partir d'une situation donnée.
Cette machine carbure à l'incertitude et les inquiets
composent mal avec les "si" de la vie. Cette intolérance
à l'incertitude favorise les croyances erronées,
influe sur le processus de résolution de problèmes
et conduit à l'anxiété, au découragement
et à l'épuisement, constatent les auteurs.
Les symptômes physiques qui se rattachent au TAG - problèmes
de sommeil, d'agitation, de fatigue, de tensions musculaires
et d'irritabilité -rendent le diagnostic de ce trouble
difficile à poser par les médecins de famille.
"C'est le trouble d'anxiété qu'ils diagnostiquent
le moins bien", mentionne Robert Ladouceur. Plus souvent
qu'autrement, les inquiets sortent du cabinet du médecin
avec une prescription de médicaments contre l'anxiété.
Leurs symptômes s'envolent temporairement, mais le problème
demeure. "Et, une fois l'âge adulte atteint, le TAG
ne guérit pas tout seul", prévient Robert
Ladouceur.
Fini les soucis
Les traitements actuels du TAG ne permettent pas d'éliminer
la tendance à s'inquiéter, mais ils agissent sur
les pensées et les comportements qui maintiennent et aggravent
le problème. Dans leur ouvrage, les trois psychologues
présentent en détails le traitement "cognitivo-comportemental",
mis au point à l'École de psychologie de l'Université
Laval. Lorsque cette thérapie est supervisée par
un psychologue, le taux de succès atteint 75 %.
Si le tiers du livre est consacré au traitement du TAG,
c'est dans l'objectif avoué d'aider le lecteur à
devenir son propre thérapeute. "Les témoignages
que nous avons reçus des lecteurs indiquent que le livre
peut aider les gens chez qui les inquiétudes n'ont pas
atteint un stade chronique", souligne Robert Ladouceur.
Tout au long des 50 pages qui décrivent les étapes
du traitement, les auteurs nous conduisent, pas à pas,
sur la route du changement au bout de laquelle, nous promettent-ils,
nous attend la liberté. Comment refuser pareille invitation?
JEAN HAMANN
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