
Êtes-vous "chaud" ou "froid"?
La tolérance aux stress thermiques serait
une question de tempérament
Côté tolérance à la température,
la seule constante semble être la variation chez l'espèce
humaine! En effet, si certaines personnes pâtissent aussitôt
que le mercure franchit la barre des 20 degrés Celsius,
d'autres frissonnent dès les premières journées
fraîches de septembre. Puisque le taux de gras corporel,
la condition physique, l'âge et le sexe n'apportent qu'une
explication partielle à cette variabilité, quelle
peut bien en être la cause? "C'est, en partie du moins,
une question de tempérament", répond le professeur
Jacques LeBlanc de la Faculté de médecine. Ce spécialiste
de l'adaptation au froid et les chercheurs Ducharme, Pasto et
Thompson, de Recherche et Développement pour la Défense
du Canada, viennent de signer deux articles qui appuient cette
hypothèse dans la revue scientifique Physiology &
Behavior.
Les chercheurs ont soumis 20 sujets à un test - le Big
Five Personality Test - qui mesure cinq composantes fondamentales
de la personnalité, notamment l'extraversion et le névrotisme
(tendance à être inquiet, anxieux et tendu). Par
la suite, ils ont invité les sujets à passer 90
minutes dans une pièce où la température
était maintenue à 10 degrés Celsius. Pendant
le déroulement de l'expérience, des appareils mesuraient
l'intensité du frisson (estimée à partir
de la consommation d'oxygène) et la température
corporelle du sujet. Les chercheurs ont ainsi découvert
que plus les sujets étaient de type névrotique,
moins ils frissonnaient et moins la température de leur
peau était élevée, un indice de circulation
sanguine réduite. À l'opposé, plus les sujets
étaient de type extraverti, plus ils frissonnaient.
J'ai chaud là!
Dans une seconde expérience, les chercheurs ont mesuré
le niveau de sudation et d'inconfort des mêmes sujets pendant
un séjour de 90 minutes à 40 degrés Celsius.
Plus les sujets étaient de type névrotique, moins
ils suaient et plus ils manifestaient d'inconfort. À l'opposé,
plus les sujets étaient extravertis, moins la chaleur
semblait les accabler.
Enfin, le visage des sujets a été exposé
pendant 3 minutes à un vent de 60 km/h, généré
par une soufflerie, alors que la température de la pièce
était à 4 degrés Celsius. Il s'agit d'une
expérience très désagréable pour
tous les sujets, mais étonnamment, les névrotiques
ont ressenti moins d'inconfort et leur rythme cardiaque est demeuré
plus bas que celui des extravertis, rapporte Jacques LeBlanc.
"Dans la vie quotidienne, les personnes névrotiques
vivent continuellement des petits stress en raison de leur propension
à l'anxiété. C'est peut-être en raison
d'un phénomène d'habituation qu'ils répondent
moins à un stress thermique important. Chose certaine,
nos résultats semblent indiquer que les traits de caractère
ont une certaine influence sur la réponse des individus
aux mêmes stress thermiques", conclut le chercheur.
JEAN HAMANN
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