Regrouper pour filtrer
Un meilleur contrôle des habitudes de jeux passe par
le regroupement des appareils de loterie vidéo
Quatre chercheurs de l'École de psychologie proposent
de regrouper les appareils de loterie vidéo dans un nombre
restreint de sites afin de mieux contrôler les habitudes
de jeux et de prévenir les problèmes de jeu chez
les personnes à risque. Robert Ladouceur, Christian Jacques,
Serge Sévigny et Michael Cantinotti, du Centre québécois
d'excellence pour la prévention et le traitement du jeu,
formulent cette recommandation dans un rapport d'étude,
commandé par la Régie des alcools, des courses
et des jeux.
Une trop grande accessibilité à la loterie vidéo
constitue un déterminant important des problèmes
liés au jeu, ont admis les joueurs occasionnels, à
risque et excessifs, interrogés par les chercheurs. Ces
témoignages confirment les conclusions auxquelles parviennent
les auteurs du rapport après avoir passé en revue
les études scientifiques réalisées sur le
sujet. "Le regroupement des appareils de loterie vidéo
permettrait de mettre en place un contrôle plus rigoureux
de la réglementation, d'effectuer un meilleur "filtrage"
de la clientèle, que ce soit en raison de l'âge
ou de programmes d'auto-exclusion, et de limiter considérablement
l'exposition et l'accessibilité aux non-joueurs",
ont déclaré les chercheurs Jacques et Ladouceur
en conférence de presse le 17 décembre.
Les chercheurs proposent donc le regroupement progressif des
14 000 appareils de loterie vidéo du Québec dans
un nombre limité de sites d'exploitation. Le nombre idéal?
"Pour le moment, on ne le sait pas. Il faudrait étudier
l'impact de différents scénarios pour que la décision
repose sur des données plutôt que sur l'intuition",
répond Robert Ladouceur.
Les chercheurs avancent tout de même des éléments
pour baliser l'exercice. Le premier, il faudrait favoriser une
répartition équilibrée des appareils selon
les régions et selon les zones des villes, en tenant compte
des conditions socio-économiques. Le second, il faudrait
regrouper les activités de jeu dans des régions
ou des zones urbaines où la dynamique sociale n'est pas
fragilisée. Enfin, il faudrait limiter l'offre de jeu
dans les quartiers défavorisés où les risques
de problèmes sociaux sont élevés.
Par ailleurs, les chercheurs suggèrent de revoir la disposition
des appareils à l'intérieur des établissements
de façon à éliminer progressivement les
isoloirs. Pour les joueurs excessifs, ces isoloirs sont des refuges
où ils peuvent adopter des comportements "socialement
répréhensibles" en se soustrayant au regard
des autres. "On ne peut pas espérer régler
tous les problèmes avec ces mesures, commente Christian
Jacques, mais elles contribueraient à mieux gérer
les habitudes de jeu des personnes à risque."
JEAN HAMANN
|