Plongée dans un nouveau monde
Les étudiants en architecture de Laval
et de Toulouse travaillent en mode virtuel
Le bureau d'architecte de demain, et déjà celui
d'aujourd'hui pour de nombreux praticiens, ne se contentera pas
d'une adresse civique banale le long d'une rue. De plus en plus,
le travail s'effectue entre des équipes d'une même
entreprise dispersées aux quatre coins de la Terre. L'École
d'architecture de l'Université Laval a voulu se mettre
au diapason de ce monde éclaté. Depuis cet automne,
dix étudiants d'ici au baccalauréat travaillent
de concert avec dix étudiants de l'École d'architecture
de Toulouse sur un atelier de design virtuel. Leur tâche?
Concevoir un site en trois dimensions sur le Web permettant l'échange
et la rencontre entre architectes géographiquement distants.
Sur l'écran, de grosses sphères contenant de petits
rectangles en côtoient d'autres, pleines celles-là.
Ces boules tournant sur elles-mêmes, comme des planètes
en rotation, symbolisent des espaces de travail publics ou privés.
De temps en temps, une image apparaît sur un des rectangles
lorsque l'utilisateur se promène dans ces grands ballons.
Tout à coup, une page de commentaires surgit à
l'écran voisin avec, notamment, cette question: "Au
fait pourquoi uniquement des sphères?" Voici, résumée
en quelques mots, la présentation d'un travail virtuel
en ligne effectué par un étudiant à Toulouse
et un autre à Québec. Immédiatement après,
des examinateurs des deux côtés de l'Atlantique
donnent leur appréciation et posent leurs questions.
Communiquer avec son binôme
Les étudiants des deux villes travaillent depuis huit
semaines sur la création de leur site en trois dimensions.
Pour faciliter les contacts, une rencontre physique a eu lieu
entre les groupes à la fin d'octobre dernier à
Toulouse ce qui a permis de former les tandems entre étudiants
toulousains et québécois. Ces tandems devaient
travailler de concert sur la conception d'un espace virtuel où
des architectes échangent de l'information tout en bâtissant
des projets communs. "Ce n'est pas toujours facile de communiquer
avec notre binôme à Toulouse et de faire passer
nos idées en s'écrivant sur le "chat",
remarque Guillaume Bélisle, étudiant en deuxième
année au baccalauréat. En plus, on a eu fréquemment
des problèmes de connection." "On apprend beaucoup
dans l'adversité, renchérit son collègue
Grégory. Il a fallu trouver des outils pour nous permettre
de contourner des difficultés que nous avions avec certains
logiciels."
Malgré les problèmes techniques, les étudiants
ont apprécié ce travail totalement différent
du reste de leur formation, susceptible de leur donner une longueur
d'avance dans leur future profession. "La représentation
de l'espace 3D, la façon dont on s'y déplace, dont
on interagit relève vraiment de l'architecture, explique
Pierre Côté, professeur à l'École
d'architecture et responsable du projet pour le volet québécois.
C'est un nouveau domaine à développer, c'est fascinant."
À l'entendre, si beaucoup réfléchissent
actuellement sur le monde virtuel de façon théorique,
le travail mené au sein de l'atelier a permis aux uns
et aux autres d'avancer enfin concrètement dans cet univers
en pleine transformation. En se familiarisant avec les logiciels
disponibles pour effectuer du travail en trois dimensions, les
étudiants ont pris conscience des nouvelles perspectives
qu'ouvre l'architecture virtuelle. À l'écoute des
nouveaux besoins de la profession, l'École d'architecture
devrait d'ailleurs proposer prochainement une maîtrise
professionnelle avec concentration en architecture virtuelle.
PASCALE GUÉRICOLAS
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