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"La prochaine grande révolution scientifique et industrielle sera celle des nanotechnologies. Cette révolution affectera de façon drastique tous les aspects de nos vies en modifiant les secteurs de la médecine, de l'énergie, de l'environnement et des communications." Pas de doute possible, Normand Voyer voit grand pour l'infiniment petit. Le professeur du Département de chimie et directeur du Centre de recherche sur la fonction, la structure et l'ingénierie des protéines a livré un message on ne peut plus optimiste à l'égard des nanotechnologies, le 3 décembre, alors qu'il donnait le coup d'envoi à une série de conférences publiques, mise de l'avant par la Faculté des sciences et de génie, pour mieux faire connaître les travaux de ses chercheurs. |
![]() Grâce à un microscope électronique
à effet tunnel, IBM a créé cette oeuvre
en disposant des atomes de monoxyde de carbone sur une surface
de platine. En apparence anodine, cette oeuvre démontre
que les nanotechnologies permettent maintenant la manipulation
d'atomes. |
Les nanotechnologies ont pour but de domestiquer les composés,
molécules ou procédés qui évoluent
dans une dimension inférieure à 100 nanomètres,
soit le millième d'un grain de sable. "C'est la nouvelle
frontière en sciences", a-t-il expliqué au
petit auditoire rassemblé dans le grand amphithéâtre
du pavillon Adrien- Pouliot. "On connaît bien les
propriétés de la matière à grande
échelle. Elles obéissent aux lois de la physique
et de la chimie. Par contre, à l'échelle nano,
on découvre des propriétés inédites
et uniques dont les lois restent encore à être définies."
Le professeur cite, à titre d'exemple, le silicium dont
sont faits les microprocesseurs d'ordinateur. "À
l'échelle micro, le silicium est semi-conducteur. Par
contre, à l'échelle nano, les atomes de silicium
deviennent conducteurs et perdent la propriété
qui les rend intéressants pour la fabrication de microprocesseurs.
C'est pour cette raison qu'on croit qu'il n'y a pas d'avenir
pour le silicium en nanoinformatique."
Ce qu'on ne peut pas voir a toujours fasciné, a rappelé
Normand Voyer pour expliquer l'attrait exercé par les
nanotechnologies. "Cependant, si ce secteur est in
aujourd'hui, c'est à cause des développements technologiques
et informatiques incroyables des 20 dernières années
qui permettent maintenant de visualiser des molécules,
de modéliser des structures complexes et même de
manipuler des atomes."
Une quinzaine de chercheurs de Laval réalisent des projets subventionnés portant l'étiquette "nano"
Bien sûr, il reste de nombreux problèmes à régler avant que les nanotechnologies ne livrent leurs fruits dans le quotidien. "Avant d'en arriver à une chaîne de montage nanométrique, il faudra développer des procédés reproductibles et efficaces pour brancher entre elles des composantes d'aussi petites tailles et également mettre au point des outils simples et peu coûteux de contrôle de qualité. Ces connections moléculaires représentent un défi énorme pour lequel il n'existe pas encore de solutions simples."
Small is beautiful
Lui-même actif en recherche nanotechnologique, Normand
Voyer a épousé avec son équipe l'approche
biomimétique. "La nature fait de la nanotechnologie
depuis des millions d'années avec une efficacité
remarquable. Dans nos travaux, nous tentons de calquer, avec
humilité, sa façon de faire en assemblant des molécules
qui possèdent des propriétés toxiques pour
les cellules cancéreuses et pour les infections bactériennes."
Le professeur Voyer n'est pas seul à tenter de harnacher
la puissance de l'infiniment petit. L'engouement pour les nanotechnologies
a gagné l'Université où, présentement,
une quinzaine de chercheurs réalisent des projets subventionnés
qui portent spécifiquement l'étiquette "nano".
Le Département de génie chimique abrite même
deux chaires qui s'intéressent au domaine: la Chaire de
recherche du Canada en physique des polymères et des nanomatériaux,
dirigée par Mostapha Mosto Bousmina, et la Chaire industrielle
sur les nanomatériaux, dirigée par Serge Kaliaguine.
La dernière édition du Plan de développement
de la recherche, qui vient d'être adoptée par
l'Université, identifie d'ailleurs les nanotechnologies
parmi les nouveaux domaines porteurs de croissance.
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