
Tour du chapeau
Clio dell'arte propose un voyage dans le monde du couvre-chef
féminin
Les deux associées de l'entreprise Clio dell'arte,
Catherine Ferland, finissante au doctorat en histoire, et Annie
Breton, diplômée en histoire et en muséologie,
adorent les chapeaux. Pas simplement l'hiver pour se protéger
du vent mauvais et de la neige, mais aussi l'été,
le printemps et l'automne, simplement par plaisir. «Le
côté ancien du chapeau m'attire, et puis cela complète
la tenue et ça donne un aspect vraiment féminin»,
remarque Annie Breton la tête ornée d'un tricorne
en feutre décoré d'une grande plume. Après
avoir monté une exposition l'an dernier autour du docteur
Jekyll et de l'époque victorienne, les deux complices
récidivent en présentant un survol historique du
couvre-chef féminin. De l'époque médiévale
au «casque à poil» des années 1970,
on peut voir le chapeau sous toutes ses coutures jusqu'au 20
décembre, à la salle d'exposition de la Bibliothèque
générale au pavillon Jean-Charles-Bonenfant.
Éprises d'histoire tout autant que de chapeaux, Annie
Breton et Catherine Ferland veulent faire rêver les visiteurs,
bien sûr, mais aussi les pousser à réfléchir
sur les significations sociales de cet objet. «Il y a un
siècle, une femme devait absolument sortir la tête
couverte, car celles qui ne portaient ni chapeau, ni coiffe,
ni mantille passaient pour des femmes de mauvaise vie»,
précise Annie Breton. Apparemment, cette convention sociale
s'enracine dans le catholicisme puisque, à l'église,
l'assistance féminine devait être coiffée
en signe de soumission à l'homme.
Des chapeaux plein la tête
L'exposition ne se contente pas de montrer des images des
couvre-chefs d'autrefois. Aiguilles et ciseaux en main, les deux
historiennes ont abandonné un temps les livres et les
gravures pour se lancer dans leur propre confection de chapeaux,
à l'instar des modistes d'antan. Elles ont ainsi fabriqué
une dizaine de modèles, inspirés des modes passées
comme celle du hennin, ce grand cône pointu du Moyen ge
agrémenté d'un voile, ou ce tricorne avec de véritables
plumes d'autruche de plus de un mètre de haut tout droit
venu de l'époque de la reine Marie-Antoinette.
«À la fin du 18è siècle, mais aussi
vers 1900, les chapeaux atteignaient des proportions assez caricaturales,
puisque leur largeur dépassait celle des épaules,
raconte Annie Breton. En plus, la décoration était
surchargée de plumes, de rubans, de fleurs. Imaginez l'effet
lorsque ces dames assistaient à une pièce de théâtre!»
L'exposition présente également des chapeaux de
fourrure revenus à la mode dans les années 70,
prêtés par des particuliers, ainsi que quelques
couvre-chefs des années 40 et 50 dénichés
dans des magasins de vêtements usagés.
L'exposition sur les chapeaux lancée, Catherine Ferland
et Annie Breton fourmillent de nouvelles idées pour faire
découvrir l'histoire sous un nouveau jour. Depuis plusieurs
mois, elles préparent le démarrage de leur entreprise
Clio dell'Arte. "Nous voulons proposer des événements
autour de thèmes historiques, qu'il s'agisse de bals,
de pièces de théâtre, de mariages, indique
la jeune directrice. Nous voulons aussi confectionner à
la demande des costumes historiques et, bien sûr, des chapeaux!."
PASCALE GUÉRICOLAS
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