Bach et le nombre d'or
Un des mystères de l'oeuvre monumentale de Jean-Sébastien
Bach est éclairci: le musicien allemand appliquait la
règle du nombre d'or à ses compositions. Guy Marchand,
l'homme par qui le secret a été découvert,
donnait une conférence à ce sujet sur le campus
le 27 novembre dernier. Il est l'auteur de l'essai intitulé
Bach ou la passion selon Jean-Sébastien, de Luther
au nombre d'or, qui vient de paraître aux éditions
de l'Harmattan à Paris. Première monographie consacrée
à «la divine proportion» au sein de l'architecture
musicale de Bach, son ouvrage de 400 pages est le résumé
de sa thèse de doctorat achevée en 1999 à
l'Université de Montréal.
Luthiste et musicologue, Guy Marchand a exploré quelque
200 cantates et des chants religieux de Bach pour débusquer
cette norme esthético-mystique qu'est le nombre d'or.
Par une analyse méticuleuse de la fugue de la Suite
en do mineur pour luth, il en a fait ressortir la construction
symétrique inusitée. «Cette fugue est exceptionnelle
par sa construction, car il y a tout un jeu de retours périodiques.
Les épisodes et les sujets sont traités de façon
récurrente», note-t-il. La petite fugue de la Suite
en do mineur de Jean-Sébastien Bach est construite
d'après les mesures du nombre d'or établies par
le mathématicien italien Fibonacci. En analysant tour
à tour la fugue et la monumentale Passion selon saint
Mathieu, Guy Marchand a confirmé l'utilisation du
nombre d'or par Bach au 17e siècle.
Le nombre d'or est également appelé la «divine
proportion». Comme Dieu, celle-ci est unique et incommensurable.
L'équation parfaite et récurrente des trois termes
a été considérée comme le symbole
mathématique de la Sainte Trinité. De l'Antiquité
au Moyen-ge, la valeur du nombre d'or représentait l'idéal
de beauté aux yeux des philosophes et des esthéticiens.
L'équation mathématique de ses trois termes aboutissait
à un résultat permettant la construction des formes
parfaites. Le plus célèbre exemple est le Parthénon,
le temple d'Athènes construit selon les proportions du
nombre d'or.
Fervent chrétien, Bach a appliqué les thèses
de Martin Luther à sa musique, faisant de son oeuvre un
hommage à la gloire de Dieu. Ainsi, la Suite en do
mineur dépeint la difficile expérience des
hommes et la pratique de leur foi chrétienne. La construction
harmonique en chutes correspond à l'égarement des
hommes sous l'emprise de Satan. Enfin, l'ascension finale représente
le salut des âmes par Dieu.
OLIVIA WU YAO KWANG
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