
Le courrier
Hommage à Réginald Dugré
(Extraits de l'éloge funèbre de Réginald
Dugré, professeur émérite de
la Faculté des sciences de l'administration, prononcé
par Bernard Garnier, doyen de la FSA, le 29 novembre)
Excellent pédagogue, rassembleur, bon vivant et profondément
humain, M. Dugré est l'un de ceux qui a largement contribué
au progrès de l'enseignement des sciences comptables et
au développement de la Faculté des sciences de
l'administration. Bon nombre de diplômés lui sont
redevables des succès qu'ils ont obtenus dans leur carrière.
Détenteur d'une maîtrise en sciences commerciales
(1958) et d'une maîtrise en sciences comptables de l'Université
Laval, M. Dugré a enseigné la comptabilité
de management à notre Faculté pendant 27 ans, soit
de 1958 jusqu'à sa retraite en 1985. Au cours de ses études,
il a côtoyé des confrères qui sont devenus
des chefs de file dans la société. Du groupe, mentionnons
Yves Landry, président et chef de la direction de Chrysler
Canada, Raymond Garneau, président du Conseil de L'Industrielle-Alliance
et Michel Bilodeau, de Bombardier.
Professeur émérite, il a été une
personne exemplaire, aimée et recherchée qui a
toujours su concilier la théorie et la pratique pour permettre
à ses étudiants d'avoir une vision éclairée
des questions comptables. Parallèlement à sa carrière
de professeur, M. Dugré a servi la Faculté en occupant
plusieurs fonctions importantes à titre d'administrateur.
Il a su gravir les échelons en occupant successivement
les postes de professeur responsable des étudiants de
première et de deuxième année, directeur
de l'Extension de l'enseignement universitaire à la Faculté
de commerce, directeur des études, directeur du Département
des sciences comptables et vice-doyen à l'administration
sous le décanat de Claude Lebon. Dans l'exercice de ses
fonctions, il gérait très habillement nos relations
avec l'Université.
Son passage à l'Extension de l'enseignement (formation
continue) de la Faculté fut, selon plusieurs de ses confrères
professeurs, un moment déterminant dans sa carrière.
Réginald avait ce don de rallier les entrepreneurs des
PME de la région et de susciter chez eux un intérêt
marqué pour le perfectionnement de leurs connaissances,
notamment au chapitre des aspects touchant la comptabilité.
Très estimé du monde des affaires, il savait répondre
à leurs besoins.
Fellow et ex-président national de CMA Canada, ce conseiller
recherché a su faire bénéficier autrui de
ses connaissances et partager son expérience avec de nombreux
membres de la profession. Homme discret, dévoué
et rigoureux, il a également laissé sa marque en
rédigeant un des rares volumes de référence
en français sur la comptabilité de management,
notamment avec son confrère Pierre Vézina et d'autres
collègues. Ce best-seller a été vendu à
plus de 75 000 exemplaires. En 1985, il prenait une retraite
bien méritée, laissant derrière lui des
collègues devenus, au fil des ans, des amis.
De ce parcours de plus de trois quarts de siècle, nous,
ses collègues et amis, retenons de Réginald le
souvenir d'un homme intègre, aimant et fidèle dans
sa façon d'être avec tous ceux qu'il a côtoyés,
comme il l'a été pour ses proches et les membres
des familles Dugré et Lépine.
Et maintenant Réginald, je voudrais te souhaiter de reposer
dans la paix du Seigneur et de veiller sur nous tous. Adieu.
BERNARD GARNIER
Doyen de la Faculté des sciences de l'administration
Salut, Lorne
(Extraits d'une allocution prononcée par Jean-Guy
Savard lors des funérailles de Lorne Laforge, le samedi
29 novembre, en l'église de Berthier-sur-Mer)
J'ai bien connu le professeur Lorne Laforge. Je le connais
depuis 40 ans. Bien que je sois d'un an son aîné,
j'ai suivi son cours de Didactique de la lecture. En effet, lors
de mon retour aux études en 1963, Lorne enseignait déjà
à la Faculté des lettres. Trois ans plus tard nous
étions collègues dans l'enseignement.
Lorne était un communicateur né: il avait le souci
du mot juste et de la phrase bien tournée. Il possédait
l'art de dire avec élégance les choses les plus
difficiles. Ce qui en faisait évidemment un excellent
professeur. Le ton calme, posé et réfléchi
qu'il savait toujours garder lui valut souvent d'être sollicité
comme conciliateur. À ces deux grandes qualités
s'ajoutait celle d'un sens inné de l'organisation.C'est
pourquoi, comme il arrive trop souvent à l'université,
ce professeur de carrière a été, très
jeune, happé par l'administration. On le retrouve successivement
comme directeur du Département de langues et de linguistique,
vice-doyen puis doyen de la Faculté des lettres, et un
peu plus tard comme directeur du Centre international de recherche
sur le bilinguisme.
Sa capacité hors du commun de persuader les gens, son
habileté à les faire cheminer vers les objectifs
fixés lui ont certainement été d'un grand
secours lors de la restructuration de la Faculté des lettres
et de l'intégration des Départements de langues
au Département de linguistique; ou encore, lors de la
création de l'École des langues vivantes.
Malgré la lourdeur des tâches administratives qu'il
assumait, Lorne a toujours voulu maintenir un contact étroit
avec les étudiants. Lorne et moi n'étions pas toujours
d'accord sur tout. Et il le savait. Pourtant, très souvent,
avant d'accepter la direction d'une thèse, il m'en offrait
la co-direction, sachant bien que nos discussions nous mèneraient
toujours à des orientations intéressantes pour
le jeune chercheur.
Comme spécialiste de la didactique des langues, Lorne
est rapidement devenu un conférencier et un conseiller
recherché. Il serait trop long d'énumérer
tous les comités et conseils dont il a fait partie. Qu'il
suffise de rappeler sa participation à la Commission d'étude
sur le multiculturalisme et à la Commission sur la situation
de la langue française et sur les droits linguistiques
au Québec. Je retiens en particulier son imposant rapport
sur L'enseignement du français, langue seconde, dans
le monde du travail et dans les écoles au Québec,
Ses talents de rassembleur et d'administrateur étaient
reconnus non seulement à l'intérieur de l'Université
Laval mais aussi à l'externe. Quand par exemple, l'Association
canadienne se voit confier le mandat d'organiser au Québec
le Congrès international de linguistique appliquée,
c'est au Doyen Laforge qu'on demande d'assumer la présidence
du Congrès, même si ce congrès doit se tenir
à Montréal. Nous n'avons eu qu'à nous en
féliciter. Lorsque L'Association internationale francophone
des aînés sollicite l'aide des retraités
de l'Université Laval pour organiser un Congrès
international sur la compréhension entre les générations,
c'est vers lui qu'on se tourne spontanément. Une fois
encore Lorne Laforge, avec l'appui d'Andrée, je le sais,
doit user de toute sa force de persuasion pour réussir
à concilier les intérêts les plus divergents
des jeunes et des aînés, des Québécois
et des autres, et pour faire de ce Congrès un événement
marquant dans l'histoire de l'AIFA.
Lorne, on le voit, n'hésitait pas à s'engager.
Même comme retraité, et malgré une santé
plutôt fragile, on le retrouve à la Société
de généalogie de Québec et à la Fondation
de l'Université Laval où il participe très
activement à la sollicitation des retraités.
Pour terminer sur une note un peu plus personnelle, je dirai
que Lorne était un homme fidèle : fidèle
à sa famille, fidèle à l'université,
fidèle à ses amis, fidèle à Dieu
aussi. Je sais pertinemment qu'il était croyant, mais
il était aussi un cuisinier habile et un fin gourmet.
Je n'hésite donc pas à conclure par cette prière
que j'aime bien:
Ajoute un couvert, Seigneur, à ta table
Tu as maintenant un convive de plus
Reçois-le bien chez toi : Il était notre ami.
Salut Lorne.
JEAN-GUY SAVARD
|