
Un appui aux chercheurs du tiers-monde
Le Réseau de recherche sur les politiques économiques
et la pauvreté n'a qu'un an d'existence mais il se développe
rapidement
Les structures agraires et la pauvreté rurale au Maroc,
l'accessibilité des ménages pauvres au microcrédit
au Bénin, l'impact des changements technologiques sur
le bien-être et la pauvreté au Cameroun, les dépenses
publiques et l'inégalité d'accès à
l'éducation au Burkina Faso sont quelques-uns des sujets
de recherche à avoir fait l'objet d'une présentation,
du 4 au 8 novembre à Hanoi, au Viêt Nam, dans le
cadre de la deuxième réunion générale
du Réseau de recherche sur les politiques économiques
et la pauvreté (PEP).
Lancé le 1er octobre 2002, le PEP est financé par
un organisme de coopération fédéral, le
Centre de recherche pour le développement international.
Il est codirigé de l'Université Laval par le professeur
John Cockburn du Centre interuniversitaire sur le risque, les
politiques économiques et l'emploi. L'autre codirectrice
est Célia Reyes, du Angelo King Institute for Economic
and Business Studies à l'Université De La Salle,
aux Philippines. Le PEP offre un appui financier et technique
aux chercheurs des pays en développement qui poursuivent
des recherches économiques sur la mesure et l'analyse
de la pauvreté. Le budget annuel du volet du PEP géré
à Laval s'élève à 1,3 million de
dollars.
Selon John Cockburn, la réunion, à laquelle assistaient
plus de 100 chercheurs et personnes-ressources, a obtenu un franc
succès. "Le niveau des présentations des 25
équipes de recherche existantes a été très
élevé, dit-il. Et 18 propositions de bonne qualité,
faites par de nouvelles équipes de recherche, devraient
être approuvées." Le progrès enregistré
par le PEP depuis un an en a également surpris plus d'un.
"Nous avons investi dans des structures aussi légères
et autosuffisantes que possible, explique-t-il. Notre objectif
consiste à créer un cadre de recherche semblable
à ce que nous avons ici et à le transférer
vers une institution de l'hémisphère Sud d'ici
cinq ans."
Micro et macro
Les chercheurs du PEP se subdivisent en deux grands groupes.
Les premiers travaillent sur l'aspect micro-économique
de la pauvreté, soit celle vécue au niveau des
ménages. "Ils vont plus loin que la pauvreté
monétaire, souligne John Cockburn. Ils s'intéressent
aux multiples dimensions de la pauvreté en termes d'accès
aux soins de santé, à l'éducation, etc."
Le second groupe, quant à lui, se penche davantage sur
l'analyse des grandes politiques macro-économiques nationales
afin de voir comment elles influencent les plus pauvres. Les
politiques relatives à l'agriculture sont particulièrement
étudiées puisque la pauvreté, dans les pays
en développement, est surtout un phénomène
rural. Ce groupe étudie aussi la croissance de la pauvreté.
"Il y a différents types de croissance de la pauvreté,
explique John Cockburn. Si on libéralise et que le secteur
du vêtement grandit beaucoup, cela peut être très
avantageux pour les pauvres qui y trouveront de l'emploi. Comme
dans le secteur agricole. Par contre, si on investit lourdement
dans les infrastructures ou si l'on favorise l'industrie pétrolière,
les impacts seront très différents sur eux."
Un réseau d'abord africain
Les membres du Réseau sont pour la plupart des professeurs
d'université. Les deux tiers des équipes de recherche
sont africaines, principalement de l'Afrique subsaharienne francophone
et anglophone. Les autres équipes sont asiatiques et latino-américaines.
"Les chercheurs apprécient notre appui technique,
indique John Cockburn. Nous répondons à leurs courriels,
nous regardons en détail leurs travaux et nous les commentons,
ce qui leur permet d'avancer. Ils n'ont pas ce type de soutien
dans leur pays parce qu'ils travaillent dans de petits départements
avec peu d'interactions et peu de ressources." La prochaine
réunion générale du PEP aura lieu à
Dakar, au Sénégal, en juin 2004.
YVON LAROSE
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