
Le courrier
Le mode de désignation du recteur: une commande
du Conseil d'administration
L'Université Laval prépare en ce moment une
consultation publique de plusieurs mois sur l'aménagement
de son campus, mais n'accorde que trois semaines à ceux
qui veulent s'exprimer sur la façon dont elle choisit
son recteur. Et encore, tous ne peuvent pas s'exprimer. En comparaison,
il aura fallu plus d'un an à l'Université de Sherbrooke
pour revoir la façon dont son recteur est élu.
Quelle urgence habite la direction universitaire ? Le mandat
du recteur ne se termine-t-il pas dans quatre longues années
?
À la lecture du rapport d'étape du groupe de travail
sur le mode de désignation du recteur, il est normal de
se demander si les dirigeants de l'Université n'ont pas
consciemment fait de cet important exercice de réflexion,
une banale légitimation d'une décision prise en
vase clos. En effet, selon la CADEUL, autant le processus de
révision que le contenu du rapport d'étape qui
en résulte montrent bien à quel point l'Université
est prête à limiter la participation des membres
de sa communauté dans le choix de ses dirigeants.
Tout d'abord, on peut se questionner sur le choix qu'a fait le
recteur d'avoir lui-même choisi la majorité des
membres du groupe de travail - seul le membre étudiant
ayant été désigné par les associations
étudiantes - plutôt que de désigner l'ensemble
des membres à partir des propositions émanant
des divers groupes représentatifs de la communauté.
Une fois de plus, on ne reconnaît pas que la consultation
est réellement essentielle à l'Université
et c'est malheureusement dans ce sens que les deux scénarios
du groupe de travail se dirigent.
La volonté de limiter à sa plus simple expression
la participation de la communauté universitaire semble
s'illustrer autant dans le mandat donné au groupe de travail
chargé de cette révision que dans la composition
de ce dernier. En effet, était-ce réaliste de
donner un délai de quatre mois à ce groupe? Faut-il
encore rappeler que l'élection du prochain recteur ne
se fait que dans quatre ans? Cette fausse urgence, tout comme
les deux scénarios proposés par le groupe de travail,
semble vouloir dire que ce ne sont pas tous les avis qui sont
les bienvenus.
Le fait que l'on ne veuille accorder une plus grande importance
au débat, qui devrait se faire sur la question de la désignation
du premier représentant de Laval, est inquiétant.
Est-ce que les universitaires se soucient réellement
plus de l'aménagement du campus que du mode de désignation
du recteur? La CADEUL juge qu'il aurait été plus
que pertinent que le Conseil d'administration laisse, à
tout le moins, autant de temps au groupe de travail afin qu'il
puisse lui aussi tenir des audiences publiques avant le début
de sa réflexion, et non après. Le groupe de travail
souffrant d'un manque de temps est amené à faire
" choisir " la communauté entre deux scénarios
prédéfinis, qui n'auraient peut-être pas
ressorti de la consultation.
Finalement, les deux scénarios proposés tendent
tous deux vers une moins grande participation des membres de
la communauté puisque l'un propose un nombre diminué
de votants et l'autre propose d'abolir le vote et de se diriger
vers un mode nominatif. En faisant fi de la culture institutionnelle
lavalloise qui a, depuis 1972, favorisé un mode électif,
ces deux propositions s'avèrent un retour en arrière.
Ce n'est pas parce que les deux dernières courses ont
soulevé les limites de notre système d'élection
qu'il faille pour autant le mettre à la poubelle.
ARIANE-SOPHIE BLAIS
Vice-présidente à l'enseignement et à la
recherche
CADEUL
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