
Continuer le combat
Le Groupe gai de l'Université Laval fête
ses 25 ans
En 1978, les personnes circulant sur le campus ont vu apparaître
de drôles de petits cartons jaunes sur les babillards.
Jacques Benoît, un étudiant en psychologie, invitait
les passants à lui téléphoner pour créer
un regroupement de personnes homosexuelles. Une initiative courageuse
car l'homosexualité à cette époque restait
encore confinée à l'univers des bars et des discothèques.
La sollicitation informelle a fonctionné puisque aujourd'hui
le Groupe gai de l'Université Laval (GGUL) souffle ses
25 bougies. Composée bon an mal an d'une centaine d'adhérents,
cette association offre un lieu de rencontre aux homosexuels
et bisexuels de la communauté universitaire et constitue
également un groupe de pression pour favoriser la diversité
sexuelle sur le campus.
Histoire de fêter dignement ce quart de siècle d'existence,
le GGUL propose de nombreuses activités s'étalant
jusqu'en avril prochain. Une série de conférences
aura lieu en collaboration avec différents départements.
La première, présentée le 13 novembre, à
9 h, au local 3F du Pavillon Charles-de Konninck, portera sur
le tourisme des gais et des lesbiennes. La deuxième se
tiendra le 26 novembre et traitera, en présence de la
députée Agnès Maltais, de l'orientation
sexuelle et de la vie professionnelle. Un débat aura lieu
par ailleurs le 1er décembre dans le cadre de la journée
de lutte contre le sida, sur le thème: "Homosexualité
et sida, la fin d'une guerre?"
Côté activité culturelles, le GGUL lance
un concours littéraire, en collaboration avec l'Association
étudiante de littérature et de linguistique de
l'Université Laval (AÉLLUL). Étudiants et
employés ont jusqu'au 16 janvier pour proposer au Groupe
gai un court texte, sous forme de lettre d'une ou deux pages,
lettre dans laquelle l'auteur annonce son homosexualité
à un parent. Bien évidemment, nul besoin d'être
gai ou lesbienne pour participer à ce concours qui permettra
aux personnes gagnantes de voir leur prose publiée dans
Le Lapsus, le journal de l'AÉLLUL, mais également
affichée dans la salle d'exposition du pavillon Alphonse-Desjardins
du 16 au 27 février 2004. Une exposition sur la diversité
sexuelle se tient en effet à cette date, regroupant les
oeuvres de peintres, de sculpteurs, de dessinateurs et de photographes
que ce sujet inspire. Artistes du campus et de l'extérieur
ont jusqu'au 1er décembre pour soumettre leur dossier
au local du GGUL (2223, pavillon Maurice-Pollack).
"Je suis conscient du chemin parcouru en 25 ans, reconnaît
le président actuel du Groupe gai, Olivier Poulin. Cependant,
je constate que l'homophobie prend parfois des allures plus raffinées.
Sur le campus, personne ne va ouvertement traiter quelqu'un de
"fif", mais je serais curieux de voir la réaction
des gens si j'allais au Pub un soir avec mon chum, en ayant le
même comportement qu'un gars avec sa blonde." Selon
lui, le GGUL, dont une bonne partie des activités consiste
à offrir des ressources et un espace de discussion à
ceux qui s'interrogent sur l'homosexualité, a toujours
sa raison d'être. Les gais et les lesbiennes ont aussi
la possibilité de mener ensemble diverses activités
sociales, qu'il s'agisse de soupers communautaires, des rencontres
sportives et de discussions. De plus, depuis sa formation, le
groupe se bat pour le droit des homosexuels, qu'il s'agisse de
dénoncer le harcèlement policier en 1980 ou de
militer en faveur des mariages gais. Bref, 25 ans plus tard,
le GGUL a toujours sa raison d'être.
PASCALE GUÉRICOLAS
|