
À dévorer des yeux
Des étudiants de l'École des arts visuels signent
l'exposition "Hors d'oeuvre" au pavillon Alphonse-Desjardins
Loin de la malbouffe ou du menu unique, l'exposition "Hors
d'oeuvre" des 28 étudiants de première et
de deuxième année de l'École des arts visuels
propose au public un buffet hautement diversifié. Leurs
travaux, présentés à la salle d'exposition
du pavillon Alphonse-Desjardins, donnent un bon avant-goût
des multiples courants de l'art contemporain en matière
de peinture, de sculpture et d'impression numérique. "C'est
très important de montrer notre travail et d'assumer ce
qu'on fait, explique Florence LeBlanc, une des organisatrices
de l'exposition. Nous avons privilégié les oeuvres
de ceux qui n'avaient pas encore eu l'occasion d'exposer."
Annie Lévesque, une étudiante en deuxième
année au baccalauréat en arts plastiques, revendique
ainsi le droit d'exposer sa sculpture de métal pour partager
avec les spectateurs sa vision de la vie. Son ensemble de carrés
de métal suspendu, baptisé "Véhicule
d'adaptation", répond à son désir de
produire une sculpture qui marque concrètement l'espace.
"Au départ, je ne savais pas trop comment l'objet
allait évoluer car on ne peut pas tordre les morceaux
de métal à volonté", explique-t-elle.
De son côté, Odette Pronovost a, elle aussi, laissé
ses mains et son inspiration la guider pour créer un drôle
de bonhomme, constitué en partie de plexiglas et de petites
pompes métalliques utilisées par les personnes
aux prises avec des problèmes de respiration. "En
travaillant à partir des matériaux qui aident mon
père à vivre, cela m'a permis de dédramatiser
la situation, indique l'étudiante au certificat en arts
plastiques. Cela montre aussi qu'on devient un peu la somme des
produits qu'on absorbe."
La passion comme moteur
À quelques pas de là, un tableau inondé
de rouge de Julie Théberge témoigne de l'émotion
qui la submergeait lorsqu'elle a jeté sa colère,
son amertume, sa passion sur la toile. "Au début,
je me sentais enfermée dans le carré au bas de
la toile, puis je me suis libérée en entrant en
relation avec les autres, symbolisés par les deux carrés
en haut", indique l'étudiante en deuxième
année. La passion constitue aussi une des sources de créativité
pour Judith Audet. Pour parvenir à produire sa toile mettant
en scène une guitariste traversée par les vibrations
de la musique, l'étudiante en deuxième année
a décidé - ni plus ni moins - d'apprendre à
jouer de cet instrument. "Je voulais me mettre dans la peau
des musiciens, comprendre leur passion", précise-t-elle
en montrant à quelques pas la guitare qu'elle a sculptée
afin de symboliser l'explosion musicale.
L'exposition permet aussi de découvrir comment les étudiants
s'approprient les nouvelles technologies. L'impression numérique
produite par Fred Taillefer illustre, par exemple, la coexistence
entre ce nouveau médium et la photographie traditionnelle.
L'étudiant en deuxième année a utilisé
un reste de négatif comme support à une prise de
vue traditionnelle de format rond. Puis il a scanné
le tout, en retravaillant le fond à l'ordinateur. "Je
voulais montrer le contraste entre les deux mondes de la photo
d'aujourd'hui, explique-t-il. On procède beaucoup par
exploration dans ce domaine." Un peu plus loin, Karine Bérubé
a elle aussi joué sur les contrastes avec sa série
de soutiens-gorge coulés dans le ciment. En combinant
la douceur du tissu, agrémenté de divers matériaux
comme la terre, les copeaux de bois, et la dureté du ciment,
l'étudiante a voulu mettre en lumière une contradiction
purement féminine. "Selon moi, l'histoire des femmes
et leur vie personnelle témoignent à la foi de
leur force de caractère et de leur fragilité",
dit-elle.
Vous avez jusqu'au 14 novembre pour prendre une bouchée
d'art contemporain et découvrir les artistes de demain.
PASCALE GUÉRICOLAS
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