À deux doigts de l'Histoire
Le "Dictionnaire biographique du Canada"
est maintenant accessible sur Internet
L'accès au Dictionnaire biographique du Canada (DBC)
et à ses quelque 7 700 notices de personnages canadiens
se démocratise un peu plus. Depuis quelques jours, les
internautes y ont accès sans frais sur un site lancé
le 24 octobre à Halifax à l'occasion du congrès
de l'Association d'études canadiennes. Hébergé
sur le site de Bibliothèque et Archives Canada, ce dictionnaire
virtuel bilingue a bénéficié d'une aide
de 1,6 million de dollars du Ministère du patrimoine canadien
pour sa mise en ligne. Ses deux parents, l'Université
Laval et l'Université de Toronto, demeurent cependant
propriétaires de leur rejeton en quatorze volumes et gardiens
de son intégrité. Autrement dit, le texte en ligne
correspond exactement à la version papier des biographies
déjà publiées sur des personnes décédées
avant 1920.
"C'est un ouvrage de référence reconnu mondialement
pour son excellence, souligne Réal Bélanger codirecteur
du DBC et professeur au Département d'histoire. Les universitaires,
les professeurs et les étudiants s'en servent déjà
abondamment, mais cette connaissance pourra maintenant s'étendre
au grand public et aux élèves du secondaire."
Cet effort d'accessibilité s'est amorcé il y a
deux ans, alors que des milliers de bibliothèques et d'écoles
publiques à travers le Canada recevaient une version cédérom
du DBC.
L'équipe du Dictionnaire veut maintenant profiter de la
mise en ligne des volumes pour perfectionner l'information disponible.
Ainsi dès février ou mars prochain, plus de 200
biographies faisant oartie du volume 15 à paraître
bientôt vont se retrouver sur le site Web, et les utilisateurs
pourront utiliser des hyperliens facilitant le croisement d'informations
entre les biographies. Dès l'automne 2004, par ailleurs,
les internautes auront accès à une douzaine de
biographies de premiers ministres canadiens et de quelques autres
personnages connus pour la période 1930 -1980. L'accès
à la galerie de portraits des Archives nationales du Canada
permettra également aux utilisateurs de mettre un visage
sur les personnages dont ils liront la biographie, en plus de
savoir si ces Canadiens immortalisés grâce au DBC
disposent d'un fonds d'archives, une information très
pertinente pour les chercheurs.
Se rapprocher de notre histoire
Ce projet de dictionnaire biographique canadien a démarré
en 1959 à l'Université de Toronto, puis en 1961
à l'Université Laval. À travers les milliers
d'existences couchées sur papier, il s'agit d'illustrer
tous les aspects de la vie au Canada en présentant des
personnages provenant de milieux sociaux et géographiques
très divers. Louis Riel, Jeanne Mance et Wilfrid Laurier
figurent bien sûr en bonne place dans le DBC, mais également
Annie Swan, une géante néo-écossaise, membre
du cirque P. T Barnum, Joe Beef, un tavernier montréalais
proche des pauvres, ou Isabel Gun, une travailleuse de la Compagnie
de la Baie d'Hudson qui se déguisait en homme. "Le
Dictionnaire a évolué avec les recherches historiques
qui depuis quelques années s'intéressent à
de nouveaux groupes sociaux, aux femmes notamment, explique Réal
Bélanger. Nous choisissons les personnages en tentant
d'établir leur importance dans la société
de l'époque."
L'équipe du DBC cherche sans relâche à débusquer
des personnages ayant laissé peu de traces. Les chercheurs
traquent les notices biographiques dans les vieux journaux, épluchent
les listes des membres du clergé et des hommes d'affaires,
se réfèrent à des livres spécialisés
portant, par exemple, sur l'histoire de l'agriculture. Une première
liste de noms possibles se constitue ainsi, qui s'affine lorsque
les différentes équipes confrontent leurs idées.
"À la différence de nombreux dictionnaires,
nous obligeons les auteurs à aller aux sources premières
lorsqu'elles sont disponibles, plutôt que de compiler les
informations déjà parues sur le personnage, précise
le codirecteur du DBC. Pour Wilfrid Laurier, par exemple, je
travaillais à partir de milliers de lettres, des retranscriptions
des débats en Chambre, des journaux de l'époque."
Chaque auteur signe son article, ce qui permet de refléter
les préoccupations scientifiques des historiens, et toutes
les informations font l'objet d'une rigoureuse vérification
par l'équipe d'édition. Ce mode de production presque
artisanal a apparemment réussi au Dictionnaire biographique
du Canada qui se situe parmi les meilleurs vendeurs de sa
catégorie avec 110 000 exemplaires déjà
écoulés en anglais et en français. L'adresse
du DBC est la suivante: www.biographi.ca.
PASCALE GUÉRICOLAS
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