LE COURRIER
Une chaire au service de la formation
Dans le quotidien Le Soleil et dans le journal Au
fil des événements, le professeur Gérard
Bélanger s'en prend à la Chaire en analyse de la
politique agricole et de la mise en marché, chaire qui
bénéficie d'un investissement de l'UPA. M. Bélanger,
dans sa critique, s'inquiète de ce qu'il appelle "l'usage
de la recherche à la promotion d'intérêts
privés".
Pourtant, il n'est pas moins légitime qu'une organisation
de producteurs agricoles finance une chaire à l'Université
Laval qu'une compagnie pharmaceutique ou une banque. Une organisation
comme l'autre le fait certes parce qu'elle y voit un intérêt,
mais de là à lui attribuer une volonté de
manipulation des chercheurs, il y a une marge. Il nous faut dire
et répéter que c'est d'abord et avant tout pour
faire face à la pénurie croissante de diplômés
de deuxième et troisième cycle en économie
et gestion agroalimentaires que l'UPA a accepté de poser
le premier jalon pour financer une chaire en politique agricole
et mise en marché collective. Plus de 80 % de la somme
servira en effet à donner des bourses de maîtrise
à Laval, et à des étudiants qui iront au
doctorat dans des universités étrangères.
Le reste soit environ 12 000 $ par année servira à
animer au sein de l'ensemble de l'agroalimentaire des réflexions
critiques sur le secteur et le système.
Ce n'est pas la première fois que le GREPA (Groupe de
recherche en économie et politique agricoles) ainsi que
plusieurs chercheurs de la Faculté des sciences de l'agriculture
et de l'alimentation (FSAA) de l'Université Laval qui
travaillent de longue date avec des organisations syndicales
agricoles, tout comme avec des organisations syndicales ouvrières,
reçoivent des commentaires sur ces liens. Il peut être
utile de rappeler que le monde agroalimentaire québécois
et canadien ne s'est jamais formalisé que des organisations
universitaires acceptent des projets de recherches ou des bourses
d'une organisation syndicale. Au contraire, un grand nombre de
ces mêmes institutions et entreprises ont, elles aussi,
appuyé le GREPA et la FSAA à hauteur de plusieurs
millions de dollars. Citons, au Québec et à titre
d'exemple, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de la l'Alimentation et le ministère de l'Environnement;
au fédéral, Agriculture et Agroalimentaire Canada,
la Commission canadienne du lait, les tables filières
porcine, de la volaille, des grains, des industriels qui transigent
avec les fédérations de l'UPA ou encore des vendeurs
d'intrants agricoles, sans compter tous les organismes de financement
publics de la recherche. Ce qui caractérise toutes ces
organisations qui se côtoient et transigent quotidiennement
ensemble, c'est leur connaissance intime de l'agroalimentaire
et de ses réseaux, de même que leur confiance maintes
fois renouvelée de l'impartialité et du professionnalisme
des chercheurs du GREPA et de la FSAA.
MICHEL MORISSET
Directeur du GREPA et titulaire de la Chaire en analyse
de la politique agricole et de la mise en marché
JEAN-PAUL LAFOREST
Doyen de la Faculté des sciences de
l'agriculture et de l'alimentation
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