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L'université au coeur du développement
mondial?
Dans les pays en développement, un défi parmi
les plus imposants demeure l'élaboration et le maintien
de systèmes d'éducation autonomes, qui puisent
au maximum dans les ressources locales. Non qu'il faille négliger
l'apport des intervenants étrangers et de la coopération
internationale, mais la nécessité s'impose de garder
chez soi les "cerveaux", au lieu de les voir fuir sous
des soleils plus stimulants.
Il s'agit là d'une interrogation de base du rapport de
la Banque mondiale venant d'être publié par les
PUL sous le titre Construire les sociétés du
savoir: nouveaux défis pour l'enseignement supérieur.
Par cette étude, l'organisme entendait d'abord résumer
et analyser ses propres expériences dans le champ de l'enseignement
supérieur, après avoir consulté un vaste
échantillon de spécialistes, d'administrateurs
et de praticiens. Il en ressort l'opinion selon laquelle l'enseignement
supérieur est un noyau du développement global
des nations, plutôt qu'un simple résultat de l'accroissement
de la richesse.
Selon le préfacier de l'édition française
Gilles Breton (professeur de science politique et directeur du
Bureau international de l'Université Laval), ce questionnement
refléterait un profond changement de stratégie
pour la Banque, dont les précédents rapports marginalisaient
carrément la question de l'enseignement supérieur.
"Nous autres universitaires, écrit Breton, nous réjouissons
de voir la Banque mondiale mettre son expérience et ses
moyens au service d'une stratégie promouvant une mise
à disposition équilibrée des connaissances
pertinentes pour tous les pays en développement prêts
à s'y consacrer."
Le rapport promeut donc le paradigme d'une économie du
savoir, idée selon laquelle le développement économique
ne peut contourner celui de l'éducation supérieure.
Tout en détaillant ce postulat, les auteurs de l'étude
tentent d'éclaircir les trajets qu'emprunteront divers
pays, ainsi que leurs interactions avec les organismes de développement.
On s'étonnera moins de voir ce livre publié aux
Presses de l'Université Laval en se souvenant que son
contenu avait fait l'objet, l'an dernier, d'une présentation
lors d'un colloque organisé chez nous par la Banque mondiale
elle-même: "Globalisation: quels enjeux pour les universités?"
C'est d'ailleurs Gilles Breton, accompagné de Michel Lambert,
qui a sélectionné et réuni certaines des
interventions effectuées lors de cette rencontre, ce dont
on retrouve aussi le résultat aux PUL avec Globalisation
et universités, Nouvel espace, nouveaux acteurs.
Dans la première de ses cinq sections, ce deuxième
ouvrage envisage lui aussi le point de vue des institutions internationales.
On positionne ensuite les universités dans le contexte
de la dite globalisation, avant de revoir leur lien avec la connaissance
grâce aux contributions de Bernard Pau et de Riccardo Petrella.
Alors que la quatrième partie reprend l'idée de
globalisation en lui adjoignant celle de développement,
la dernière aborde plus spécifiquement la question
des "acteurs". De "l'université entrepreneuriale"
à l'université pour adultes, on tente ici de voir
quelles mutations durables pourraient être à l'uvre.
THIERRY BISSONNETTE
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