De la Réunion à Madagascar
Deux étudiants de biologie ont poursuivi
leur formation dans l'océan Indien grâce au Profil
international
Mélanie Carrier et Olivier Higgins sont tous deux finissants
au baccalauréat en biologie. Il y a un an, soit en septembre
2002, ils entreprenaient, dans le cadre du Profil international,
la première de deux sessions d'études à
l'Université de la Réunion, une petite île
volcanique de 2 500 kilomètres carrés située
à 800 kilomètres de la côte est africaine,
dans l'océan Indien. "Nous nous étions dit
que la Réunion pouvait être intéressante
pour des biologistes, raconte Olivier Higgins. Il y a le contexte
insulaire, c'est-à-dire comment une petite île a
pu être colonisée sur le plan biologique par un
continent. Et aussi la présence d'espèces propres
à ce territoire, dont plusieurs centaines d'espèces
de plantes."
Les deux étudiants ont consacré une partie de leurs
travaux académiques aux récifs coralliens. Équipés
d'un masque de plongée et d'un tuba, ils ont entre autres
mesuré la densité et la répartition spatiale
de différentes espèces de coraux. Ils ont aussi
vérifié la présence de différentes
espèces de poissons dans certains milieux. Ils ont même
vu de près un volcan qui venait d'entrer en éruption.
Les deux étudiants ont accompagné un spécialiste
sur le site du Piton de la Fournaise, à plus de 2 600
mètres d'altitude, pour y recueillir des échantillons
de lave. Avec le même spécialiste, ils ont participé
à une expédition au cirque de Mafate, une dépression
de forme circulaire aux bords très élevés
où l'on ne pouvait se déplacer qu'à pied.
Le but de l'expédition consistait à prendre des
mesures de gravimétrie et de points GPS en vue de trouver
des sources thermales.
Baobabs et lémuriens
Mélanie et Olivier ont terminé leur séjour
à la Réunion au mois de mai. Ils se sont ensuite
retrouvés sur l'île de Madagascar, un vaste territoire
d'environ 590 000 kilomètres carrés situé
à 400 kilomètres du continent africain. Ils y ont
passé trois mois dans le cadre d'un stage du Réseau
contact international, une formule conjointe du Service de placement
de l'Université Laval, d'Action emploi inc. et du Bureau
international. Le projet des deux étudiants s'est fait
en collaboration avec le parc national de la Jacques-Cartier,
près de Québec. Il consistait à comparer
les parcs nationaux de Madagascar à ceux du Québec
pour échanger les savoir-faire. En deuxième lieu,
ils devaient visiter des écoles pour sensibiliser les
jeunes Malgaches à la protection de l'environnement.
"Nous avons visité des parcs, indique Olivier Higgins.
Mais la comparaison avec le Québec était difficile
parce que la biodiversité n'est pas la même et parce
que l'achalandage était faible." Mélanie Carrier
précise que les responsables des parcs tentent par tous
les moyens d'attirer les touristes qui, eux, semblent tous vouloir
voir la même chose: des arbres au tronc large appelés
baobabs, et des mammifères primates appelés lémuriens
dont la plupart des espèces sont propres à Madagascar.
"Les guides vont même à l'encontre de l'intégrité
écologique, soutient-elle. Par exemple, ils vous laissent
approcher les lémuriens de très près. Les
responsables, eux, parlaient de développer l'éco-tourisme
mais sans considérer les répercussions sur l'environnement.
Par exemple, construire un pont à tel endroit sans penser
à protéger le milieu alors qu'il s'agit peut-être
d'un habitat spécifique à tel animal."
Déforestation
Mélanie et Olivier ont rencontré les élèves
de plusieurs classes de niveau primaire réparties dans
deux écoles. À leur grande surprise, leurs jeunes
interlocuteurs ont démontré beaucoup d'intérêt
et de sensibilisation aux questions environnementales. En particulier
au dossier de la déforestation puisque 80 % de la forêt
malgache a disparu et ce, en bonne partie à cause d'une
très ancienne pratique, la culture sur brûlis. Cette
pratique consiste à incendier une partie de forêt
puis à cultiver, pour un certain temps, le sol recouvert
d'un engrais laissé par le passage de l'incendie.
Les deux étudiants ont rapporté de Madagascar des
images vidéo de leurs interventions en classe et des parcs
visités. Ils en présenteront un montage à
des élèves d'une école primaire de la région
de Québec afin de les sensibiliser, eux aussi, aux problématiques
environnementales.
Créé en l'an 2000 pour les programmes de baccalauréat,
le Profil international est bien implanté et il continue
de se développer de façon remarquable. Plus de
66 programmes se sont déjà prévalu de cette
organisation particulière de formation. Plus de 536 étudiants
ont effectué des séjours d'études à
l'étranger dans 44 pays et cela continue à un bon
rythme de croisière. La politique d'internationalisation
de l'Université a établi, sur un horizon de cinq
ans, qu'au moins 10 % des étudiants de chaque nouvelle
cohorte devraient participer à une démarche menant
à la reconnaissance du Profil international.
YVON LAROSE
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