Première mondiale en chirurgie vasculaire
Des cardiologues du Centre de recherche Hôpital Laval
innovent dans la procédure d'intervention coronarienne
La nécessité est mère de l'invention
et trois membres du Centre de recherche Hôpital Laval viennent
d'en faire une nouvelle démonstration. Bernard Noël,
Onil Gleeton et Gérald Barbeau rapportent avoir réalisé
une première mondiale en chirurgie vasculaire, dans le
numéro de septembre de la revue scientifique Catheterization
and Cardiovascular Interventions. Les trois cardiologues
ont innové en effectuant une variante de la procédure
qui consiste à introduire un ballon gonflable dans l'aorte
d'un patient pour faciliter les interventions coronariennes.
Le commentaire éditorial qui accompagne l'article salue
"la solution créative" qu'ils ont mise de l'avant,
tout en ajoutant que cette innovation pourra s'appliquer chez
un nombre grandissant de patients à mesure que la taille
des instruments utilisés dans ce type de chirurgie diminuera.
De la jambe au bras
Dans la procédure standard, les chirurgiens insèrent
le ballon intra-aortique par une grosse artère de la cuisse
- l'artère fémorale - et de là, ils remontent
jusqu'à l'aorte. Une fois en place, le ballon est gonflé
et dégonflé de façon rythmique, sous contrôle
d'un ordinateur. "Le ballon intra-aortique sert à
soulager le coeur d'une partie du travail qu'il accomplit en
temps normal", explique Gérald Barbeau. Il vient
donc en appui au coeur pendant que les chirurgiens s'affairent
à réparer les artères coronariennes bloquées.
Cette intervention est courante dans les hôpitaux qui offrent
des services de cardiologie. Mais, le cas qui s'est présenté
à l'équipe Noël-Gleeton-Barbeau a forcé
les cardiologues à sortir des sentiers battus. La patiente,
une dame de 56 ans, diabétique et traitée pour
un cancer du poumon, souffrait de problèmes d'angine.
Ses examens préliminaires ont révélé
que non seulement plusieurs vaisseaux du coeur étaient
gravement endommagés, mais qu'une partie de l'aorte était
bloquée, ce qui rendait impossible l'insertion du ballon
par la cuisse. Vu son état de santé, l'opération
à coeur ouvert était hors de question.
La solution? Les cardiologues ont inséré le ballon
par une artère du bras. "À notre connaissance,
ça ne s'était jamais fait, affirme Gérald
Barbeau. Cette artère est plus petite et plus fragile
que l'artère fémorale et les instruments chirurgicaux
standards n'ont pas été conçus pour cette
voie." Les médecins ont donc eu recours à
des instruments habituellement utilisés en chirurgie cardiaque
pédiatrique pour réaliser cette première.
L'expérience des chirurgiens de l'Hôpital Laval
dans d'autres types d'interventions cardiaques, effectuées
en insérant les instruments par des artères du
bras, a pavé la voie à cette première. "Nous
avons effectué plus de 25 000 cas de réparation
d'artères coronariennes en passant pas le poignet, signale
avec fierté Gérald Barbeau. C'est typique à
l'Hôpital Laval, mais de plus en plus d'hôpitaux
adoptent notre approche."
JEAN HAMANN
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