LE COURRIER
Chaires de recherche à vendre
Le 25 septembre dernier, un communiqué de l'Université
Laval annonçait l'inauguration officielle de la Chaire
en analyse de la politique agricole et de la mise en marché
collective. Cette chaire "bénéficie d'un investissement
de 1,5 million de dollars de l'UPA et de ses fédérations
spécialisées sur une période de huit ans".
Pour le recteur, cette chaire sera "source de rayonnementsurtout
pour le savoir-faire québécois en matière
d'organisation de la mise en marché des produits agricoles".
Selon le même communiqué, "La Chaire de l'Université
Laval aura d'ailleurs le mandat de faire progresser la mise en
marché collective, fer de lance des agriculteurs québécois,
qui leur permet d'établir eux-mêmes les conditions
de production et de mise en marché d'un produit donné
et d'en assumer la gestion ainsi que le financement."
Il y a lieu de s'inquiéter de l'usage de la recherche
universitaire à la promotion d'intérêts privés.
Pour le lait, le pouvoir monopolistique des agriculteurs sur
les consommateurs s'exprime dans une valeur élevée
pour la simple feuille de papier qu'est le droit de produire.
En 1998, le bilan à la valeur marchande de la ferme laitière
du Québec montrait une estimation pour les quotas ou les
droits de produire de 545 655 $ par ferme (Source : E. Martin
et D. Gilbert, Annuaire statistique laitier du Québec
1999, Université Laval: Groupe de recherche en économie
et politique agricoles, vol. 1, 1999, p. 77).
Dans cette veine, puis-je suggérer aux groupes des motards
de financer une chaire sur le cannabis et le développement
régional au Québec? Ce serait aussi "une source
de rayonnement pour le savoir-faire québécois en
matière d'organisation de la mise en marché des
produits agricoles".
GÉRARD BÉLANGER
Professeur
Département d'économique
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