Les Treize font leur cinéma
Une saison théâtrale du tonnerre sur le campus
Deux des pièces présentées cet automne par
la troupe de théâtre Les Treize, Clue et
Un air de famille, viennent tout droit du grand écran.
Ces productions, ainsi que celles de La cantatrice chauve,
de La leçon et de La maison de Bernarda Alba
démêlent chacune à leur tour l'écheveau
des relations humaines sur le mode comique, sarcastique, absurde
ou même dramatique, durant une saison placée à
nouveau sous la présidence d'honneur du comédien
de théâtre Christian Michaud, qui a fait partie
de la troupe Les Treize pendant trois ans.
La première des pièces présentées,
La maison de Bernarda Alba, de Federico Garcia Lorca,
dans une mise en scène d'Érika Gagnon, transporte
les spectateurs en Espagne au sein de la demeure d'une mère
en deuil étouffant ses filles sous le poids des conventions.
Dans ce drame très intense, où règnent l'hostilité
et l'hypocrisie, chacun des personnages se débat pour
conquérir une liberté chimérique. "Avec
des mots très poétiques, et quelques images lyriques,
l'auteur parvient très bien à décrire la
violence des conflits familiaux", indique Rouslan Kats,
directeur de production de cette pièce. Les représentations
ont lieu les 16, 17, 18 et 19 octobre, à 20 h, à
l'amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins.
Des cadavres plein les placards
Changement de propos pour Clue, adaptation du film
réalisé par Jonathan Lynn, dans une mise en scène
de Nadine Méloche. Les célèbres personnages
du jeu, comme mademoiselle Rose, le colonel Moutarde, monsieur
Mort, sortent de leur boîte pour un chassé-croisé
enlevé. Les spectateurs doivent d'ailleurs se tenir prêts
à tout car l'action se déroule dans une salle de
spectacle transformée pour l'occasion en un immense panneau
de jeu, passages secrets compris, et sur écran pour certaines
séquences filmées. "C'est une pièce
très amusante, fantaisiste, et mon film fétiche
depuis que j'ai six ans, indique Annie Gignac qui joue mademoiselle
Rose. On mise beaucoup sur l'interaction avec une scénographie
très inventive." La pièce est présentée
à l'amphithéâtre Hydro-Québec les
6, 7, 8 et 9 novembre à 20 h.
Avec La cantatrice chauve et La leçon d'Eugène
Ionesco, mises en scène par Michel-Marc Nadeau, l'équipe
qui l'an dernier avait monté Rhinocéros du
même auteur poursuit sa quête de l'absurde. Pour
aller au-delà des dialogues vides du très classique
couple de La cantatrice discutant de leur souper très
anglais, les acteurs travaillent chacun des personnages afin
de les doter d'une véritable personnalité. Dans
La leçon, les comédiens se concentrent sur
les regards, les non-dits qui déjà laissent deviner
le meurtrier dissimulé sous les traits du gentil professeur
de mathématiques soucieux d'aider son élève.
"La pièce nous montre qu'un monstre repose en chacun
d'entre nous, n'attendant qu'une étincelle pour surgir,
précise Rouslan Kats, qui incarne l'enseignant. Rapidement,
l'élève devient une chose entre les mains du professeur."
La cantatrice chauve et La leçon seront
à l'affiche de l'amphithéâtre Hydro-Québec
les 20, 21, 22 et 23 novembre, à 20 h.
Un air de famille, la pièce d'Agnès Jaoui
et Jean-Pierre Bacri, mise en scène par l'équipe
de comédiens, montre bien que les familles ressemblent
parfois à de véritables laboratoires de création
de conflits. "J'ai voulu présenter cette pièce
pour que les Québécois oublient un peu leurs préjugés
positifs sur la France", précise Vincent Agrapart.
Le jeune Français incarne Riri, le propriétaire
d'un bar miteux qui reçoit chaque vendredi sa famille.
Le départ de la femme du cafetier met brusquement au jour
les conflits larvés entre les membres de la famille sur
un mode comique plutôt grinçant. La pièce
est présentée deux semaines consécutives
au Théâtre de poche, du 26 au 30 novembre et du
3 au 7 décembre, à 20 h.
Le coût des billets est de 10 $ en prévente et de
12 $ à la porte. Les billets sont en prévente au
Bureau des activités sociculturelles, local 2344, pavillon
Alphonse-Desjardins et sur le réseau Billetech (taxes
et frais en sus).
PASCALE GUÉRICOLAS
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