Un autre oeil sur le cosmos
Laval collabore à la mise au point d'une
caméra astronomique révolutionnaire
Le Centre de recherche Observatoire du mont Mégantic
apporte son savoir-faire à la mise au point d'une caméra
astronomique révolutionnaire. "Cette nouvelle génération
de caméra astronomique est 1000 fois plus sensible que
la précédente et elle nous permettra de faire en
une seule nuit ce qui exige présentement trois années
de travail. C'est un pas gigantesque pour la recherche dans notre
domaine", déclare sans ambages l'astrophysicien Gilles
Joncas, directeur du Centre de recherche Observatoire du mont
Mégantic.
L'enthousiasme de ce professeur du Département de physique,
de génie physique et d'optique pour la caméra SCUBA-2
est partagé par la communauté internationale d'astrophysiciens
qui utilisent la lumière submillimétrique - dont
la longueur d'ondes couvre une partie des radiofréquences
et de l'infrarouge - pour étudier les phénomènes
"froids" de l'univers. "Cette lumière est
émise à très basse température, par
des galaxies distantes ou encore par des nuages de gaz ou de
poussières interstellaires qui sont ou qui peuvent devenir
des pouponnières d'étoiles", signale le professeur
Joncas.
La première génération de la caméra
SCUBA a fait ses preuves, mais elle a également fait la
preuve de ses limites. "SCUBA-2 sera plus sensible et elle
nécessitera moins d'étalonnage, fait valoir le
chercheur. Le saut entre les deux générations de
caméras est aussi important pour nous que le passage des
plaques sensibles à la caméra CCD (caméra
numérique) l'a été pour les astrophysiciens
qui travaillent avec la lumière visible."
SCUBA-2 n'existe pas encore, mais les chercheurs ont démontré
la faisabilité du concept sur lequel elle repose en début
d'année. Il s'agissait d'une étape cruciale pour
obtenir l'important financement de 100 M$ requis pour la construction
de l'instrument définitif. Le 26 septembre, le Canada,
par l'intermédiaire de la Fondation canadienne pour l'innovation,
annonçait un appui de 12,3 M$ au consortium de huit universités
canadiennes, dont Laval, qui collabore à la mise au point
de cette caméra. Le Royaume-Uni acquittera le reste de
la facture de ce projet international.
Objectif 2006
Gilles Joncas et son collègue Pierre Bastien, de l'Université
de Montréal, ont la responsabilité de concevoir
et de fabriquer un module de polarimétrie qui ajoutera
à la versatilité de la caméra SCUBA-2. "Les
champs magnétiques des nuages interstellaires jouent un
rôle clé dans la formation des étoiles et
notre appareil permettra d'en mesurer l'intensité",
explique Gilles Joncas.
Une fois terminée, en 2006, la caméra sera installée
sur le télescope James Clerk Maxwell, le plus grand radiotélescope
submillimétrique au monde. Cet observatoire, opéré
conjointement par le Royaume-Uni, le Canada et les Pays-Bas,
est situé à 4092 mètres d'altitude, au sommet
du Mauna Kea à Hawaii.
D'ici là, Gilles Joncas coordonnera les discussions des
astrophysiciens canadiens qui souhaitent utiliser ce nouvel instrument
d'observation. "Nous voulons avoir de bons projets, prêts
à être réalisés, dès que la
caméra sera fonctionnelle. Nous travaillons sur une idée
qui consiste à cartographier des pouponnières d'étoiles
afin d'identifier les conditions qui favorisent la production
de certains types d'étoiles plutôt que d'autres."
JEAN HAMANN
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