
LE COURRIER
Précisions sur le "mariage gai"
Réaction à un texte publié en page 4
dans le numéro du Fil du 18 septembre
Monsieur Claude Lagacé
Professeur à la retraite
Rassurez-vous, je ne suis emporté par aucun ouragan
et je ne demande pas à hauts cris le "mariage gai",
comme vous l'appelez. J'ai uniquement rappelé dans ma
conférence publique que l'ouverture du mariage civil aux
personnes de même sexe, adultes et consentantes, était
une question d'égalité et que beaucoup de ses détracteurs
- pas forcément tous - étaient des intégristes,
les mêmes qui se sont toujours opposés aux droits
des femmes en invoquant une tradition sexiste et une "nature
humaine" inégalitaire. Il ne saurait y avoir deux
types d'institutions pour une même réalité:
des couples qui se jurent assistance et fidélité
et qui peuvent aussi avoir une famille (un grand nombre de couples
de même sexe élèvent déjà des
enfants, issus généralement de relations hétérosexuelles
antérieures). Que Monseigneur Turcotte associe homosexualité
et inceste, c'est son affaire, mais je vous rappelle que ce projet
de loi ne vise pas à changer le code criminel, qui défend
l'inceste; notons par ailleurs que la définition actuelle
du mariage comme l'union d'un homme et d'une femme n'a incité
aucun père à demander sa fille en mariage... Vous
affirmez que le mariage civil a toujours été une
célébration entre un homme et une femme; cela est
erroné, puisqu'il y a des mariages entre personnes de
même sexe attestés dans l'Antiquité et depuis,
notamment dans l'Empire romain auquel vous faites vous-même
allusion.
MICHEL DORAIS
Professeur agrégé
École de service social
La beauté d'une ville
À l'approche du quatre centième anniversaire
de Québec, les projets d'embellissement commencent à
poindre. Que le maire profite de cette occasion pour corriger
les erreurs grossières du passé qui défigurent
notre patrimoine architectural n'est certes pas une mauvaise
idée. L'occasion est bonne, il faut la saisir! La plupart
des Québécois sont fiers de leur ville et les richesses
architecturales du Vieux-Québec contribuent certainement
à cette fierté. Toutefois, la ville de Québec
ne se limite pas qu'au Vieux-Québec et encore moins depuis
la grande fusion. Que dire du développement anarchique
auquel sont en proie nos derniers espaces naturels, des "grandes
surfaces" qui s'installent le long de nos boulevards et
autoroutes et dont les promoteurs n'hésitent pas à
raser les derniers arbres indigènes qui subsistent?
Nous luttons d'arrache-pied pour soustraire la forêt de
l'Escarpement à un tel sort. Déjà compromise
par l'installation de Wall Mart à ses cotés, le
prolongement de l'autoroute du Vallon signerait son arrêt
de mort. Qui dit route, dit habitations, commerces et pollutions
de toutes sortes. Nous ne voulons pas d'un boulevard urbain qui
vienne fractionner cette forêt dont la superficie est déjà
à la limite de ce qu'exige la biodiversité en place
pour s'y maintenir. Nous ne voulons pas d'un parc urbain, large
de quelques mètres le long de la rivière du Berger,
mais bien d'une forêt, de cette forêt qui existe
encore et qui pourrait reprendre une partie du terrain perdu
en jachère si on le lui permet. Nous ne voulons pas d'allées
asphaltées, de lampadaires à tous les dix mètres
et de plates-bandes désherbées. Nous voulons marcher
sur l'humus et enjamber les troncs d'arbres qui jonchent le sol
et se décomposent naturellement en hébergeant champignons
et bactéries qui participent à l'équilibre
de cet écosystème appelé "forêt".
Nous voulons conserver ce petit coin de nature en ville parce
que le citadin a besoin de temps en temps de se rapprocher des
autres habitants de cette planète - plantes et animaux
-, de sentir qu'il fait partie d'un univers plus grand que lui
et d'en apprécier toute la beauté. Toute grande
ville qui se respecte doit offrir ces oasis de nature à
ses citadins.
C'est pourquoi, dans une lettre datée du 18 juillet 2002,
nous faisions la demande formelle auprès de M. Roland
Arpin, commissaire aux événements du 400ième
anniversaire, de désigner la forêt de l'Escarpement
comme forêt urbaine marquant cet anniversaire. La réponse
a été laconique et confuse. Nous désirons
rappeler à M. L'Allier qu'il a oublié de mettre
la forêt de l'Escarpement au sein de ses priorités
dans l'aménagement de la nouvelle ville de Québec.
Nous demandons à M. L'Allier et à toute l'équipe
municipale de coopérer pour qu'à l'occasion du
400ième anniversaire de la ville de Québec, le
nom de forêt de l'UNESCO soit accolé à celui
de forêt de l'Escarpement et de demander à ce que
cette forêt urbaine soit inscrite au patrimoine mondial
de l'UNESCO.
LISE BOUDREAU
Pour le Comité de protection de l'environnement de Québec
(COPREQ)
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