
Québec 101
Paul Dobrowolski s'est mis en tête d'expliquer la politique
québécoise à ses concitoyens d'Hamilton,
Ontario
Généralement, la plupart des Canadiens, fédéralistes
ou souverainistes, s'identifient à leur communauté
selon la langue qu'ils parlent, et cette appartenance colore
leur vision du pays. Paul Dobrowolski, étudiant à
la maîtrise en science politique, échappe à
ce phénomène. Fils d'immigrants polonais, cet Ontarien
natif d'Hamilton vit au Québec depuis plusieurs années
et se définit comme souverainiste. Mieux encore - ou pire
selon les convictions politiques de chacun - il a entrepris d'expliquer
la politique québécoise à ses concitoyens
anglophones en rédigeant des articles dans le quotidien
Hamilton Spectator.
Récemment, il y a ainsi publié un bilan très
positif de la Loi 101, égratignant au passage quelques
mythes complaisamment colportés par la presse anglophone.
Il écrit notamment que la législation québécoise
n'a pas réduit les services fournis aux Anglo-Québécois
qui demeurent selon lui la minorité linguistique la mieux
traitée au pays. Statistiques à l'appui, il soutient
également que la Loi 101 a permis une valorisation du
français au Québec sans nuire au bilinguisme puisque
le nombre de Québécois s'exprimant dans les deux
langues augmente. D'autres articles plus anciens parlent du respect
que le Canada doit à René Lévesque, ou expliquent
les subtilités du "modèle québécois".
Une année à Chicoutimi
Indépendant de tout parti politique, Paul Dobrowolski
veut profiter de sa connaissance de la société
québécoise pour éclairer la lanterne de
ses concitoyens unilingues qui ont tendance à rejeter
en bloc "les maudits séparatistes". Pour lui,
tout a commencé par des séjours d'immersion en
français au Québec, et une année passé
à Chicoutimi. "Au début, je voulais prouver
aux francophones qu'un anglophone pouvait faire l'effort d'apprendre
leur langue et que nous vivions vraiment dans le meilleur pays
au monde, témoigne l'étudiant. En apprenant l'histoire
et la culture québécoises, j'ai pris conscience
la réalité du Québec n'avait rien à
voir avec le reste du Canada, que j'ai pourtant parcouru de Vancouver
à Terre-Neuve."
En poussant encore plus loin sa réflexion, Paul Dobrowolski
a d'ailleurs constaté que même une région
très francophone comme celle du Lac Saint-Jean et du Saguenay
subissait les assauts de la culture anglophone, et que la structure
fédérale ne protégeait pas suffisamment
le patrimoine et la culture d'ici. Pour prouver ses dires, il
a déposé un mémoire à la Commission
des États généraux au printemps 2001 qui
illustrait, enquête pratique en mains, l'échec du
rêve de Pierre Elliot Trudeau de transformer le Canada
en pays bilingue. Étudiant à Laval depuis janvier
2002, Paul Dobrowolski s'intéresse désormais à
l'enseignement du français dans des pays fédérés
comme le Canada, la Suisse et la Belgique. Il se voit un peu
comme un passeur entre les deux cultures afin de préparer
le reste du Canada à un éventuel départ
du Québec du reste du Canada. En attendant le prochain
referendum, il réfléchit à un livre qui
expliquerait aux anglophones les subtilités de la politique
québécoise. Le message passera peut-être
mieux s'il provient de l'un des leurs.
PASCALE GUÉRICOLAS
|