Au fil d'une parole commune
Les jeunes artisans de la presse étudiante
universitaire de la francophonie se regroupent
Réunis sur le campus la semaine dernière dans
le cadre du colloque "Quatre siècles de francophonie
et d'échanges Europe-Afrique-Amérique", une
cinquantaine de représentants de journaux étudiants,
venus du Tchad, du Sénégal, mais aussi d'Europe
et d'autres provinces canadiennes, ont réfléchi
aux moyens qu'ils pourraient prendre pour partager leur savoir-faire
et mieux diffuser leurs articles. Ils ont convenu de mettre en
place prochainement un fil de presse international permettant
aux journaux adhérents de publier des reportages venus
d'ailleurs et d'organiser des stages pour améliorer la
formation des uns et des autres.
Il aura seulement fallu quelques mois au Carrefour international
de la presse universitaire francophone (CIPUF) pour naître
et organiser le rendez-vous de Québec qui vient de se
terminer. Lancé à l'initiative de Luc Tittley,
journaliste à Impact Campus, puis de Yan Turgeon
et de Marianne Laroche, ce réseau regroupe des journaux
aussi divers que Quartier Libre, conçu par les
étudiants de l'Université de Montréal, Le
réveil, à Winnipeg, ou Jeunesse en action,
réalisé par des étudiants de la République
démocratique du Congo. "Curieusement, les journaux
québécois ressemblent beaucoup plus aux journaux
africains qu'à ceux venant d'Europe, constate Yan Turgeon.
Comme eux, nous pratiquons une presse qui sort du cadre scolaire."
Dialogue Nord-Sud
Au-delà des particularités locales, le réseau
veut favoriser l'émergence d'un lieu de parole commun
aux jeunes francophones de la planète, des jeunes vivant
souvent une réalité urbaine qui se ressemble. La
mise sur pied d'un fil de presse international, qui sera basé
probablement à l'Université Laval, pourrait ainsi
favoriser le dialogue entre le Nord et le Sud, chaque journal
étudiant publiant par exemple, chaque semaine, deux articles
internationaux puisés dans une banque commune continuellement
alimentée. "Nous sommes bombardés d'informations,
mais bien peu nous touchent comme jeunes, indique Marianne Laroche
qui termine une maîtrise en relations internationales.
Pour l'instant, il n'existe pas d'agence de presse spécialisée
dans la jeunesse. Nous, nous voulons établir un dialogue
avec des étudiants qui partagent nos centres d'intérêt
et notre vision du monde."
Les responsables du CIPUF imaginent également que cette
nouvelle solidarité de la presse estudiantine internationale
va peut-être favoriser l'essor de journaux qui éprouvent
de grandes difficultés logistiques, particulièrement
en Afrique. Certains journalistes doivent ainsi utiliser des
ordinateurs prêtés par des collègues, ou
n'ont pas accès à une imprimerie, ni à des
photocopieuses. "On pourrait imaginer qu'une agence de publicité
internationale permette à ces journaux-là d'aller
chercher de nouveaux revenus, explique Yan Turgeon. Certains
organismes, comme l'Agence universitaire francophone ou des universités
en quête d'étudiants, ont tout intérêt
à acheter de l'espace publicitaire dans des journaux à
l'étranger pour améliorer leur visibilité."
Très satisfaits de la rencontre tenue à Québec,
Yan Turgeon et Marianne Laroche rêvent déjà
du prochain sommet, qui pourrait se dérouler à
Yaoundé ou à Dakar en janvier 2004. "Nous
tenons à ce qu'il ait lieu en Afrique, afin que les Africains
participent activement au réseau, explique Marianne Laroche.
En effet, il est très difficile pour eux d'obtenir des
visas pour se rendre dans le Nord." D'ici janvier prochain,
des étudiants canadiens pourraient également visiter
leurs homologues du Sud afin d'échanger de l'expertise.
PASCALE GUÉRICOLAS
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