LE COURRIER
La pointe de l'iceberg
Dernièrement, la menace de congédiement de
M. André C. Drainville, professeur au Département
de science politique à l'Université Laval, a suscité
de vives réactions au coeur du milieu étudiant.
Nous croyons que cette probabilité de congédiement
est une autre conséquence de la tendance conflictuelle
au sein du personnel du Département. Cette affaire n'est
que la pointe de l'iceberg et, sous l'eau, se cachent de réels
problèmes structurels.
L'évaluation du programme de science politique, réalisé
récemment au sein du Département, a soulevé
quelques problèmes au niveau des possibilités de
plus en plus restreintes de services et de choix de cours offerts
aux étudiants. Cela peut s'expliquer selon quelques critères
bien précis comme la diminution des ressources financières
allouées mais aussi par des problèmes de tension
au Département. Le dialogue de sourd entre chacun des
acteurs au sein du Département reflète ce climat
qui laisse souvent le compromis de côté au profit
d'intérêts personnels et de conflits de personnalités.
Une telle atmosphère ne peut être que néfaste
pour les étudiantes et étudiants qui ne sont que
de passage (la durée du Bac étant de 3 ans). Ceux-ci
se retrouvent donc impliqués au coeur d'un conflit duquel
les seules issues représentent des pertes en terme de
qualité d'enseignement.
Les conflits passés, tout comme le cas de M. Drainville,
démontrent d'autant plus que la direction du Département
n'échappe pas à cette logique conflictuelle. Afin
de bien comprendre les répercussions qu'aurait le renvoi
de M. Drainville, il est essentiel de prendre en considération
que ce dernier est l'un des rares professeurs ayant une approche
socio-politique. La grande majorité des professeurs enseignent
avec une approche libérale. Par ailleurs, nous pensons
qu'il est dans l'intérêt des étudiantes et
étudiants d'avoir la possibilité d'explorer différentes
écoles de pensée au cours de leur Bacc. Il serait
bon de se rappeler avant tout que l'apprentissage de la science
politique ne se fonde pas uniquement sur une vision unique du
monde mais plutôt de l'amalgame de la diversité
qui la compose. L'Université Laval n'a-t-elle pas comme
slogan "Aujourd'hui Québec, demain le monde"?
Le renvoi de M. Drainville serait la deuxième perte en
une même session, le décès de M. Carol Levasseur
laissant une place vacante. Compte tenu de la situation actuelle
qui prévaut au Département, nous craignons que
le départ de M. Drainville ne contribue à aggraver
encore plus la tendance déstabilisatrice de la prépondérance
des domaines de l'administration publique et des relations internationales
au détriment des domaines de la pensée politique
et de la sociologie politique. Ce phénomène affecte
directement le choix de cours offerts et celui-ci s'atrophie
de plus en plus.
Mais encore, il ne faut pas oublier que l'annonce du licenciement
de M. Drainville origine de la publication du roman Les carnets
jaunes de Valérien Francoeur, qui a crevé quelques
enflés. Les activités de romancier de M. Drainville,
qu'elles alimentent ou non les critiques de ses collègues,
ne représentent pas en soi une menace à la qualité
d'enseignement de ce dernier. La sortie d'un tel roman, bien
que certains disent s'y reconnaître, ne devrait pas servir
de plate-forme d'exacerbation des problèmes personnels
au Département. Pour espérer un climat plus constructif
au sein dudit département, les accusations portées
envers M. Drainville devront être justifiées par
la direction de la Faculté des sciences sociales . Il
serait de mise de se rappeler ce qui importe le plus pour les
étudiantes et étudiants. La liberté d'expression
et la diversité au Département de science politique
sont en jeux. Il est évident que le départ précipité
et forcé de M. Drainville laisserait un vide au sein du
Département et, une fois de plus, ce serait les étudiantes
et étudiants qui paieraient le prix des éternelles
querelles internes. Le dialogue de sourd et l'ambiance corrosive
dans les relations au sein du Département ne peuvent qu'avoir
des conséquences négatives sur la qualité
de l'enseignement et, une fois de plus, un recours à la
force ne ferait qu'éloigner la possibilité du compromis
favorable aux étudiantes et étudiants.
LE COMITÉ EXÉCUTIF DE L'ASSOCIATION DES ÉTUDIANTES
ET
ÉTUDIANTS EN SCIENCE POLITIQUE DE L'UNIVERSITÉ
LAVAL
(AEESPUL)
Un moteur de discrimination
J'ai été estomaqué à la lecture
d'un article publié dans le Fil du 6 mars, intitulé:
"Un devoir de vigilance". J'ai appris que l'Université
Laval comptait dans ses rangs un groupe de recherche appelé
GREMF (Groupe de recherche multidisciplinaire féministe).
Les membres de ce groupe se disent inquiètes "face
aux attaques dont le féminisme fait l'objet au Québec
depuis quelques mois". Ces dernières nous disent:
"Nos acquis sont fragiles, on peut tout perdre à
la faveur de l'arrivée d'un mouvement de droite".
On renchérit en nous disant qu'il faut mobiliser les troupes
pour contrer ce vent de droite. Comment peut-on en arriver à
des idées aussi simplistes? Les pères qui n'ont
plus le droit de voir leurs enfants ou qui peuvent les voir uniquement
une fin de semaine sur deux ne sont ni de droite ni de gauche.
Ils sont avant tout des pères dont les droits sont bafoués
par des lois discriminatrices. Il semble inconcevable que de
l'argent public puisse financer des associations dont le but
indéniable est de promouvoir la discrimination envers
une partie de la population. Ces personnes ne desservent pas
les femmes québécoises mais, heureusement, elles
n'en représentent qu'une très faible minorité.
MANUEL CARUSO
Professeur agrégé
Département de biologie médicale
Le rail comme alternative économique et écologique
Dès le début du 19e siècle, Québec,
ville de garnison, capitale administrative, siège du commerce
international des bois d'oeuvre avec l'Europe et ville portuaire,
se vit octroyer au fil des ans un réseau ferroviaire péri
et intra urbain d'une rare qualité et d'une densité
impressionnante. Ce réseau culmina avec la construction
du pont de Québec, ferroviaire avant tout. Depuis 50 ans,
un tel réseau périclite dans l'indifférence
générale alors que nous avons consacré tous
nos investissements de transport au secteur automobile à
coup de centaines de millions pour aboutir petit à petit
à une impasse par la concentration économique et
sociale. La question qui se pose maintenant est de savoir si
nous devons continuer à investir dans les infrastructures
automobiles à rendement zéro, ou chercher une alternative
avant un étranglement complet.
La qualité des liens avec la rive sud s'amenuise d'année
en année. Les entraves suscitées par les réparations
au pont Laporte à l'été 2002 et ceux qui
persistent au pont de Québec alors qu'on le repeint devraient
susciter quelques réflexions et interrogations de la part
de tous les citoyens de la grande région. Pendant que
notre système routier se congestionne un peu plus tous
les jours, un système parallèle, amorti financièrement
dans son infrastructure, nous crève les yeux sans que
nous n'y portions la moindre attention: le système ferroviaire.
Il est négligé, voire abandonné et dans
certains cas démoli pour faire place aux bicyclettes qui
pourraient utiliser d'autres parcours bien plus appropriés.
Nous proposons donc à notre classe politique dirigeante
de dépoussiérer ce réseau qui va de la Beauce
à Lévis puis directement au centre ville de Québec,
de Donnacona à la gare maritime de l'anse au Foulon, puis
de là au centre ville par le tunnel ferroviaire qui atteint
Saint-Malo. Puis un autre lien entre la Côte de Beaupré
et le centre-ville. Enfin autre lien qui joindrait la banlieue
nord et la partie ouest de Charlesbourg également au centre-ville.
Un tel réseau remis en état pour des sommes et
un temps raisonnables devrait être l'épine dorsale
de tout le réseau autobus plutôt que de lancer des
autobus dans un réseau de plus en plus congestionné
avec une désaffection de la part de la clientèle
qui suivra inévitablement Le réseau TLR (tramway)
tel que préconisé par la Commission de Transport
de la Capitale présenterait un complément majeur
dans le tissu urbain même. Ces deux systèmes RER
(Réseau Express Régional) et le réseau TLR
non seulement sont-ils des alternatives au transport routier
urbain, mais également un système des mieux adaptés
à notre climat hivernal la moitié de l'année,
Québec étant la capitale mondiale de la neige.
Un tel réseau ferroviaire RER et TLR doit avoir des caractéristiques
particulières en ce que son matériel roulant doit
desservir une population restreinte et concentrée non
pas pour transporter de grandes masses. C'est ici un aspect innovateur,
qu'une société comme Bombardier devrait prendre
en compte, étant la plus grande multinationale du matériel
ferroviaire, et sise au Québec de surplus. Le massacre
ou la disparition de la forêt de l'Escarpement sur l'autel
de l'automobile est un non sens qu'il faut combattre avec vigueur
et acharnement sans relâche jusqu'à ce que le premier
lien TLR soit sur les rails. Il fera le lien entre l'arrondissement
de Loretteville, les centre d'achat de la capitale, le Cégep
de Sainte-Foy, l'Université Laval, les grandes surfaces
de Place Sainte-Foy, Place la Cité et Place Laurier ainsi
que l'hôpital du CHUL avec son nouveau Centre Mère-Enfant.
GILLES LEMIEUX
Groupe de coordination sur les bois raméaux
Département des sciences du bois et de la forêt
Pour le Comité de protection de l'environnement de Québec
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