Oeuvres pour deux violons
Un autre disque de qualité de la Faculté de
musique mettant en vedette György Terebesi, Martin Le Sage
et Rachel Martel
On ne se lasse jamais de prêter à la fois son
oreille attentive à la moindre vibration musicienne, son
coeur palpitant à chaque mesure qui s'estompe et son âme
émue à chaque page qui se tourne, lorsqu'un enregistrement
vient nous chercher dès la seconde initiale pour nous
transporter au faîte de la fête jusqu'à l'ultime
coda.
Ainsi en est-il de la plus récente production discographique
issue de la Faculté de musique, qui réunit, autour
de quatre partitions de belle inspiration, les archets de György
Terebesi et Martin Le Sage, ainsi que le clavier de Rachel Martel.
Intitulé "oeuvres pour deux violons", le disque
compact publié chez Atma (ALCD2 1024) met brillamment
à l'affiche de pittoresques spécimens du répertoire
de chambre aux gravures rarissimes.
C'est à toute volée de cordes entraînées
par le courant d'une tourbillonnante effusion slave que le Polonais
Maurice Moszkowski (1854-1925) nous fait d'abord pénétrer
par la grande porte de sa Suite pour deux violons et piano
en sol mineur, opus 71, pour ensuite tempérer son
élan inspirateur, lui injectant ici légèreté
lyrique, là exaltation fiévreuse, avant de le remettre
sur l'irrésistible rail d'une gambade primesautière
aux emportements impétueux. Les volubiles violons "dialogueurs"
ont la partie belle dans ce cousinage fraternel et le piano n'est
pas en reste.
Le dialogue fécond des violonistes à l'évidente
complicité cordiale se poursuit, seul cette fois, sous
la houlette de Serge Prokofiev (1891-1953), au fil des quatre
mouvements d'une Sonate pour deux violons en do majeur, op.
56, qui se montre viscéralement passionnée
tant dans ses langueurs poétiques et extatiques que dans
ses longueurs rythmiques et dynamiques. Puis se pointe, le plus
naturellement du monde, l'agréable surprise du programme:
la Première Suite pour deux violons de Martin Le
Sage (né en 1970), une radieuse oeuvre en cinq brefs épisodes
contrastés, dédiée à son maître,
György Terebesi, qui se meut ou plutôt s'émeut
parfois, dans sa mouvance multiforme, au souvenir si cher de
cet accent du terroir que n'auraient certes pas dédaigné
"taquiner" les habiles doigts raconteurs d'un Ti-Jean
Carignan. Les Trois Duos pour deux violons et piano de
Dimitri Chostakovitch (1906-1975) bouclent la boucle sur une
note toute nostalgique, scénarisée par le transcripteur
Konstantin Fortunatov, qui nous révèle le compositeur
russe sous un jour on ne peut plus accessible, voire on ne peut
plus "traditionnel".
En un mot, que voilà ici une production irréprochable
(dont l'enregistrement et la réalisation sont signés
Johanne Goyette), des compositeurs inspirés et de solides
instrumentistes en pleine possession de leurs grands moyens.
Que demander de plus? Un rappel! Le bonheur est dans l'après
Signalons que le disque "oeuvres pour deux violons"
a été enregistré les 5, 6 et 7 novembre
2001, à la salle Henri-Gagnon, au pavillon Louis-Jacques-Casault,
grâce à une subvention du programme Soutien à
la création en milieu universitaire de l'Université
Laval. Il est en vente au secrétariat de la Faculté
de musique, local 3312, pavillon Louis-Jacques-Casault, et chez
tous les bons disquaires.
GABRIEL CÔTÉ
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