L'ascension de Miss Doolittle
Une deuxième comédie musicale en 50 ans pour
Les Treize: "My Fair Lady", de George-Bernard Shaw
"Eliza Doolittle, c'est un peu moi!" Contrairement
à l'héroïne de My Fair Lady qu'elle
incarne sur la scène, Marise Provencher n'arbore pas un
accent cockney des faubourgs de Londres lorsqu'elle ouvre
la bouche. Mais, comme la marchande de fleurs à qui elle
prête vie, elle se sent un peu modelée et façonnée
par les conseils que lui prodiguent, depuis plusieurs semaines,
la metteure en scène Hélène Robitaille,
sa professeure de chant et David Leboeuf, son partenaire de danse
et de jeu, dans le spectacle musical que présente la troupe
Les Treize, les 12 et 13 avril, au Théâtre de la
Cité universitaire. "Je ne réalisais pas totalement
l'importance du rôle lorsque nous avons commencé
à répéter, indique l'étudiante en
communication. Depuis, je m'y donne corps et âme, j'y pense
jour et nuit, je pratique le tango et la valse tous les soirs,
je prends des cours de chant."
Poussée à mettre les bouchées doubles pour
jouer une Eliza crédible, Marise Provencher comprend très
bien les états d'âme de cette jeune londonienne
qui cherche à s'élever dans la société.
Dans la comédie musicale, tirée de la pièce
Pygmalion de George-Bernard Shaw, le professeur Higgins
parie avec une de ses connaissances qu'il apprendra les bonnes
manières à cette marchande que le hasard place
sur son chemin. Après quelques leçons éprouvantes,
l'expert en phonétique triomphe car les gens du grand
monde prennent sa protégée pour l'une des leurs.
Cependant, la situation se gâte lorsque Eliza Doolitle
demande à son formateur de l'apprécier comme être
humain.
Une troupe en action
"C'est une pièce bouleversante, soutient Hélène
Robitaille car Eliza a un tel désir d'avoir accès
au monde qu'elle touche beaucoup les spectateurs." Pour
soutenir son propos, la metteure en scène a opté
pour une vision résolument intimiste de la comédie
musicale, qui se déroule autour de trois colonnes de brique
à l'allure très "british". Les huit comédiens
de la production se partagent donc les rôles principaux,
ceux des figurants, mais ils changent aussi les décors
au vu et au su des spectateurs, afin de vraiment donner l'impression
de voir une véritable troupe en action. "Au départ,
la mise en scène représente surtout un défi
de direction d'acteurs, précise Hélène Robitaille.
Je voulais travailler dans le plaisir, l'ironie. Ma plus grande
joie, c'est de sentir le sourire d'intelligence de Shaw monter
au visage des comédiens."
My Fair Lady a lieu sur la grande scène du TCU.
La production mise donc avant tout sur le jeu des acteurs, plutôt
que sur un décor à grand déploiement. Des
acteurs qui chantent et dansent, bien sûr, comme dans toute
comédie musicale qui se respecte. Les arrangements musicaux
sont d'ailleurs l'oeuvre de l'étudiant qui joue le rôle
du professeur Higgins et qui est à l'origine du projet,
David Leboeuf. Une chorégraphe professionnelle, Karine
Ledoyen, a réglé pour sa part les parties dansées.
À quelques jours de la première, Marise Provencher
a déjà des papillons dans l'estomac. Il faut dire
qu'en plus de cinquante ans d'existence, c'est seulement la deuxième
fois que Les Treize montent une comédie musicale.
La comédie musicale My Fair Lady est présentée
les 12 et 13 avril au Théâtre de la Cité
universitaire. Les billets sont à 10 $ en prévente
et 12 $ à la porte du spectacle. Renseignements au Bureau
des activités socioculturelles, local 2344, pavillon Alphonse-Desjardins.
PASCALE GUÉRICOLAS
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