Après les moutons, les phoques
Compter le nombre de phoques du Groenland qui viennent au
monde dans les eaux de l'Atlantique chaque année n'est
pas une mince tâche. La banquise sur laquelle a lieu la
mise bas est gigantesque, elle se déplace au gré
des courants, les inventaires ont lieu dans des conditions difficiles
et, en plus, la période des naissances dure un mois. Si
l'inventaire a lieu trop tôt, on manque les blanchons qui
ne sont pas encore nés. S'il a lieu trop tard, les premiers
blanchons nés cette année-là ont déjà
disparu dans l'eau. Pourtant, ce chiffre est crucial pour établir
les effectifs totaux de population qui servent à fixer
les quotas de chasse aux phoques et à prédire les
impacts sur les stocks de poisson.
Louis-Paul Rivest, du Département de mathématiques
et de statistique, et ses collègues Stenson, Hammill,
Gosselin et Sjare de Pêches et Océans Canada publient,
dans un récent numéro de la revue Marine Mammals
Science, les détails d'un nouveau modèle qu'ils
ont mis au point pour estimer la production de blanchons. "L'ancien
modèle était très complexe et il reposait
sur beaucoup d'hypothèses, de sorte qu'il était
difficile à mettre en oeuvre", signale Louis-Paul
Rivest.
La méthode élaborée par les chercheurs offre
une nouvelle façon d'estimer la proportion de phoques
nés au moment de l'inventaire. Cette approche exige moins
de données de terrain et elle est plus simple sur le plan
méthodologique. "Hélène Crépeau,
du Service de consultation statistique de l'Université,
a même écrit, à partir de ce modèle,
une "macro phoque" téléchargeable sur
le Web", précise le chercheur.
Des comparaisons effectuées entre les estimations produites
à l'aide de l'ancienne et de la nouvelle méthodes
montrent que cette dernière arrive à des valeurs
plus conservatrices de population. Pour 1990 par exemple, la
différence atteint près de 11 %. Appliqué
aux données des dernières années, le modèle
révèle que le recrutement est en croissance depuis
1994 et que près de 1 million de blanchons sont nés
en 1999. Selon Pêches et Océans Canada, la population
de phoques du Groenland atteindrait maintenant 5,2 millions de
bêtes.
JEAN HAMANN
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