Nouveau virus infectieux des voies respiratoires
Les chercheurs du Centre de recherche en infectiologie sont
les premiers à décrire l'éventail de ses
symptômes cliniques
Une équipe du Centre de recherche en infectiologie
(CRI) a découvert un virus qui provoque des infections
respiratoires graves chez des patients de tous âges. Les
chercheurs du CRI ont isolé ce virus chez des personnes
atteintes de bronchiolite, de bronchite et de pneumonie. Ils
ont été les premiers en Amérique à
isoler ce microbe, baptisé métapneumovirus humain,
et les premiers au monde à en décrire la gamme
des symptômes cliniques. Seule une équipe des Pays-Bas
avait préalablement isolé ce micro-organisme. Guy
Boivin, Yacine Abed, Gilles Pelletier, Louisette Ruel, Danielle
Moisan et Stéphanie Côté du CRI se sont récemment
associés à trois chercheurs du Center for Infectious
Diseases d'Atlanta pour décrire, dans les pages du Journal
of Infectious Diseases, les caractéristiques du virus
et ses manifestations cliniques.
Chaque année, le Laboratoire de virologie conserve des
échantillons prélevés sur des patients hospitalisés
en raison de maladies infectieuses de cause inconnue. "Nous
avions fait parvenir quelques échantillons aux chercheurs
d'Atlanta qui nous ont confirmé que ceux-ci contenaient
un virus qu'ils ne parvenaient cependant pas à identifier,
raconte Guy Boivin. Les choses en sont restées là
pendant près d'un an, jusqu'à ce que les chercheurs
hollandais annoncent la découverte du métapneumovirus
humain. Aussitôt, nous avons mis au point un test diagnostic,
grâce auquel nous avons détecté sa présence
dans nos échantillons."
Les données compilées par les chercheurs du CRI
révèlent que les enfants et les personnes âgées
constituent les principales cibles du virus. Les moins de 5 ans
représentent 35 % des personnes atteintes et les plus
de 65 ans, 46 %. Les enfants porteurs du virus avaient reçu
un diagnostic de pneumonie (67 %), de bronchiolite (58 %) et
d'otite (25 %). Chez les sujets âgés, le virus était
associé à des diagnostics de bronchite et bronchospasme
(60 %) et de pneumonie (40 %).
Une étude du CRI, présentement sous presse, montre
que 6 % de tous les enfants de 0 à 3 ans, hospitalisés
au CHUL pendant l'hiver 2002, étaient porteurs du métapneumovirus
humain. "Entre le début mars et la mi-avril, ce taux
a grimpé à 29 %, signale Guy Boivin. C'est donc
un virus très courant. D'ailleurs, depuis six mois, il
y a une explosion de rapports provenant de partout dans le monde
au sujet de ce virus."
Même s'il n'existe pas encore de traitement pour contrer
les méfaits de ce microbe seules les mesures courantes
de prévention permettent de s'en prémunir -, le
test rapide mis au point au CRI permet désormais aux médecins
de savoir à quel adversaire ils se mesurent. Grâce
à une subvention de près de 390 000 $ sur trois
ans, attribuée par les Instituts de recherche en santé
du Canada, Guy Boivin et son équipe poursuivront leurs
recherches sur ce micro-organisme, en travaillant notamment à
la mise au point d'un modèle animal qui, espère
le chercheur, servira à fabriquer le premier vaccin contre
le métapneumovirus humain.
JEAN HAMANN
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