Retour aux sources
Maintenant retraitée, la juge Claire L'Heureux-Dubé
revient à son alma mater comme juge en résidence
En janvier dernier, la Faculté de droit a accueilli
l'ex-juge de la Cour suprême Claire L'Heureux-Dubé
comme juge en résidence. Après un demi-siècle
de pratique du droit comme avocate, ensuite comme juge à
la Cour supérieure, puis à la Cour d'appel, et
enfin à la Cour suprême, Claire L'Heureux-Dubé
est revenue dans sa ville natale de Québec jouir d'une
retraite bien méritée. À la Cour suprême,
où elle a siégé 15 ans, elle a émis
des opinions souvent dissidentes qui, dans bien des cas, ont
fini par être adoptées par la Cour. "Une opinion
dissidente est une chose importante et positive, affirme-t-elle.
Cela demande un peu de courage, mais cela permet au droit d'évoluer
et aux avocats d'avoir des arguments pour faire avancer le droit."
Un poste honorifique
Pour les deux prochaines années, Claire L'Heureux-Dubé
mettra sa vaste expérience et ses connaissances étendues
au service des étudiants et des étudiantes de droit,
et ce, sans entente formelle ni contrat quelconque entre les
parties. "L'Université a créé ce poste
honorifique parce que je suis une diplômée de Laval
[1951] et parce que les universités aiment avoir une présence
de cette nature, explique-t-elle. Par ailleurs, un juge qui prend
sa retraite aime en général se retrouver dans un
milieu juridique."
Selon elle, le fait d'être en contact avec des étudiants
et des étudiantes rendait particulièrement intéressante
la proposition de la Faculté. "Pour moi, dit-elle,
les jeunes représentent l'avenir, ils sont enthousiastes,
ils veulent changer le monde. C'est merveilleux à 75 ans
de se retrouver dans ce milieu et de laisser ma porte ouverte
à ceux et celles qui voudront bien venir me parler."
Comment entrevoit-elle sa tâche? "Mon rôle n'est
pas encore défini de façon parfaite, répond-elle,
mais j'ai comme projet de m'impliquer dans le milieu universitaire.
Je donnerai peut-être quelques cours à l'occasion.
On me dit que les étudiants et les professeurs sont très
occupés, de telle sorte que les premiers n'ont pas réellement
quelqu'un à qui se confier sur ce qu'ils vivent. Peut-être
serai-je ce quelqu'un."
Voyageuse, mais non touriste
Fin janvier, Claire L'Heureux-Dubé a fait office de
juge lors de la dernière pratique officielle de l'équipe
qui s'apprêtait à participer au concours de plaidoirie
Pierre-Basile-Migneault. Ce concours regroupe six facultés
de droit, toutes du Québec sauf une. L'exercice simulait
un appel devant la Cour d'appel du Québec. "J'ai
été enchantée de leur préparation
et de leur compétence", dira-t-elle de ceux et celles
qui allaient par la suite remporter ledit concours.
Cet hiver, en raison d'engagements antérieurs, Claire
L'Heureux-Dubé a séjourné plusieurs semaines
à l'extérieur du pays. Le 10 mars, elle est rentrée
au Canada après s'être rendue successivement en
Angleterre, en Australie, en Nouvelle-Zélande et à
l'île de Guam. "En Australie, raconte-t-elle, le procureur
général m'avait invitée pour prononcer une
conférence sur les assauts sexuels. Ils ont l'intention
de changer la législation. Ils voulaient savoir comment
s'oriente la Cour suprême du Canada en ce domaine. On a
beaucoup parlé d'égalité, un domaine où
j'ai beaucoup oeuvré." La semaine dernière
à Laval, Claire L'Heureux-Dubé a participé
à deux séminaires, échangeant sur des questions
juridiques avec les professeurs et les étudiants. Les
21 et 22 mars, elle assistera à Québec à
une importante conférence internationale à laquelle
elle a prêté son nom. Fin avril, elle présidera,
à l'Université, une conférence sur les droits
des autochtones. Mais auparavant, elle aura participé,
en Afrique du Sud, à une grande conférence sur
le droit familial.
YVON LAROSE
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