Un "biocapteur" d'ADN
Des chercheurs du CERSIM, du CRI et du COPL ont développé
un outil original de dépistage des microorganismes infectieux
ou des maladies génétiques
Une équipe multidisciplinaire de l'Université vient
de mettre au point une méthode de détection de
séquences d'ADN qui promet d'en faire voir de toutes les
couleurs! En effet, grâce à cette technique, les
échantillons qui contiennent une séquence spécifique
de nucléotides - les unités de base de l'ADN
- prennent une coloration visible à l'oeil nu. "Cet
outil sera très utile pour le diagnostic rapide de microorganismes
infectieux, avance le chercheur Mario Leclerc du Département
de chimie. On pourra même l'utiliser pour le dépistage
de maladies génétiques."
Le professeur Leclerc et ses collègues Hoang-Anh Ho, Geneviève
Corbeil et Kim Doré, du Centre de recherche en sciences
et ingénierie des macromolécules, ont uni leurs
efforts à ceux de Maurice Boissinot et Michel Bergeron,
du Centre de recherche en infectiologie, et de Denis Boudreau,
du Centre d'optique, photonique et laser, pour mettre au point
cet outil inédit. La procédure consiste à
créer une sonde complémentaire à une séquence
de nucléotides spécifique à la bactérie
ou à la mutation recherchée. Cette sonde est placée
dans une solution qui contient des extraits d'ADN, à laquelle
les chercheurs ajoutent un polymère coloré de la
famille des polythiophènes. "Quand la sonde et l'ADN
sont complémentaires, ils s'apparient et le polymère
s'enroule autour d'eux, ce qui modifie sa structure tridimensionnelle
et sa coloration, explique Mario Leclerc. Lorsqu'il y a suffisamment
d'ADN, le changement est visible à l'oeil nu. Dans le
cas contraire, il faut procéder à des mesures de
fluorescence."
La réaction exige à peine cinq minutes, elle ne
nécessite pas de traitement important d'ADN et elle est,
somme toute, peu coûteuse. L'Université et la firme
Infectio Diagnostic détiennent un brevet pour cette découverte.
"Notre approche pourrait s'avérer très utile
dans les pays ou les régions qui ne disposent pas de l'infrastructure
nécessaire pour séquencer des gènes, fait
valoir Mario Leclerc. Nous voulons aussi proposer au ministère
de la Défense nationale du Canada d'y recourir pour ses
interventions contre le bioterrorisme."
Les chercheurs ont présenté les détails
de leur découverte en 2002 dans la revue allemande Angewandte
Chemie International Edition , la publication scientifique
la mieux cotée dans le domaine de la chimie, souligne
Mario Leclerc. De nouvelles preuves de son efficacité
pour d'autres applications iront sous presse d'ici peu, ajoute-t-il.
JEAN HAMANN
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