Pas facile d'être jeune!
"Les jeunes d'aujourd'hui doivent faire preuve d'improvisation,
apprendre à vivre dans l'éphémère,
dans un rapport avec le temps et l'espace qui contraste avec
celui auquel s'étaient accoutumées les générations
précédentes. Les valeurs, les modèles et
les normes disparaissent et laissent une sensation de vide vertigineux.
Aux prises avec un imaginaire partiellement déconstruit,
un système politique invalidé par l'histoire tragique
du dernier siècle et un marché du travail instable,
ces jeunes paient le prix fort pour la période de changements
sociaux inédits que nous vivons."
C'est en ces termes que la sociologue Diane Pacom, de l'Université
d'Ottawa, décrit le contexte socioculturel qui conditionne
les comportements des jeunes de 2003. Dans le cadre d'une conférence
intitulée "Les jeunes face à la transition
postmoderne" qu'elle prononcait récemment sur le
campus, Diane Pacom a fait remarquer que l'image positive de
la jeunesse généralement accolée à
la génération des baby boomers a été
remplacée par un discours plus péjoratif: "Les
appellations données au jeunes (Baby busters, Bof génération,
génération X, génération y) confirment
la persistance d'un discours insidieux et stéréotypé
sur la nouvelle génération. Une de ces images qui
reviennent sans cesse est celle du jeune tueur détraqué,
comme au massacre de Columbine High School. Cette image contribue
à la mise en place de mesures abusives de discipline dans
les écoles, comme le renforcement des codes de conduite,
l'installation de détecteurs de métal, la surveillance
électronique dans toutes les classes et la présence
policière dans les bâtiments scolaires."
Selon Diane Pacom, ces stéréotypes atteignent maintenant
la génération dite des "Tweens", dont
des spécialistes scrutent attentivement les moindre comportement
en matière de style de vie, de goûts musicaux, de
sexualité, contribuant ainsi à les catégoriser
comme un segment de population qui affiche un appétit
très vorace pour la mode, la culture populaire et les
objets de consommation. "Nous, professeurs et éducateurs
du nouveau millénaire, devrons être souvent aptes
à apprécier la créativité déployée
par les jeunes face aux adversités qui émergent
dans leur vie quotidienne", fait valoir la sociologue.
DOMINIC DUVAL
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