LE COURRIER
Plus de 3 millions de morts, et on s'en fout
Un titre provocateur, oui, parce que l'on ne sait plus où
est la priorité du Conseil de sécurité des
Nations Unies. L'holocauste des populations congolaises continue
sans que les décideurs internationaux ne bougent pour
mettre fin à cette honte de l'humanité. Et voilà,
l'attention est tournée vers le duel entre les Bush et
Sadam Husein. Pourquoi les Congolais sont-ils oubliés?
Pourquoi cette guerre suffisamment raciste s'éternise?
C'est à ces deux petites questions que nous allons essayer
de répondre.
Plusieurs hypothèses peuvent être avancées
pour justifier les conflits dans la région des Grands
Lacs africains. Mais l'élément le plus révélateur
dans cette affaire c'est la complicité des Nations Unies
aux crimes contre le peuple congolais. On peut lire dans un article
du 15 avril 2001 du Grands Lacs Confidentiel que: "Disloquer
le Congo à partir du Kivu, voilà la nouvelle démarche.
En tête se trouve une ONG (Organisation non gouvernementale)
hollandaise NOVIB []. [] l'épouse de Koffi Annan est hollandaise.
Cette dernière est une condisciple de Hillary Clinton,
l'épouse de Bill Clinton []. Ces deux dames auraient de
fortes connexions dans l'ONG hollandaise NOVIB, dans d'autres
filiales d'affaires juives et chez les présidents Museveni
et Kagame". C'est comme si l'on assistait au meurtre de
Jean-Baptiste (Bible, Matthieu 14).
Parlant de la connexion juive, Colette Braeckman1 dit que les
souffrances des populations de l'Ituri et du Kivu en République
démocratique du Congo (RDC) vont continuer encore pendant
longtemps parce que les commanditaires de ces conflits voudraient
faire disparaître les habitants de ces contrées.
Ces populations doivent laisser leur place aux privilégiés
de cette mondialisation sauvage, c'est-à-dire les fermiers
blancs de l'Afrique australe qui seront tôt ou tard chassés,
et des Israéliens désireux de quitter la Palestine.
La disparition de ces populations congolaises sera comparable
à celle de certains tribus autochtones d'Amérique
du Nord. On ne parlera d'elles que dans des livres. Peut-on encore
se questionner sur le projet "Pipeline de Salomon"
de l'entreprise Westrac, qui consiste à acheminer l'eau
du fleuve Congo gratuitement jusqu'en Israël (PANA
du 27 janvier 2000) sans penser à une implication quelconque
dans cet holocauste? Comment peut-on alors expliquer la judaïsation
des Tutsi (Jerusalem Post du 23 novembre 1998) alors qu'ils
ne sont pas parmi les tribus perdus d'Israël? Est-ce que
c'est une quête d'identité ou une stratégie
de conquête?
En fait, cette campagne d'extermination des populations congolaises
n'est possible que grâce à la complicité
des fils et filles de la région des Grands Lacs africains.
Parmi eux, les armées rwandaise, burundaise (majoritairement
tutsi) et ougandaise. Il y a aussi des Congolais bien sûr.
Ainsi, pour que les victimes de cette mondialisation sauvage
se fassent hara-kiri, il faut maintenir un État de sans
droit où la rébellion et les commerçants
collaborent en exploitant des ressources du pays sans payer les
taxes (Jean-Philippe Rémy dans Le Monde du 20 février
2003).
Après plus de trois ans de guerre, nous observons un manque
de volonté politique de la part du gouvernement de Kinshasa
et de celle du Conseil de sécurité des Nations
Unies de mettre fin à cet holocauste des populations de
l'Est de la RDC. Le panel des experts des Nations Unies a fait
des enquêtes sur le pillage et l'exploitation illégale
des ressources naturelles de la RDC. Mm. Safiatou Ba-N'Daw, qui
a dirigé ces premières enquêtes, a connu
une forte pression et beaucoup de menaces pour avoir dénoncé
les criminels. Elle fut forcée à démissionner
et certains paragraphes de son rapport furent enlevés.
Les recommandations sont restées sans suite. Et voilà
les Nations Unies. Quant aux Congolais, eh! ben, on s'en fout.
Après tout ce ne sont que des Noirs qui meurent.
KATEMBO KAKOZI CHARLES
Étudiant en sociologie
1. Braeckman, Colette 2003, Congo, les nouveaux prédateurs:
politique des puissances en Afrique centrale, Paris, Éditions
Fayard.
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