Du cabanon au labo
L'apport d'Entrepreneuriat Laval a été
essentiel au démarrage de la firme SiliCycle
L'histoire de la compagnie SiliCycle démarre en 1994
dans la salle d'études de la bibliothèque scientifique
du pavillon Alexandre Vachon. Ce jour-là, Hugo Saint-Laurent,
fraîchement diplômé en génie chimique,
a rendez-vous avec Luc Fortier, un diplômé de chimie
de 1998 à la recherche d'un associé. "C'est
lui l'inventeur du produit, affirme Hugo Saint-Laurent. Il a
travaillé seul dans son appartement pendant plusieurs
années sur le recyclage de gels de silice, puis mes parents
nous ont prêté un cabanon pour poursuivre nos expériences."
La silice occupe une place importante dans les laboratoires de
chimie car elle permet de séparer les composés
chimiques qui entrent en réaction. Cependant, son coût
élevé a amené Luc Fortier à travailler
à la mise au point d'une méthode permettant d'utiliser
plusieurs fois cette matière et d'approvisionner les industries
pharmaceutiques.
Dès leur rencontre, les deux associés tombent d'accord
pour travailler en parallèle afin de mettre leur entreprise
sur pied. Luc poursuit ses recherches, et Hugo, qui poursuit
un MBA en administration des affaires tout en travaillant, cherche
de l'argent. Une recherche grandement facilitée par Entrepreneuriat
Laval. "Je me suis assis devant l'ordinateur avec des membres
de l'équipe, et nous avons bâti ensemble pendant
plusieurs semaines les budgets prévisionnels, les bilans,
les flux de trésorerie qui apparaissent dans le plan d'affaires,
raconte Hugo Saint-Laurent. J'avais quelques notions dans ce
domaine, mais ils m'ont vraiment aidé à bâtir
des prévisions réalistes. "
Premiers prix, premiers financements
La mise au point de ce plan d'affaires grâce au coup
de pouce d'Entrepreneuriat Laval a été déterminante
pour la suite de l'aventure. Ce document leur a permis en effet
de gagner deux prix au Concours d'entrepreneurship en 1995, et
de récolter du même coup 5 000 $ associés
à ces prix, une somme indispensable pour accomplir les
premières démarches. Grâce au soutien d'Entrepreneuriat
Laval et à son réseau de contacts, les deux associés
ont réussi par ailleurs à réunir 50 000
$ en subventions et en prêts pour démarrer leurs
activités. Dès février 1996, SiliCyle s'installe
dans un incubateur d'entreprises et bénéficie de
l'aide de conseillers qui prennent la relève de l'équipe
d'Entrepeneuriat Laval.
Mais les associés ne roulent pas encore sur l'or. Pendant
deux ans, Hugo Saint-Laurent travaille en parallèle comme
assistant de recherche. Les deux entrepreneurs doivent utiliser
leurs cartes de crédit pour payer le personnel embauché,
et faire appel à la famille et aux amis pour construire
ou réparer des équipements de laboratoire. Dès
1998, les deux associés qui ont recruté un troisième
actionnaire, André Couture, doivent cependant se rendre
à l'évidence. Il leur faut solliciter une société
à capital de risque et céder du capital-action
afin de disposer des sommes nécessaires pour s'équiper
convenablement. La chance leur sourit, puisque la Caisse de dépôt
et de placement du Québec, leur avance 100 000 $. Le Centre
québécois de valorisation des biotechnologies fait
de même en leur octroyant 150 000 $. Un apport et une caution
indispensables pour aller chercher ensuite des prêts et
des subventions supplémentaires. Enfin dotés d'un
compte en banque un peu mieux garni, les dirigeants investissent
dans de l'équipement, récupérant du matériel
de l'Hôpital Christ-Roi ou provenant de l'usine Laprade
à Gentilly.
En 1999, Silicycle prend un tournant majeur. Les associés
se rendent compte que le gel de silice recyclé n'a pas
vraiment la côte auprès de l'industrie pharmaceutique
et des départements universitaires de chimie. Ils décident
de produire de la silice neuve, mais une silice améliorée,
doté de multiples fonctions pour répondre aux besoins
de leurs nombreux clients. Cela permet de fournir un produit
personnalisé selon le client visé, car ce dernier
peut vraiment orienter la purification de ses composés
chimiques correspondant à ses besoins. Depuis, les ventes
vont très bien, et l'entreprise affiche un chiffre d'affaires
de plusieurs millions de dollars, essentiellement en exportant
sa production aux États-Unis.
PASCALE GUÉRICOLAS
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