Courir ou Le journal de Catherine
Lyane Bédard publie un premier roman
sur un sujet brûlant: les relations de couple
Sur le campus, le 12 février dernier, Lyane Bédard,
secrétaire à la Faculté des sciences de
l'éducation, a fait le lancement de son tout premier roman
devant quelque 80 personnes, dont le doyen Claude Simard. Cet
ouvrage de 265 pages, édité à compte d'auteur,
s'intitule Autant laisser courir! "Mon roman établit
un parallèle entre deux choix de vie, explique-t-elle.
On se blesse en faisant de la course à pied, on se blesse
aussi en aimant. Dans les deux cas, il faut parfois s'arrêter
pour pouvoir guérir, ce qui nous force à découvrir
autre chose. On ne peut s'investir à moitié dans
une relation, pas plus qu'on ne peut le faire dans une vraie
pratique de la course à pied. Même si l'entraînement
permet d'enfiler dix ou douze kilomètres par jour, cet
investissement n'empêche pas les blessures Pas plus que
l'implication dans une relation nous préserve de la douleur
ou de l'échec."
Catherine, Jocelyn et Jean
Autant laisser courir! a pour cadre la ville
et la région de Québec. Ce livre, en vente notamment
chez Zone Université Laval, raconte une histoire réaliste,
celle d'une femme dont les insatisfactions sur le plan conjugal
la conduisent à reconsidérer le cours de sa vie.
Mère de famille, secrétaire et adepte de la course
à pied, Catherine est une passionnée qui se donne
à fond dans tout ce qu'elle entreprend. Mais une quinzaine
d'années de vie commune ont transformé sa relation
de couple. Sa vie auprès de Jocelyn, qui s'est progressivement
éloigné d'elle, devient étouffante. Elle
veut beaucoup plus qu'une relation "d'associés".
Cette complicité enivrante, elle la redécouvre
en la personne de Jean, un collègue de travail. S'ensuit,
pour elle, une période d'ambivalence affective qui aboutira
à un choix déterminant de sa part.
Le monde de la course à pied occupe une grande place dans
ce récit. L'entraînement et la compétition
deviennent pour la protagoniste un exutoire à son malaise
grandissant. En fait, les lieux de compétition, temps
de course, conditions météo, ambiances et partenaires
de course ne sont pas que décrits de façon réaliste.
Ils sont la réalité même puisque ces informations
sont l'exact reflet de l'expérience personnelle de Lyane
Bédard comme coureuse. Ceux et celles qui s'intéressent
aux rapports hommes-femmes trouveront également leur compte
dans la lecture de cet ouvrage. "Lorsque j'ai entrepris
mon projet d'écriture, rappelle Lyane Bédard, je
vivais certaines problématiques de couple. Je voyais tout
ce qui se vivait de difficile sur le plan de la vie maritale
autour de moi. Enfin, j'adorais lire des livres de psychologie.
C'est un peu pourquoi Catherine, qui est très réfléchie,
analyse sans cesse."
Le réel dépeint et analysé
L'auteure explore un sujet grave de manière concrète
et sans fioritures de style, en s'appuyant sur une langue sobre
et précise. En quelques occasions, elle recourt à
la métaphore pour traduire son propos. Par exemple, ce
rêve où une Catherine en larmes est incapable de
retirer l'alliance de son doigt. Si Lyane Bédard emploie
le "je" et écrit au présent de l'indicatif,
c'est pour que le lecteur puisse vraiment se mettre dans la peau
du personnage principal. "C'est aussi, dit-elle, pour qu'il
le suive tout au long de son expérience, presque autant
que s'il la vivait lui-même." Ainsi, ce qui n'était
à l'origine qu'un exercice littéraire pour se faire
plaisir s'est rapidement transformé en une véritable
passion qui habite toujours Lyane Bédard. Elle travaille
actuellement sur un second projet d'écriture, soit un
récit historique qui s'étendra sur un siècle
et se déroulera de part et d'autre de l'Atlantique.
YVON LAROSE
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