Lire l'avenir dans les notes d'examens?
Le succès des finissants en médecine aux examens
professionnels permet de prédire la qualité de
leur pratique des années plus tard!
Les médecins devraient-ils afficher leurs notes plutôt
que leur diplôme sur les murs de leur cabinet? On serait
porté à le croire après avoir pris connaissance
des conclusions d'une étude qui montre un lien étroit
entre les notes obtenues aux examens officiels de la profession
médicale et la qualité de leur pratique de quatre
à sept ans plus tard.
Au Québec, les finissants en médecine doivent réussir
deux examens pour obtenir le droit de pratique. Une équipe
de huit chercheurs de Québec, Montréal, Sherbrooke
et Philadelphie, dont fait partie Carlos Brailovsky de la Faculté
de médecine, a mis en relation les notes obtenues par
les finissants en médecine à ces examens et certains
indicateurs de bonne pratique médicale. Ils ont ainsi
découvert que plus un médecin a obtenu de bonnes
notes, plus il réfère ses patients à des
spécialistes, reconnaissant ainsi ses propres limites,
plus il prescrit de médicaments spécifiques à
un problème plutôt que des médicaments qui
ne soulagent que les symptômes, plus il assure un suivi
de ses patients, plus il réfère avec justesse ses
patientes de 50 à 69 ans pour une mammographie et moins
il prescrit de médicaments inappropriés à
ses patients âgés.
En 1998, la même équipe de recherche avait montré
que cette relation notes-pratique prévalait dans les 18
premiers mois suivant les examens. La nouvelle étude,
qu'ils publient dans un récent numéro du Journal
of the American Medical Association, prouve que les notes
permettent de prédire le type de pratique sur une période
allant jusqu'à sept ans. Les chercheurs sont arrivés
à ce constat après avoir analysé les actes
médicaux posés par 912 jeunes médecins du
Québec lors de quelque 3,4 millions de consultations!
"L'intérêt de notre étude n'est pas
de prédire la compétence d'un médecin en
fonction de ses notes d'examens, mais plutôt d'identifier
certains éléments sur lesquels il faudrait davantage
insister pendant la formation, souligne Carlos Brailovsky. Personnellement,
je ferais confiance à tous ces médecins, peu importe
leurs notes. Tous ceux qui passent à travers le système
d'évaluation atteignent le niveau de compétences
requis pour avoir une bonne pratique médicale."
JEAN HAMANN
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