Un siècle de philanthropie
Une exposition itinérante retrace l'histoire des campagnes
de souscription de l'Université
Intimement liée au Séminaire de Québec,
l'Université Laval a longtemps dépendu exclusivement
du soutien financier de celui-ci. En consultant les archives
de l'Université Laval, on retrace ce qui semble être
un premier geste concret de sollicitation, aux environs de 1906.
Un certain P. Bonhomme, gérant général de
La Sauvegarde assrance, est chargé de faire souscrire
"un million de piastres" en faveur de l'Université
Laval. On s'adresse à la "classe dirigeante"
en proposant la prise de police d'assurance sur la vie d'un montant
minimal de 100 $ - une autre façon de donner, pas si nouvelle
que ça! Mais c'est en 1920 qu'une véritable campagne
de souscription prend son envol. À l'instigation du secrétaire
de la Faculté de médecine, Arthur Vallée,
et de son collègue Calixte Dagneau, le recteur de l'époque,
Mgr François Pelletier annonce, lors de la clôture
de l'année scolaire de 1919, la mise sur pied prochaine
d'une campagne pour le développement universitaire. L'Université
doit développer de nouvelles disciplines. L'objectif est
fixé à un million de dollars et on opte pour le
slogan L'Aide à Laval. La campagne s'ouvre officiellement
le 4 octobre et remporte un succès exceptionnel: près
de 2 000 000 $ sont recueillis et on note un nombre important
de dons substantiels de la part d'individus, comme le Cardinal
Bégin, par exemple, avec une contribution de 50 000 $.
Imaginez ce que ça représente en dollars d'aujourd'hui!
Aux facultés fondatrices (arts, droit, médecine
et théologie) s'ajouteront des écoles de biologie,
de chimie, d'arpentage et de génie forestier, d'agriculture
et des sciences sociales.
Boom d'après-guerre
"Pressée de tous les côtés à
la fois, l'Université Laval ne peut résister à
la poussée du progrès. Elle ne peut pas se figer
dans une attitude passive dont le plus clair résultat
serait de priver la société d'une partie de l'élite
dont elle a si grand besoin." (Extrait de L'Université
Laval, au service de la nation, 1948.) Confinée au
coeur du Quartier latin, l'Université étouffe...
Une forte augmentation de la population étudiante - on
en refuse des centaines à chaque année - doublée
de la diversification des programmes, entraîne l'obligation
d'édifier une cité universitaire, à Sainte-Foy,
qui regrouperait les écoles et les facultés dans
des locaux appropriés.
Une vaste campagne de souscription s'organise à la grandeur
de la province. Avec un budget de fonctionnement de 80 000 $
et une machine promotionnelle d'une redoutable efficacité,
cette entreprise marquera le début des campagnes d'envergure
à l'Université. Cinq cent soixante-dix paroisses
du Québec vibreront au rythme de l'Université Laval,
en particulier le 3 octobre 1948, officiellement nommé
le "Dimanche de Laval" dans les églises. Tout
au long de la campagne, un film promotionnel de trois minutes
sera projeté en ouverture du programme principal des cinémas,
des commerçants créeront des vitrines aux couleurs
de l'Université Laval, des orateurs laïcs et religieux
- plus de 400 - vanteront les mérites de l'établissement
sur toutes les tribunes. Au 31 janvier1949, plus de 10 600 000
$ ont été souscrits.
Après la Révolution tranquille
"Il est raisonnable que ceux qui ont amassé des
richesses par nos ressources naturelles redonnent une partie
de ces richesses aux institutions québécoises",
déclarait le premier ministre Daniel Johnson, alors qu'il
acceptait la présidence d'honneur de la campagne de souscription
de l'Université Laval, en 1966. Une campagne à
l'objectif ambitieux: 35 000 000 $, "la plus grande campagne
jamais entreprise par une université canadienne".
Un jalon important de 15 000 000 $ souscrits permettra notamment
la construction du PEPS, premier complexe sportif d'envergure
de la région de Québec.
Années 80, années de l'individualisme apathique?
Sûrement pas du côté des partenaires de l'Université
Laval! Après une période difficile de contraintes
budgétaires, l'Université cherche à donner
un nouveau souffle à son développement. La campagne
Partenaires pour le progrès sous la présidence
de Jean-Marie Poitras, alors président et chef de la direction
de La Laurentienne, mutuelle d'Assurance, se met en branle en
1986 avec un objectif de 25 000 000 $. Avec l'appui des chambres
de commerce de la région et celui d'une armada de gens
d'affaires, sans oublier une mobilisation exceptionnelle de la
communauté universitaire, Partenaires pour le progrès
s'inscrit dans les annales avec un dépassement d'environ
60 % de son objectif. Grand total: 43 000 000 $.
D'autres défis
À l'automne 1994, l'avocat et ex-président
d'Hydro-Québec Richard Drouin accepte la présidence
de La Campagne Défi et forme son cabinet de campagne.
"L'Université Laval veut continuer d'être ce
partenaire actif de l'évolution sociale et aider la société
à relever trois des grands défis auxquels elle
est confrontée: le défi de la formation et de l'emploi,
le défi du progrès scientifique et technique, le
défi de l'internationalisation des échanges",
peut-on lire dans la brochure de campagne. Des milliers de bénévoles
mettent la main à la pâte pour atteindre l'objectif
de 60 000 000 $. Le 29 octobre 1998, on annonce un résultat
final de 63 700 000 $. On retiendra notamment la forte augmentation
du soutien des diplômés à leur alma mater,
plus de 33 %. En tout, c'est près de 30 000 individus
et plus de 300 entreprises qui ont appuyé l'Université
Laval, un record absolu.
Révolutions intellectuelles, révolutions économiques,
révolutions artistiques, révolutions médicales.
Depuis un siècle et demi, l'Université Laval tient
un rôle de premier plan au cur des transformations de notre
société. Cent cinquante ans d'histoire, moment
charnière pour une université aux réussites
remarquables qui a toujours bénéficié du
soutien des individus, preuve qu'elle est bien ancrée
dans son milieu et que la philanthropie se porte assez bien merci!
L'année 2002 marque la préparation d'une nouvelle
grande campagne, placée sous la présidence d'honneur
du très honorable Brian Mulroney. L'Université
Laval, De toutes les révolutions et plus que jamais
"à nul autre comparable"! À suivre
L'exposition "Un siècle de philanthropie" sera
présentée aujourd'hui et demain, les 20 et 21 février,
à l'Agora du pavillon Alphonse-Desjardins, les 24, 25,
26, 27 et 28 février à la Salle d'exposition du
pavillon Jean-Charles-Bonenfant, les 10 et 11 mars à l'
Atrium du pavillon Palasis-Prince, et les 13 et 14 mars dans
le Hall no 2 du pavillon Charles-De Koninck.
NATHALY DUFOUR
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