Trouver pour servir
Trois recherches réalisées par
des équipes de l'Université figurent au palmarès
des dix découvertes de l'année du magazine Québec
Science
La démonstration de l'existence d'un système
immunitaire dans le cerveau par l'équipe de Serge Rivest,
l'élucidation du lien entre le diabète et l'obésité
par le groupe d'André Marette et la découverte
d'une forêt fossile datant de 2 millions d'années
sur l'Île Bylot par Daniel Fortier et Michel Allard ont
retenu l'attention des juges, à l'occasion de la 10e compilation
annuelle des bons coups de la recherche au Québec réalisée
par le magazine Québec Science.
Un jury, composé de journalistes scientifiques de Québec
Science, de Radio-Canada, de La Presse et du Canal
Z, a procédé au délicat exercice de sélectionner,
à travers toutes les découvertes publiées
dans les derniers mois, les dix réalisations majeures
effectuées dans les universités, les entreprises
privées ou les centres de recherche gouvernementaux du
Québec. Les découvertes retenues doivent avoir
des impacts importants, autant pour l'ensemble de la connaissance
que pour le bien-être de la société.
Le magazine de vulgarisation scientifique livre le fruit des
cogitations du jury dans son édition de février
2003. La direction du magazine a institué cet exercice
annuel - dont elle reconnaît la relative subjectivité
- dans le but de présenter les résultats de travaux
accomplis par des chercheurs de talent et, à travers eux,
de saluer toute la recherche scientifique québécoise.
Cerveau direction
Sylvain Nadeau et Serge Rivest, du Centre de recherche du
CHUL, ont démontré que le cerveau possède
son propre système de défense pour contrer les
envahisseurs. Ce système orchestrerait l'élimination
des bactéries et des virus qui s'infiltrent jusqu'au cerveau.
Malheureusement, dans certaines circonstances, ce mécanisme
de défense pourrait se retourner contre les neurones et
causer la plupart, sinon l'ensemble, des maladies neurodégénératives.
"Lorsque ce système s'emballe, il cesse de reconnaître
ses propres neurones et, au lieu de les protéger, il les
attaque, explique Serge Rivest. Ces agressions chroniques provoquent
la destruction progressive et lente des neurones, caractéristique
de la plupart des maladies neurodégénératives,
notamment la sclérose en plaque, la sclérose latérale
amyotrophique, la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson."
Problème de taille
André Marette et Mylène Perreault, du Centre
de recherche du CHUL, ont démontré le rôle
d'une enzyme, appelée iNOS, dans la relation entre l'obésité
et le diabète. Les chercheurs ont découvert que
l'obésité induite par un régime riche en
graisses provoque la production de cytokines par les cellules
adipeuses qui, à leur tour, stimulent l'expression de
l'enzyme (iNOS). Les quantités anormales de monoxyde d'azote
produites par l'action de cette enzyme entravent l'action de
l'insuline, empêchant le glucose de pénétrer
à l'intérieur des muscles. S'ensuit ce que les
scientifiques ont appelé le syndrome de résistance
à l'insuline qui met la table au diabète de type
2. Présentement, 150 millions de personnes à travers
le monde seraient atteintes de cette maladie et l'Organisation
mondiale de la santé prévoit qu'il y en aura 300
millions en 2025, en raison de l'épidémie d'obésité.
Environ 75 % des personnes qui souffrent de ce type de diabète
meurent subséquemment de maladies cardiovasculaires. "Notre
découverte risque d'avoir une incidence clinique, puisque
85 % des cas de diabète de type 2 sont attribuables à
l'obésité", signale André Marette.
Bois antique
Lors des travaux effectués sur l'Île Bylot, dans
l'Arctique canadien, les chercheurs Daniel Fortier et Michel
Allard du Centre d'études nordiques (CEN) ont découvert
une forêt fossile, conservée dans un état
remarquable. Il faut aller 1 500 km plus au sud pour trouver
une forêt vivante composée d'arbres de dimensions
comparables. Les analyses effectuées par une équipe
de chercheurs du CEN ont révélé que cette
forêt fossile serait âgée de 2 à 2,5
millions d'années. Elle constitue donc un des rares sites
témoins des changements climatiques survenus entre le
Tertiaire et le Quaternaire, souligne l'étudiant-chercheur
Daniel Fortier.
L'étude des restes végétaux retrouvés
dans la forêt fossile a permis l'identification de nombreuses
espèces de plantes typiques de la forêt boréale
actuelle, mais aussi de plantes totalement inattendues et même
de quelques taxons aujourd'hui disparus. Selon le chercheur Claude
Lavoie, qui a effectué une partie des analyses, cette
forêt ne serait pas un simple échantillon de l'actuelle
forêt boréale transposée dans un site plus
nordique, mais une formation écologique qui n'a aucun
équivalent de nos jours.
Mentionnons enfin que deux professeurs associés du Département
de géologie et de génie géologique, Christian
Bégin et Michel Parent, font partie de l'équipe
de la Commission géologique du Canada qui a réalisé
une autre découverte retenue par Québec Science.
Ces chercheurs ont démontré que le dioxyde de soufre
diminuait de 25 % la capacité d'absorption du carbone
par les arbres.
JEAN HAMANN
|