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12 décembre 2002 ![]() |
Une équipe du Centre de recherche en infectiologie
vient d'identifier un nouveau produit capable de stopper la multiplication
du virus du sida. Cet inhibiteur, appelé rapamycine, est
présentement utilisé pour prévenir les rejets
chez les personnes qui subissent des greffes d'organes. Mais,
insistent les chercheurs, il ne faut surtout pas laisser miroiter
d'espoirs démesurés sur le potentiel de ce médicament
qui n'a pas encore fait ses preuves chez les sujets humains.
Jocelyn Roy, Jean-Sébastien Paquette, Jean-François
Fortin et Michel Tremblay rapportent, dans le numéro de
novembre de la revue scientifique Antimicrobial Agents and
Chemotherapy, que même à des concentrations relativement
faibles, la rapamycine parvient à réduire très
significativement la réplication du virus du sida en laboratoire.
Les chercheurs de la Faculté de médecine sont les
premiers à avoir eu l'idée de tester ce produit
contre le sida. "Le VIH est un parasite du système
immunitaire et la rapamycine est un produit qui inhibe le système
immunitaire, explique Michel Tremblay. Nous avons donc pensé
qu'il pourrait peut-être empêcher l'activation du
virus."
De nombreuses molécules testées en laboratoire parviennent
à bloquer la multiplication du virus du sida, souligne
Michel Tremblay. "Le problème avec la plupart ce celles-ci
est qu'elles sont toxiques pour la cellule hôte. La rapamycine,
elle, ne cause aucun problème de toxicité.".
Autre caractéristique intéressante, cet immunosuppresseur
n'intervient pas à la même étape du cycle
du virus que des médicaments comme l'AZT, ce qui ouvre
une nouvelle fenêtre pour étudier les mécanismes
qui interviennent dans sa multiplication.
Bien d'autres études seront nécessaires afin d'établir
la pertinence d'utiliser la rapamycine en conjugaison avec les
médicaments déjà prescrits aux personnes
atteintes de sida, reconnaît Michel Tremblay. "Ces
tests exigent des moyens énormes. Pour cette raison, nous
avons publié nos résultats sur l'effet inhibiteur
de la rapamycine sur le VIH afin d'en informer la communauté
scientifique et n'avons pas fait breveter cet usage du produit.
Si un autre groupe veut poursuivre les travaux, il a le champ
libre."
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