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12 décembre 2002 ![]() |
"Taiwan et la Chine sont présentement dans une impasse.
Il existe une très grande méfiance entre nous et
il est exagéré de parler d'unification pour le moment."
Selon Thomas Chen, représentant du Bureau économique
et culturel de Taipei au Canada, les différences idéologiques
expliquent les rapports difficiles qu'entretient l'île capitaliste
de Taiwan quinzième puissance économique du
monde - avec sa formidable voisine communiste, la Chine continentale.
"La Chine, malgré ses réformes économiques,
accuse toujours un très grand retard dans son ouverture
à l'économie de marché, indique-t-il. Mais
nous sommes prêts à attendre afin d'être comparables.
Car notre politique demeure celle du rapprochement. Et nous sommes
prêts à négocier sur la base de trois principes:
l'égalité, la démocratie et le recours à
des moyens pacifiques."
Thomas Chen a prononcé une conférence sur les rapports
entre Taiwan et la Chine, le mercredi 4 décembre au pavillon
Charles-De Koninck. L'activité était organisée
par le Groupe d'études et de recherche sur l'Asie contemporaine.
Ce groupe est membre de l'Institut québécois des
hautes études internationales de l'Université Laval.
Référant au discours prononcé par le président
taiwanais le jour de l'An 2000, le conférencier a expliqué
que les Chinois et les Taiwanais sont comme des frères
et qu'ils ont tout intérêt à se comprendre.
"Le président, dit-il, souhaitait que les deux parties
libéralisent leurs échanges culturels et commerciaux
et qu'elles construisent graduellement une confiance mutuelle
pour ensuite discuter d'intégration politique."
Des arguments historiques
Ancien professeur d'université au Canada, également
ancien avocat, Thomas Chen représente le gouvernement taiwanais
et ses vues coïncident avec celles de son gouvernement. Il
souligne que le Bureau pour lequel il travaille a tout d'une ambassade,
sauf le nom. Selon lui, cette situation découle des prétentions
de la Chine qui, pour des raisons principalement historiques,
revendique l'île comme l'une de ses provinces. "La
question qu'il faut alors se poser, dit-il, est: Jusqu'à
quand faut-il remonter dans le temps pour déterminer la
souveraineté d'un pays sur un territoire?" Thomas
Chen rappelle que Taiwan a changé de maître en plusieurs
occasions en 400 ans. "Depuis 107 ans, ajoute-t-il, nous
n'avons été officiellement liés à
la Chine que durant quatre années."
Une double réussite
En un demi-siècle d'efforts, une île sous-développée
et agricole, située à environ 150 kilomètres
des côtes chinoises, s'est métamorphosée en
une véritable société de l'avenir, forte
de 23 millions d'habitants, et dont 98 % des exportations sont
des produits industriels, la plupart arborant l'étiquette
"technologie de pointe". Cette réussite s'accompagne
de progrès remarquables sur le plan politique, c'est-à-dire
au chapitre des droits de la personne et de l'état de droit.
"Taiwan arrive de loin et elle s'est affirmée comme
l'une des nations les plus démocratique du monde",
indique le conférencier.
Sur le plan international, Taiwan a dépensé des
centaines de millions de dollars US dans l'aide aux pays en développement.
Depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis,
elle a financé la lutte antiterroriste internationale à
la hauteur de 100 millions de dollars US. "Cependant, à
l'exception de l'Organisation mondiale du commerce, du Forum annuel
de coopération économique Asie-Pacifique et de la
Banque asiatique de développement, nous ne sommes membres
d'aucune organisation internationale à cause de l'opposition
de la Chine", déplore Thomas Chen.
Depuis 1955, Taiwan fait partie de la zone de protection américaine.
Cela n'a pas empêché la Chine de pointer environ
400 missiles en direction de l'île, ni d'en ajouter une
cinquantaine chaque année. "Si jamais une guerre éclatait,
souligne le conférencier, cela aurait des conséquences
désastreuses parce que cela ouvrirait la porte de toute
la région à la Chine."
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