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5 décembre 2002 ![]() |
Cinq ans après avoir gardé un silence discographique
que l'on aurait souhaité plus bref, l'altiste Chantal Masson-Bourque,
professeure à la Faculté de Musique de l'Université
Laval, et la pianiste Mariko Sato, ex-chargée de cours
à la Faculté qui enseigne aujourd'hui au Cégep
de Joliette, réapparaissent avec Altitude maximale,
lancé dimanche dernier à la salle Henri-Gagnon.
Cet album aux confidences chambristes s'ouvre sur la partition
qui a prêté son nom et au titre du disque et à
celui de la toile cosmique (signée Antoine Dumas) qui illustre
son livret: Altitude maximale, op. 44 d'Alain Gagnon (né
en 1938), elle-même inspirée d'un poème de
John Gillespie-Magee, un jeune aviateur de 19 ans, décédé
en plein vol, en 1941. Cette partition est d'ailleurs dédiée
à Chantal Masson-Bourque, à la mémoire de
son fils Sébastien, pilote, retourné dans l'harmonie
des sphères le 16 mai 1998, à l'âge de 25
ans. On nous offre ensuite la Sonate pour alto et piano
d'André Prévost (1934-2001), une composition extrémiste
aux exigences techniques intimidantes qui s'étale intensément,
à travers les divers contrastes climatiques de ses deux
mouvements (très lent / très rapide) pressés
ou oppressés par l'horloge, dans l'expressif registre
déclamatoire d'une portée aux antipodes "circumsolaire"
/ "circumlunaire".
La compositrice Eleanor Cory (née en 1943) se livre, quant
à elle, à quelques Interviews charmantes
au cours desquelles les deux interlocutrices échangent
ou monologuent par stances de circonstances sur la trame discursive
du hautement médiatique contrepoint de presse. C'est à
une escapade sous les tropiques que nous invite, par ailleurs,
l'architecte et pianiste George Leahy (né en 1955) avec
La Reine africaine. D'un exotisme confondant, cette équipée
fiévreusement rythmée, aux procédés
bigarrés, nous plonge au cur d'un safari-photo dans une
brousse où, comme l'écrit Chantal Masson-Bourque,
"rugissements et cris d'oiseaux flamboyants tournoient dans
les battements hypnotisants des tambours".
Les dernières plages nous révèlent une autre
facette du talent indéniable de Jeanne Landry (née
en 1922), ex-professeure à la Faculté de musique,
celle-là même qui a composé l'hymne de l'Université.
Axé résolument vers la fin du XIXe et le début
du XXe siècle, son Quatuor pour cordes et piano nous
éloigne à coup sûr des de la fébrilité
de la société actuelle et nous fait retourner à
la belle époque des Franck, Chausson, Lekeu, Fauré,
Widor ou Vierne. La violoniste Michiko Nagashima et la violoncelliste
Huguette Morin, toutes deux membres du Quatuor Laval et de l'Orchestre
symphonique de Québec, se sont jointes à Masson-Bourque
et Sato lors de l'enregistrement de cette uvre.
Soulignons que le disque Altitude maximale, paru chez la
Société nouvelle d'enregistrement (SNE-662-CD),
a pu être réalisé grâce à une
subvention du programme Soutien à la création en
milieu universitaire de l'Université Laval. On peut se
le procurer (au prix de 15 $) au secrétariat de la Faculté
de musique, situé au 3312, pavillon Louis-Jacques-Casault,
et chez les bons disquaires.
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