5 décembre 2002 |
Le 19 novembre, au terme de sa conférence publique au pavillon Alphonse-Desjardins, André Boisclair, ministre d'État aux Affaires municipales et à la Métropole, à l'Environnement et à l'Eau, a remis à Nancy Demers, étudiante à la maîtrise en économie de l'environnement, la bourse de maîtrise GREEN/Environnement Québec d'un montant de 18 000 $. Le GREEN est le Groupe de recherche en économie de l'énergie, de l'environnement et des ressources naturelles de l'Université Laval. "Sans dire que je suis écologiste, je suis quand même sensibilisée aux questions environnementales, explique Nancy Demers. Il me semble que depuis que je suis haute comme trois pommes que l'on nous dit qu'il ne faut pas polluer et qu'il est important de recycler. Et l'actualité soulève régulièrement des débats publics dans ce domaine." Elle ajoute avoir pris goût aux problématiques environnementales durant son bac spécialisé en économique. Son premier cours à option, sur l'économie de l'environnement, l'avait littéralement fascinée.
Une norme universelle
Mis en marche il y a quelques mois, le projet de mémoire
de Nancy Demers porte sur l'impact environnemental et économique
de la certification ISO 14 000 au Canada. Cette norme a vu le
jour en 1996. Comme la norme ISO 9 000 lancée quelques
années plus tôt, ce système de gestion, qui
comporte de nombreuses règles, peut être appliqué
dans tous les types d'entreprises et ce, partout au monde. Si
ISO 9 000 vise à assurer une qualité égale
aux produits, ISO 14 000 a pour objectif d'aider l'entreprise
à respecter les règles qu'elle s'est données
afin que ses activités soient moins dommageables pour l'environnement.
Ces directives peuvent porter sur la gestion des déchets,
par exemple le recyclage du métal, du plastique ou du papier
utilisé dans le processus de production. Cela concerne
aussi le traitement de produits chimiques, ou bien l'installation
de filtres anti-émissions atmosphériques. "L'implantation
de ISO 14 000 demande un volume d'informations et de connaissances
plus élevé que ISO 9 000, indique Nancy Demers.
Ce n'est pas évident, par exemple, d'évaluer l'impact
d'un produit chimique sur le sol, l'air et l'eau."
Se certifier par intérêt
Selon elle, il faut garder à l'esprit que les entreprises
qui adoptent ISO 14 000 n'ont pas toutes l'environnement comme
priorité. "On a l'impression, dit-elle, que si les
entreprises prennent des initiatives pour améliorer leur
performance sur le plan environnemental, c'est qu'il y a un intérêt
pour elles à le faire, qu'elles s'attendent à certains
bénéfices économiques, sinon elles ne se
certifieraient pas. Ainsi, dans le cas d'ISO 9 000, des entreprises
certifiées exigent de leurs fournisseurs qu'ils se certifient
à leur tour." Elles peuvent aussi y voir des bénéfices
juridiques. Comme dans le cas du déversement accidentel
d'un produit chimique dans le cours d'eau voisin, déversement
qui aurait des conséquences environnementales graves. L'entreprise
certifiée, qui invoquerait l'argument juridique de diligence
raisonnable, pourrait être moins pénalisée
parce qu'elle a fait tout ce qu'elle a pu pour éviter l'accident.
Au Canada, plus de 700 entreprises sont certifiées ISO
14 000. Au Québec, elles sont environ 150. Selon Nancy
Demers, il existe très peu d'études portant sur
les motivations des entreprises qui se lancent dans cette aventure,
et sur les résultats obtenus. "Mon mémoire,
souligne-t-elle, vise à clarifier tout ça."
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