5 décembre 2002 |
"Je dénonce la CADEUL"
La CADEUL (Confédération des associations d'étudiants
et étudiantes de l'Université Laval) est cet organisme
qui a pour mission de promouvoir les intérêts de
ses membres, les étudiants au premier cycle, auprès
des différentes autorités. J'étudie depuis
maintenant trois ans à Laval et je me suis rendu compte
que, bien qu'elle offre des services intéressants, la CADEUL
a tendance à nuire aux étudiants depuis quelque
temps. Également, plutôt que d'adopter la réelle
opinion de la masse étudiante, on dirait que ses prises
de position ne sont en fait qu'une systématique opposition
au pouvoir. Le pire dans tout ça, c'est que les arguments
que la CADEUL avance pour tenter de défendre ses diverses
positions sont souvent contradictoires et complètement
insensées. Ce que je vais essayer de vous démontrer
ici est l'incohérence flagrante de l'organisme et le danger
qu'il peut représenter par ses actions.
Parlons encore une fois du dossier des 180 $. Je sais que vous
êtes tous pas mal tannés d'en entendre parler, mais
je me dois absolument de vous entretenir sur ce sujet afin de
vous prouver mes opinions. Vous savez que la CADEUL prône
le boycott du paiement des frais de scolarité afin de lutter
contre l'imposition des frais de gestion de 180 $ proposés
par le recteur Tavenas en mai dernier, visant à réduire
le déficit et la dette universitaire. De plus, afin de
faire reculer l'Université dans ses démarches d'imposer
les frais de gestion, la CADEUL a entrepris une campagne visant
vraisemblablement à ternir la réputation de notre
institution. Elle a publié dans l'ensemble des cégeps
et universités des affiches indiquant pourquoi on devrait
éviter l'Université Laval. Vous avez très
bien lu. Je ne sais absolument pas quel est l'objectif poursuivi
par la CADEUL, mais chose certaine, cela n'aidera sans doute pas
à payer le déficit et la dette. L'effet de cette
campagne sera sans doute de faire diminuer le nombre d'inscriptions
à l'Université l'an prochain, ce qui aura comme
conséquences d'affaiblir notre institution (par la diminution
de la masse étudiante, du corps professoral, des activités
de recherche, etc.), d'augmenter la dette et ultimement d'augmenter
la facture présentée aux étudiants. Je trouve
déplorable le manque de vision de la CADEUL dans l'application
de ce moyen de pression. Le pire dans cette campagne, c'est que
les raisons invoquées dans les affiches sont extrêmement
discutables et contradictoires de surcroît.
La première affiche est intitulée "À
Laval, le déficit est facturé aux étudiants".
En partant, je ne comprends par exactement pourquoi il s'agit
d'une raison d'éviter Laval, car dans le fond, ce sont
les étudiants qui bénéficient des services
offerts. On peut y lire que la hausse des frais totaliserait 4,35
M$, ce qui permettrait de payer le déficit de 4,25 M$,
et que ceci est une clause du contrat de performance. Le contrat
de performance consiste en des engagements budgétaires
supplémentaires du gouvernement de l'ordre de 87,5 M$ pour
les années 2000 à 2003, si l'Université réussit
à atteindre divers objectifs qui ont été
établis lors de la signature, dont ceux d'améliorer
la qualité de l'enseignement et de réduire la dette
et le déficit. La CADEUL, qui souhaite une plus grande
implication du gouvernement, serait donc servie si nous décidions
de payer les frais de 180 $. Aussi, dans la même affiche,
on lit que les professeurs et les administrateurs se permettent
une augmentation de salaire. Je ne sais pas si vous vous souvenez,
mais la CADEUL a ouvertement appuyé les membres du SPUL
(Syndicat des professeur(e)s de l'Université Laval) lors
de leur grève l'an passé. Un des objectifs du syndicat
était de signer une convention collective qui inclurait
une hausse salariale pour ses membres. Même si elle ne s'est
pas prononcée concernant cet aspect des négociations,
la CADEUL, qui s'était fait l'alliée du SPUL, se
tourne maintenant contre les professeurs. Ceci démontre
assez bien l'incohérence de l'organisme et le peu de respect
qu'il a pour le corps professoral. Par ailleurs, cette grève
approuvée par la CADEUL a vraiment failli ruiner la session
de plusieurs. Est-ce que c'est ça promouvoir les intérêts
des étudiants?
La deuxième affiche s'intitule: "À Laval, la
facture grimpe et la qualité baisse". On y lit que
malgré la hausse des frais de scolarité, on ne va
pas améliorer la qualité de l'enseignement et que
l'argent ne sera affecté qu'au déficit. Sur cette
affirmation, la CADEUL vous ment catégoriquement. Sur les
180 $ qui constituent la hausse des frais, 30 $ sont en fait une
augmentation des frais afférents, c'est-à-dire que
cet argent est affecté à l'amélioration des
services offerts aux étudiants. Selon l'un des officiers
de la CADEUL, il s'agit d'une somme prévue depuis plus
d'un an et qui a été discutée par la direction
universitaire et par l'association. Pour ce qui est de la somme
de 150 $ qui reste, il est vrai que de nouveaux services ne seront
pas créés, mais il est toutefois assez logique de
s'occuper du déficit et de la dette avant de songer à
se lancer dans les dépenses non essentielles. De plus,
en payant ces frais, on va prévenir une diminution de la
qualité de l'enseignement. N'est-ce pas là un objectif
souhaitable? Par la suite, il est écrit que des compressions
budgétaires de 2 M$ ont été effectuées
au cours des dernières années. Je vois ça
comme une action responsable de la part de la direction, car on
tente de diminuer le fardeau financier des étudiants le
plus possible. Ainsi, si ces compressions n'avaient pas eu lieu,
ce ne serait sans doute pas 180 $ que nous aurions à débourser,
mais bien quelque chose dans l'ordre de 270 $ ou plus.
Le titre de la troisième affiche est "À Laval,
l'administration ignore les étudiants". Encore là,
je trouve que cet énoncé est erroné car j'ai
bien démontré le souci de l'administration universitaire
de réduire la dette accumulée et d'équilibrer
le budget en tentant de minimiser la facture pour les étudiants.
On y insinue que les étudiants n'ont absolument pas été
consultés dans cette prise de décision. À
cela, je réponds que plusieurs étudiants siègent
au Conseil universitaire, au Comité exécutif et
au Conseil d'administration de l'Université Laval, trois
instances s'étant prononcées en faveur de l'instauration
des frais de gestion. Il est aussi indiqué sur la pancarte
que la hausse de 180 $ va nuire à la réussite et
augmentera la durée des études. Excusez-moi, mais
je ne peux pas m'empêcher de crier haut et fort que c'est
le pire sophisme que j'ai entendu de ma vie. On dit en plus que
350 personnes seront obligées de décrocher faute
de financement. Juste pour vous faire réaliser à
quel point cela est improbable, la hausse de 180 $ annuelle pourrait
être remboursée par 1/2 heure de travail hebdomadaire
au salaire minimum pour l'année, ou en économisant
3,50 $ par semaine annuellement. Il y a fort à douter qu'une
personne décide de décrocher une fois rendue au
niveau universitaire, pour un aussi petit sacrifice. De plus,
un rapport publié en septembre 2002 par la "Fondation
canadienne des bourses d'études du millénaire"
affirme qu'il n'existe pas de corrélation entre la fréquentation
des établissements universitaires et les frais à
débourser pour payer ses études. Sachez également
que les étudiants des autres universités québécoises
doivent payer les frais de gestion depuis déjà deux
ans, sous une forme ou une autre.
Sur la même affiche, la CADEUL accuse la direction de l'Université
de n'avoir cherché aucun moyen de rechange pour combler
le déficit. Souvenez-vous qu'à la fin de l'année
1999, une compagnie de boisson gazeuse qui préfère
ne pas être nommée a proposé un contrat d'exclusivité
à l'Université. L'entente aurait été
de ne vendre que ses produits sur le campus en échange
de sommes d'argent importantes. Notre chère CADEUL s'est
farouchement opposée à ce que l'on puisse acheter
qu'une seule marque de cola, et a lancé une vaste campagne
de sensibilisation pour que l'on vote contre ces contrats d'exclusivité
lors d'un référendum proposé aux étudiants.
1 500 étudiants se sont prononcés et ce sont 65
% des gens s'étant exprimés qui ont voté
comme la CADEUL le voulait. Si sa prise de position avait été
différente, les proportions auraient sans doute changé
et les contrats auraient été signés. La dette
de l'établissement se serait sans doute mieux portée
et les frais de gestion à payer auraient sans doute été
diminués ou peut-être n'auraient-ils jamais été
proposés. N'est-ce pas une autre marque d'incohérence?
Pour conclure, la CADEUL a nui à ses membres à
plusieurs reprises au cours des dernières années.
En plus, les prises de position et les arguments avancés
pour les appuyer ne tiennent absolument pas debout. Également,
je considère que la dernière campagne de la CADEUL,
celle visant à salir la réputation de l'Université
Laval, est carrément un manque de respect envers les étudiants
et envers l'institution elle-même. Les conséquences
qui en découleront ne seront que négatives. En plus
des conséquences que je vous ai décrites plus haut,
il en reste une qui est pire que toutes les autres. En portant
atteinte à la réputation de l'Université,
c'est directement la valeur du diplôme qui nous sera remis
dans quelques années qui sera altérée, car
c'est sur le prestige d'une institution que repose la valeur des
diplômes qu'elle émet. Pour toutes les raisons que
je vous ai présentées, je dénonce à
haute voix la CADEUL! Au lieu de boycotter les frais de gestion
de 180 $, je vous propose plutôt de boycotter votre cotisation
de 8 $ par session à l'organisme. En plus de réduire
les moyens de propagande de la CADEUL, vous réussirez à
économiser quelques dollars pour la durée de vos
études, ce qui vous permettra au moins de payer une partie
des frais de gestion. En passant, les étudiants en médecine
ont voté, lors de la dernière assemblée générale
du RÉMUL (regroupement des étudiants en médecine
de l'Université Laval), en faveur d'une proposition de
prise de position contre le boycott des frais de scolarité
et contre la campagne de salissage. Vous devriez en faire autant.
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