28 novembre 2002 |
Faire entrer le sport d'élite des régions de
Québec et de Chaudière-Appalaches dans le 21e siècle,
cela signifie considérer l'entraîneur comme un véritable
professionnel. Cela veut aussi dire que les athlètes, qui
s'entraînent fréquemment entre 20 et 25 heures par
semaine, puissent avoir accès à des services spécialisés
de nutrition sportive, de psychologie sportive et d'évaluation
de leur état d'entraînement. D'autres avenues à
considérer sont l'accès régulier à
des plateaux spécialisés d'entraînement, la
possibilité d'obtenir des libérations et des modifications
d'horaires d'examens et de cours afin de mieux concilier les études
et l'entraînement, ainsi que la création d'un centre
national d'entraînement à Québec.
Tels sont les principaux résultats d'une étude récente
de Guylaine Demers, professeure au Département d'éducation
physique, réalisée pour le compte du Secrétariat
au loisir et au sport du gouvernement du Québec. Sa recherche
visait à identifier les besoins réels en sciences
du sport pour les athlètes, entraîneurs et gestionnaires
du sport de haut niveau des régions de Québec et
de Chaudière-Appalaches. Près de 160 athlètes
de niveaux "relève", "élite"
(calibre provincial) ou "excellence" (calibre national),
précédemment identifiés par le Secrétariat,
ont répondu à un questionnaire. Une quarantaine
de disciplines sportives, aussi bien individuelles que collectives,
étaient représentées, dont la gymnastique
artistique et le volleyball. Une dizaine d'athlètes ainsi
que 15 entraîneurs ont aussi participé à des
entrevues de groupe.
Une profession méconnue
Selon Guylaine Demers, le besoin le plus criant exprimé
par les entraîneurs touche à la professionnalisation.
"Je ne suis pas certaine que les gens comprennent vraiment
la complexité du travail d'un entraîneur, surtout
avant d'arriver au niveau de la haute performance, explique-t-elle.
Si je suis avec une équipe de niveau "relève",
où existe un potentiel pour la compétition, j'agis
comme psychologue sportif et comme préparateur physique.
Cela me demande des connaissances variées, notamment en
nutrition et en physiologie de l'effort."
Au Québec, comme au Canada anglais, la plupart des entraîneurs
n'exercent leur métier qu'à temps partiel. Ils ne
peuvent donc offrir aux athlètes toute la disponibilité
dont ceux-ci ont besoin. Cette précarité crée
par ailleurs un roulement important chez les entraîneurs,
particulièrement chez ceux qui s'occupent des plus jeunes
athlètes. Résultat: ces derniers, qui sont à
une période cruciale de leur développement, se retrouvent
constamment avec de jeunes entraîneurs peu expérimentés,
ce qui a pour effet de ralentir leur progression.
Des expertises essentielles
Guylaine Demers tient à souligner l'importance grandissante
des différentes expertises au fur et à mesure que
l'athlète monte dans l'échelle de la performance.
L'une d'elles consiste à mesurer l'efficacité de
la planification de l'entraînement de l'athlète.
"Si je veux savoir si les deux mois que je viens de passer
à m'entraîner ont eu l'impact désiré,
poursuit-elle, il faut que je puisse être évalué."
Elle indique que beaucoup d'athlètes doivent acquérir
par essais et erreurs les notions de base de la nutrition sportive.
"Ça déborde le Guide alimentaire canadien,
explique-t-elle. Un athlète a besoin d'un apport calorique
important. Il doit tenir compte, entre autres, des protéines,
des combinaisons alimentaires et des modifications à apporter
à son alimentation quelques jours avant la compétition."
Avec le passage du secondaire au collégial, le jeune athlète
découvre que les études et l'entraînement
deviennent plus exigeants. Il se rend compte également
que les ententes individuelles avec les professeurs sont plus
difficiles à prendre. "Souvent, l'athlète se
retrouve devant un dilemme, soutient Guylaine Demers: lâcher
l'entraînement ou l'école parce que les deux ne sont
plus conciliables."
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