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14 novembre 2002 ![]() |
Quarante ans après la Révolution tranquille,
les trois principaux partis politiques du Québec sont d'accord
sur au moins une chose: le "modèle québécois"
doit être revu et adapté à la réalité
des années 2000. Ce modèle consiste en une façon
de faire propre au gouvernement du Québec, dans différents
domaines, notamment en ce qui concerne l'éducation, les
institutions culturelles et la recherche et développement.
Pour le Parti québécois, moderniser le modèle
québécois signifie que l'"État-développeur"
doit faire place à un "État-stratège"
capable de rallier l'ensemble de la société autour
de grands objectifs. Pour l'Action démocratique, un État
renouvelé doit promouvoir un "patriotisme de responsabilité"
et gouverner davantage dans l'intérêt général.
Le Parti libéral, quant à lui, prône la mise
en place d'un "État-Astérix" plus cérébral
et plus modeste, mais aussi moins musculaire et moins envahissant
que l'actuel "État-Obélix".
Ces différents points de vue ont été exprimés
lors d'un débat présenté le mercredi 6 novembre
au pavillon Alphonse-Desjardins sur le thème "Quel
modèle québécois pour les années 2000?".
La rencontre était organisée par L'annuaire du
Québec et les Éditions Fides, en collaboration
avec la CADEUL.
Un modèle en émergence
L'État-stratège, que Pauline Marois, vice-première
ministre du Québec et ministre d'État de l'Économie
et des Finances, dit voir émerger, devra fonctionner par
objectifs plutôt que par programmes ou par structures. "Cet
État, explique-t-elle, devra soutenir les projets de citoyens
qui ont des idées plutôt que les réaliser
lui-même. Nos institutions devront être modifiées
pour que le citoyen ait une meilleure prise sur les décisions
et les décideurs. En ce qui concerne les régions,
pourquoi ne pas décider de remettre une partie de l'assiette
fiscale entre les mains des décideurs locaux?"
Un modèle québécois renouvelé, cela
veut dire un État qui prend ses responsabilités
quant à la gestion de ses budgets et quant à l'allégement
de la réglementation, estime, pour sa part, Guy Laforest,
professeur au Département de science politique et président
de l'ADQ. "Il faut notamment rétablir le lien de confiance
entre gouvernants et gouvernés, ajoute-t-il. Ce nouveau
modèle consiste également à faire la politique
du réel dans les relations Québec-Canada en déployant
une diplomatie quotidienne, raffinée et intelligente."
Selon lui, l'État québécois doit effectuer
une décentralisation sérieuse de l'appareil de la
fonction publique, notamment en santé et en éducation.
Selon Monique Jérôme-Forget, députée
libérale de Marguerite-Bourgeoys et porte-parole de l'Opposition
officielle en matière de Finances, un virage serré
s'impose pour l'État québécois qu'elle qualifie
de paternaliste, sclérosé et tentaculaire. L'occasion
est belle, selon elle, de repenser le fonctionnement de l'appareil
gouvernemental, puisque 40 % des fonctionnaires pourront prendre
leur retraite d'ici dix ans. "Notre modèle à
nous, précise-t-elle, est un État qui se concentre
sur l'essentiel, qui mise sur la concurrence et la transparence
et qui est capable de secouer nos complaisances."
Objectif santé
Les interventions durant la période de questions ont
tourné en bonne partie autour de l'avenir du système
de santé. Depuis quatre ans, le gouvernement augmente chaque
année de 6,4 % le budget de ce système. Citant l'Ontario
en exemple avec 47 % du budget provincial dévolu à
ce secteur, Monique Jérôme-Forget affirme qu'il faut
réinvestir dans un système public appuyé
par le secteur privé. Pour sa part, Guy Laforest estime
qu'il faut des changements beaucoup plus importants que ne le
disent les deux autres partis. "En 2020, dit-il, 25 % de
la population sera âgée de 65 ans et plus. Il faut
trouver une façon de gérer ce système autrement."
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