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14 novembre 2002 ![]() |
Présentement, plus d'un millier d'étudiants et étudiantes
de Laval travailleraient de façon active à des projets
de démarrage d'entreprises. Ces entrepreneurs dans l'âme
proviendraient principalement des facultés des Sciences
de l'administration, des Sciences sociales, et des Sciences et
de génie. C'est ce que révèle un sondage
scientifique récent réalisé auprès
de la population étudiante du campus alors que 3,2 % des
600 personnes interviewées ont répondu oui à
la question: Cherchez-vous à démarrer une entreprise?.
Si ces résultats prouvent l'existence d'une force entrepreneuriale
à Laval, différentes questions se posent sur la
place de ce phénomène dans les universités.
Afin de tenter de répondre à ces questions, un débat
spécial de la Chaire publique de l'AELIÉS a eu lieu
le lundi 11 novembre, à l'agora du pavillon Alphonse-Desjardins,
sur le thème: "Entrepreneuriat: les universités
ont-elles leur place?". La rencontre s'est tenue dans le
cadre de la Semaine de l'entrepreneuriat 2002 de l'Université
Laval. Cet événement est organisé en collaboration
avec le vice-rectorat au développement, le Centre d'entrepreneuriat
et de PME, le Regroupement des étudiants entrepreneurs
et Entrepreneuriat Laval.
De la théorie à la pratique
"Dans les cours offerts à l'université,
on nous initie à des outils de base comme apprendre à
faire un plan d'affaires ou faire de la tenue de livre",
indique Patrick Gosselin, président de Gosselin Communication
et diplômé de l'Université. "Mais aller
frapper à la porte d'un client potentiel en vous vendant
comme le meilleur, cela ne s'apprend pas." Selon lui, ni
l'université ni quelque organisme que ce soit ne permet
de prendre véritablement conscience de tout ce qu'implique
la vie entrepreneuriale. "Comme je l'ai constaté par
de nombreux essais et erreurs, dit-il, le parcours en affaires
est très souvent improvisé." Il ajoute que
la meilleure formation est celle qui émane du milieu des
affaires, par exemple les divers ateliers d'information et de
formation offerts par les chambres de commerce. Selon lui, le
succès d'un entrepreneur passe par sa capacité d'adaptation
et par son aptitude à tirer des leçons de ses expériences.
Les raisons habituellement invoquées pour se lancer en
affaires vont du désir d'autonomie à être
son propre patron, quand ce n'est pas carrément faire de
l'argent. Mais pour Jacques Fiset, directeur du Centre local de
développement de Québec, la véritable raison
se trouve ailleurs. "Fondamentalement, ce qui nous mène,
c'est la passion, une passion à réaliser",
soutient-il. Selon Patrick Gosselin, devenir entrepreneur est
d'abord une question d'attitude. "C'est, dit-il, avoir un
goût du défi presque maladif. C'est aussi avoir le
désir de poursuivre presque continuellement son développement."
Un rôle à jouer
Selon Yvon Gasse, professeur de management et directeur du
Centre d'entrepreneuriat et de PME de l'Université Laval,
l'enquête sur le potentiel entrepreneurial met en lumière
des besoins bien précis chez les répondants vis-à-vis
de l'université. "L'Université Laval offre
déjà des activités qui répondent à
un certain nombre de ces attentes, explique-t-il. Les besoins
exprimés consistent à faciliter l'accès aux
réseaux d'affaires. Ils consistent aussi à fournir
des services-conseils d'accompagnement, des stages crédités
en entreprise, de l'aide pour obtenir du financement et du mentorat."
Pour sa part, Patrick Gosselin verrait d'un bon il la mise sur
pied d'ateliers qui mettraient les étudiants en contact
avec des entrepreneurs.
Les universités accordent trop de place au concept d'employabilité,
affirme quant à lui Germain Desbiens, président-directeur
général de la Fondation de l'entrepreneurship. "On
devrait, dit-il, ajouter le concept d'"entrepreneuriabilité",c'est-à-dire
voir l'entrepreneuriat comme une alternative de carrière,
et pas uniquement une porte de sortie pour ceux qui ratent leur
coup aux examens." Selon lui, l'université devrait
être le creuset de l'esprit d'initiative, de l'esprit critique,
de la capacité à sortir des sentiers battus. "L'innovation,
poursuit-il, se trouve toujours hors des sentiers battus et l'entrepreneuriat
se trouve toujours dans l'innovation." Il ajoute que l'université,
avec ses ressources et sa crédibilité, possède
tous les atouts pour apporter une contribution plus importante
aux étudiants et étudiantes sur le plan des valeurs
et de la culture entrepreneuriales.
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