Le courrier du 14 novembre 2002
LE COURRIER
L'ÉCRITURE COMME OUTIL DE TRAVAIL
"L'écriture comme outil de travail" est un
énoncé écrit en majuscules à la page
8 du journal Au fil des événements du 31
octobre 2002. Il perd son caractère anodin lorsqu'on sait
la signifiance de l'événement dont il amorce la
présentation. S'ensuit une description froide de l'événement
"Passeport pour l'avenir", organisé pour les
étudiantes et les étudiants des programmes de littératures
française et québécoise des trois cycles
d'enseignement à la Faculté des lettres.
Lors de cette soirée, des diplômés ont pris
la parole pour témoigner de leur expérience des
études en littérature et de celle d'avoir intégré
cette formation à leur vie. Les propos d'une vingtaine
de ces diplômés sont publiés dans un recueil
d'où l'auteur de l'article tire probablement ses informations.
Dans ce compte rendu du 31 octobre, aucune mention n'est faite
de ce qui fait vibrer ces hommes et ces femmes qui ont témoigné
de leur expérience. Une liste désincarnée
d'habiletés acquises en littérature et de leur pertinence
comme outils de travail y règne en maître. La profondeur
de l'expérience d'être étudiant, le goût
du beau, la recherche de l'harmonie, l'ouverture à soi,
aux autres et à "l'âme du monde" (comme l'exprime
Jean Désy), les plaisirs d'explorer, de découvrir,
de connaître et d'évoluer qui animent pourtant les
propos des diplômés y subissent une fois de plus
le sort souvent fait à l'être et au devenir au profit
du faire. J'en ai contre cette exclusion, bien que je considère
importante l'acquisition d'habiletés spécifiques
lors d'études universitaires.
En lisant le compte rendu dont il est ici question, me reviennent
en mémoire des propos de Riccardo Petrella et sa formulation
du premier des cinq pièges dont il perçoit l'éducation
être actuellement victime: l'éducation pour la "ressource
humaine", ou comment l'éducation pour et par la personne
humaine a été évincée. Je me rends
compte qu'il y a plusieurs formes d'éviction. L'omission,
même involontaire, en est une. Le langage du silence en
est une autre. Telle est la source de mon indignation. Telle est
la source, également, de mon désir de briser le
silence qui enveloppe les manifestations d'une éducation
pour et par la personne humaine.
Je vous offre, en terminant, deux lignes du recueil des textes
des diplômés. Elles sont de Michel Pleau. "
(...) ne peut perdre l'âme dans l'herbe d'une fin d'hiver
(...)"
HENRI HAMEL
Directeur du Centre d'orientation
et de consultation psychologique
LETTRE OUVERTE À CLAUDE GODBOUT ET MICHEL PIGEON
L'Université Laval a-t-elle un recteur? Je pose la
question, parce que je compte bien m'assurer que le candidat qui
a été élu respectera les engagements qu'il
a pris devant la communauté universitaire. Moins d'un mois
après son élection, rien n'est moins certain.
La réaction de M. Godbout, le 31 octobre dernier, semble
le reflet de l'incapacité du nouveau recteur à nous
rassembler. M. Godbout a raison lorsqu'il affirme que "le
15 octobre dernier, M. Pigeon a été élu recteur
et que sa position sur les frais afférents et de gestion
était connue de tous". Ce qu'il néglige dans
sa prérogative, c'est que son élection repose sur
une faible majorité de deux voix, que 66 votants n'étaient
pas favorables à ce choix. Il oublie également que
la preuve d'une capacité à rassembler n'est pas
l'obligation des associations étudiantes, mais bien celle
du nouveau recteur.
Dans cet ordre d'idées, rappelons les obligations et responsabilités
des gestionnaires des universités, particulièrement
parce que M. Pigeon m'a informé en entrevue qu'il n'a pas
lu d'autre programme que le sien (sic): "Les besoins des
membres de la communauté universitaire sont légitimes
et nombreux. Les administrateurs universitaires doivent expliquer
ces besoins aux bailleurs de fonds et à toute la société
en général" .
En ce sens, je rappelle à M. Pigeon qu'il avait pris l'engagement
de solutionner la question des frais afférents et de gestion
avant le 1er novembre? Dois-je rappeler également qu'il
s'est dit en faveur d'une indexation et non d'une hausse des frais
de scolarité (ce que sont les frais afférents et
de gestion)? Oublie-t-il que l'indexation doit passer par le gouvernement
du Québec et non par lui ou le Conseil d'administration?
Ce qui est déroutant, c'est d'entendre M. Godbout affirmer
que la participation à l'élaboration de mécanismes
formels représente une "grande victoire" pour
les étudiants: comme si le fait de donner le droit de parole
à quelques uns de ses enfants venait de lui donner le droit
de manger la nourriture de toute sa progéniture.
Par ailleurs, sait-il compter et comprendre que l'ensemble des
frais de gestion et afférents représentent 418 $
par année, soit 7 % du budget des étudiants ayant
6 000 $ par an et 4 % du budget de ceux qui ont 10 000 $? En chiffre
absolu, c'est plus d'un mois de loyer et deux mois d'épicerie.
Comprend-t-il que cette somme représente à peine
1 % du budget de l'Université? Comprend-il suffisamment
les dynamiques de développement social pour construire
une université ouverte à tous? Ce ne semble pas
être le cas.
En fait, nous devons admettre que notre université n'a
pas besoin de ces sommes. Nous sommes en avance sur nos prévisions
initiales de plus de 15 000 000 $ pour ce qui est de la dette.
Cette année, nos cohortes étudiantes augmentent
de 2 % au premier cycle (toujours inférieure à la
moyenne nationale de 5 %), ce qui laisse envisager une résorption
du déficit dès cette année. Dans le contexte
actuel, ne pas arriver à régler le déficit
en cours d'année et à diminuer les frais de gestion
serait un signe clair de l'incapacité du recteur à
administrer correctement.
M. Godbout a raison, "les défis qui attendent l'université
au cours des prochaines années [...] commandent, de la
part de ses membres, une grande solidarité". Cependant,
la preuve de solidarité doit être faite par le recteur
en place. Lorsqu'on choisit de sacrifier la démocratisation
de l'enseignement supérieur, ce n'est pas faire uvre de
solidarité. En ce sens, la démarche des étudiants
est un geste important pour éduquer les gestionnaires quant
à leurs responsabilités sociales. Les étudiants
font leur travail pour protéger l'Université Laval,
pour poursuivre leur formation, et ce, malgré les décisions
de l'administration en place, un point, c'est tout.
En fait, je questionne surtout M. Pigeon. Comment a-t-il pu laisser
monsieur Godbout s'avancer de la sorte? Dois-je comprendre que
cette sortie est endossée par le recteur de l'Université
Laval? Dois-je comprendre que lorsque M. Pigeon disait qu'il
"règlerait la situation avant le 1er novembre",
il se préparait effectivement à sceller la question
en tentant de mobiliser une partie de la communauté contre
les étudiants? Ne donne-t-il pas raison à tous ceux
qui n'ont pas voté pour lui?
À l'heure actuelle, ce débat ne semble pas terminé
et il est important de savoir que les énergies dépensées
par M. Pigeon pour lutter contre les étudiants nuisent
à l'Université Laval. Il est responsable des choix
difficiles que doivent faire les représentants étudiants
pour être entendus et compris. Il serait beaucoup plus profitable
et courageux, d'admettre que nous avons erré dans cette
décision et nous pourrions faire appel à la fondation
pour assurer la démocratisation. Dès lors, la direction
pourrait établir un contrat social avec le mouvement étudiant
et gagner à tous les niveaux: démonstration de courage,
acte d'humilité, amélioration de l'image publique,
augmentation des revenus et des énergies seraient à
l'ordre du jour. Mais le choix de M. Godbout et de M. Pigeon est
de ternir l'image des étudiants, de leurs étudiants,
de ces 36 500 personnes qui ont très bien appris, eux,
à développer leur société.
Ce n'est pas en brandissant le spectre de la représentation
aux instances décisionnelles que M. Pigeon gagnera la faveur
et la confiance des 66 membres du Collège électoral
qui n'ont pas voté pour lui. La communauté universitaire
est témoin que l'administration pourrait bien appliquer
cette pratique aux autres associations par la suite (chargés
de cours, professeurs, employés de soutien et professionnels),
ce qui viendra, à très court terme, faire fondre
la majorité de M. Pigeon sur le terrain.
Il est bien important de comprendre la situation, M. Godbout.
L'Université Laval a besoin d'un recteur. Les étudiants
ont démontré leurs compétences en gestion
universitaire. Ils ont démontré leur capacité
à développer de nouvelles solutions aux problèmes
actuels. Ils peuvent assumer la direction de l'Université
Laval en collaboration avec tous les groupes. La démonstration
de bonne foi, d'une capacité à écouter, à
entendre et à comprendre les solutions, ce n'est plus aux
étudiants à le faire, c'est à ceux qui ont
été élus et à ceux qui seront nommés.
MARTIN MALTAIS
Chercheur-étudiant au doctorat
en administration et évaluation en éducation
HOMMAGE À JEAN-ROCH PERRON, PIONNIER DE L'ENSEIGNEMENT
SUR L'ASIE
C'est avec tristesse que j'ai appris le décès,
le 31 octobre 2002, de M. Jean-Roch Perron, professeur retraité
de l'Université Laval. Je suis d'autant plus touché,
qu'il était l'un des meilleurs enseignants que j'ai eu
le plaisir de connaître au cours de mes études universitaires.
Après l'obtention d'un baccalauréat ès arts
et d'une licence en lettres, il présente en septembre 1959,
à l'Institut de géographie de l'Université
Laval, une thèse intitulée: Géographie
régionale de la basse vallée du Gouffre, qui
porte sur la région de Baie Saint-Paul. M. Perron fut un
des premiers étudiants lavalois à décrocher
un diplôme d'études supérieures en géographie.En
1964, il débute sa carrière à son alma
mater comme professeur à la Faculté des arts,
où il enseigne la géographie et l'histoire aux étudiants
du baccalauréat ès arts. Dès la fin des années
1960, il se démarque déjà en offrant le cours
L'Asie depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Avec la fin du programme de baccalauréat ès arts,
M. Perron se joint au Département d'histoire, où,
dans l'indifférence de la plupart de ses collègues,
il poursuit le développement de l'enseignement sur l'Asie.
À partir du milieu des années 1970, il propose à
ses étudiants des cours sur l'histoire contemporaine de
l'Asie, de la Chine, de l'Inde et du Japon, lesquels disparaîtront
malheureusement du répertoire des cours de premier cycle
à la suite de son départ à la retraite en
1998.
Ancien étudiant de son cours Histoire contemporaine
du Japon, je lui suis reconnaissant de m'avoir fait connaître
l'histoire moderne de l'archipel nippon, de l'époque Meiji
jusqu'à nos jours. Jean-Roch Perron laisse le souvenir
d'un professeur attentif aux besoins de ses étudiants et
respectueux à leur égard. Bien avant l'heure, il
a contribué à l'internationalisation de toute une
génération d'étudiants en leur permettant
de mieux comprendre l'évolution historique des peuples
asiatiques. Il est à espérer que d'autres sauront
poursuivre son travail de pionnier dans un champ d'enseignement
encore peu développé au Québec.
RICHARD LECLERC
Ph.D
BAISSEZ LE VOLUME AU PEPS!
Au PEPS, sport et musique assourdissante sont devenus inséparables,
semble-t-il. Que ce soit pour le football ou pour le volleyball,
les spectateurs ont désormais droit à un "trip"
de DJ entrecoupé de quelques échanges de ballon...plutôt
qu'à un véritable match! Pourquoi tout ce bruit?
Pour créer une ambiance? Le sport en lui-même n'est-il
plus suffisant pour faire l'ambiance? Je ne suis sûrement
pas la seule à me souvenir des premiers matches de l'équipe
de football du R&O ni du fameux match de demi-finale remporté
par l'équipe de volleyball masculin lors du championnat
canadien tenu à l'Université Laval en 1998, où
les joueurs et leurs prouesses sur le terrain suffisaient à
animer, que dis-je, à enflammer les spectateurs! Pour qui
tout ce bruit? Pour favoriser la communication entre les entraîneurs
et les joueurs? Pour réveiller les joueurs "absents"?
Pour les spectateurs qui ne peuvent plus se parler? Le match d'ouverture
du R&O football de 2002 est le dernier auquel j'ai assisté.
Trop de bruit, trop de "foire".Le football? Accessoire
ou presque. En fin de semaine dernière, lors du Challenge
de volleyball SSQ, le volume du système de son au maximum,
il fallait crier pour parler à son voisin. Je ne crois
pas que l'on ait besoin de tant de décibels pour apprécier
les performances des équipes R&O, je crois que le "show"
est sur le terrain et non entre les mains du DJ et je crois aussi
que les spectateurs qui se déplacent au Peps sont avant
tout des amateurs de sport. Je ne suis pas contre la musique au
Peps, je demande simplement que l'on baisse le volume, s.v.p.
MARIE-HÉLÈNE VANDERSMISSEN
Professeure au Département de géographie