7 novembre 2002 |
Le gouvernement du Québec a accordé, le 5 novembre,
ses plus hautes distinctions à deux membres de la communauté
universitaire, Jocelyne Alloucherie, professeure à l'École
des arts visuels, et André Parent, professeur au Département
d'anatomie et de physiologie de la Faculté de médecine.
Le prix Paul-Émile-Borduas, la plus haute distinction accordée
dans le domaine des arts visuels, des métiers d'art, de
l'architecture et du design, est attribué à Jocelyne
Alloucherie, une artiste qui utilise la sculpture, la photographie
et le dessin et qui présente des installations d'une grande
sobriété et d'un dépouillement qui invitent
à la contemplation. Une artiste qui refuse aussi toute
définition de son mode d'expression.
Jocelyne Alloucherie enrichit parfois la présentation de
ses uvres de textes, publiés dans les catalogues qui accompagnent
ses expositions. Ces textes métaphoriques peuvent être
perçus comme autant de petites pierres blanches menant
à la découverte du sens plutôt que de leur
auteur. Car Jocelyne Alloucherie préfère laisser
parler la sculpture, la photographie, le dessin, bref elle veut
donner toute la place à son uvre.
La haute qualité esthétique et la profondeur de
la réflexion de Jocelyne Alloucherie ont été
récompensées par une quinzaine de bourses québécoise,
canadienne et allemande ainsi que par de prestigieux prix. Elle
est en effet la récipiendaire du prix Victor-Martyn-Lynch-Staunton
du Conseil des arts du Canada, du prix Louis-Philippe Hébert,
offert par la Société Saint-Jean-Baptiste et du
Prix du Gouverneur général du Canada dans la section
arts visuels.
Jocelyne Alloucherie a présenté plus de 25 expositions
personnelles dans les grandes villes du Québec et du Canada
ainsi qu'à Paris et à Albi en France, à Turin
en Italie, à Brême en Allemagne, à Tokyo au
Japon et à New York. Elle a également participé
à un grand nombre d'expositions collectives, tant en Amérique
du Nord qu'au Mexique et en Europe. On retrouve son nom et ses
uvres dans les grandes collections publiques des musées,
au Québec, au Canada ainsi qu'à l'étranger,
soit à la Maison du Québec à Los Angeles,
au Fonds national d'art contemporain à Paris, au Musée
d'art moderne et contemporain à Genève, en Suisse,
et au Centre d'art contemporain de Vassivières en France.
On peut également admirer trois réalisations de
Jocelyne Alloucherie dans l'espace public: Noire, Basse, Solaire
(1993), une sculpture en béton et granit noir à
la York University à Toronto, une fontaine en granit, Table
de jour 1, installée à l'hôpital Notre-Dame,
à Montréal (1996), et une autre fontaine en granit,
uvre de jour (2000), qu'on peut voir au Collège Gérald-Godin,
à Sainte-Geneviève.
Un explorateur du cerveau
Le prix Wilder-Penfield, la plus haute distinction honorifique
attribuée par le gouvernement du Québec dans le
domaine des sciences biomédicales, est attribué
cette année au physiologiste André Parent.
Né en 1944 à Montréal, André Parent
se découvre très tôt une véritable
vocation pour la biologie et la physiologie humaine. En 1967,
il termine premier de sa promotion au baccalauréat, à
l'Université de Montréal. L'un des chercheurs les
plus renommés au monde en neurologie comparée, le
docteur Louis J. Poirier, l'accueille alors dans son laboratoire
de l'Université Laval. André Parent se lance dans
une tâche à laquelle il consacrera toute sa carrière:
comprendre le fonctionnement d'une partie clé du cerveau,
les ganglions de la base, qui contrôlent le comportement
psychomoteur et le mouvement.
Pendant son doctorat, le jeune chercheur constitue une impressionnante
collection de cerveaux appartenant aux espèces les plus
variées. Pour en faciliter l'analyse, il invente une technique
afin de visualiser les neurotransmetteurs, ces substances chimiques
qui permettent aux neurones de communiquer. Cette approche dite
immunohistochimique est devenue depuis une façon standard
de comparer le système nerveux de différentes espèces.
Après ses études postdoctorales au célèbre
Institut Max Planck de Francfort, André Parent est nommé
professeur au Département d'anatomie et de physiologie
de la Faculté de médecine de l'Université
Laval. Il multiplie les découvertes, et ses avancées
changent la conception classique de l'évolution neurobiologique
des espèces.
En étudiant les cerveaux d'espèces proches de l'être
humain, André Parent saisit peu à peu le fonctionnement
neuronal extrêmement complexe des ganglions de la base.
L'analyse très fondamentale qu'il en présente a
toutefois des retombées pratiques immédiates, puisqu'elle
remet en question le modèle qui guide alors les chirurgiens
lors d'interventions visant à corriger des troubles du
mouvement. Depuis 1996, grâce à une banque de 400
cerveaux provenant en bonne partie de personnes atteintes de diverses
maladies neurodégénératives, le professeur
Parent met en évidence plusieurs phénomènes
auparavant méconnus. Il montre notamment que certaines
parties du cerveau continuent de générer de nouveaux
neurones tout au long de la vie, contrairement à l'idée
reçue. Avec l'espoir qu'un jour, une meilleure connaissance
de ces phénomènes de neurogenèse permettra
de traiter les maladies d'Alzheimer, de Huntington ou de Parkinson
ou certains troubles psychiatriques.
Au cours de sa carrière, André Parent a publié
nombre d'articles scientifiques et reçu plusieurs distinctions
prestigieuses. Membre de la Société royale du Canada
depuis 1994, lauréat du prix Léo-Pariseau de l'Association
canadienne-française pour l'avancement des sciences (ACFAS)
en 1995 ainsi que de la bourse Killam du Conseil des arts du Canada
en 1997 et en 1998, il est aussi membre de plusieurs sociétés
savantes, de comités scientifiques et de comités
de rédaction. Il est également l'auteur de deux
ouvrages de référence en matière de neurobiologie:
Comparative Neurobiology of the Basal Ganglia et Human
Neuroanatomy, auxquels il a consacré sept ans d'écriture
quasi quotidienne.
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