7 novembre 2002 |
Les 14 et 15 novembre, aura lieu, à l'hôtel Radisson
de Québec, le Symposium international sur la sécurité
alimentaire durable dans l'Arctique. Ce symposium clôture
le projet "Le développement durable dans l'Arctique.
Les Conditions de la sécurité alimentaire",
conduit par une équipe internationale de chercheurs dirigée
par Gérard Duhaime, du Groupe d'études inuït
et circumpolaires (GÉTIC), de l'Université Laval,
grâce à une subvention du Conseil de recherches en
sciences humaines du Canada (CRSH) dans le cadre du programme
"Grands travaux de recherche concertée" (1998-2203).
Plus d'une soixantaine de participants, venant du Canada (Nunavik,
Labrador, Nunavut), d'Alaska, du Groenland, des Barrents euro-arctiques
(Finlande, Norvège) et de Russie, présenteront
à cette occasion les résultats régionaux
et élaboreront une synthèse à l'échelle
circumpolaire. La composition multidisciplinaire de l'équipe
de recherche (sociologie, anthropologie, géographie, santé
publique, sciences environnementales, droit) permettra de présenter
un diagnostic de la sécurité alimentaire selon les
enjeux majeurs qui caractérisent les régions arctiques.
Les enjeux liés au cas de l'Alaska arctique, de l'Arctique
canadien, du Groenland, de la Laponie finlandaise et du Nord de
la Russie seront tour à tour abordés. L'intégration
disciplinaire des résultats orientera les discussions entre
les participants du symposium et contribuera à l'élaboration
d'actions et de lignes directrices visant l'amélioration
des conditions de la sécurité alimentaire.
Les maladies de civilisation
Le thème du symposium correspond à des enjeux
majeurs pour les régions nordiques. Dans l'Arctique inuit,
la sécurité alimentaire repose sur les apports combinés
de la nourriture locale (gibiers, poissons) et de la nourriture
importée. Or, aujourd'hui, trois phénomènes
montrent que la sécurité alimentaire y est menacée.
Premièrement, la part croissante de nourriture importée
dans l'alimentation des Inuits, au détriment de la nourriture
locale, accroît les risques de maladies dites de civilisation.
Deuxièmement, la qualité de la nourriture locale
est menacée par les émissions polluantes, en provenance
du Sud, qui s'immiscent et s'accumulent dans la chaîne alimentaire.
Troisièmement, dans ces régions où l'emploi
est généralement précaire, la consommation
alimentaire des familles se trouve aujourd'hui davantage liée
au revenu monétaire.
En fait, qu'elle soit locale ou importée, la nourriture
y est de plus en plus coûteuse. Les ententes territoriales
entre les groupes autochtones et les gouvernements nationaux,
tout comme les ententes internationales portant sur la protection
environnementale, auraient pu limiter les effets de ces nouveaux
problèmes. Mais ces cadres juridiques ont une portée
limitée. Dans l'état actuel des recherches, les
relations entre le développement économique, la
santé, l'environnement et les cadres légaux qui
les régissent, sont encore trop mal comprises. Une connaissance
adéquate de ces phénomènes devient urgente,
puisque l'ignorance relative empêche les décideurs
d'agir efficacement en vue de rectifier la situation. La reconnaissance
du développement durable comme une priorité mondiale,
et comme une priorité pour l'Arctique en particulier, exige
un effort de recherche en ce sens.
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