7 novembre 2002 |
Les femmes ayant de forts antécédents familiaux
de cancer du sein, donc à haut risque de cancer du sein
héréditaire, ont tendance à éviter
l'hormonothérapie de substitution (HTS), qui sert à
diminuer les symptômes reliés à la ménopause.
Cette tendance est particulièrement marquée chez
les femmes porteuses d'une mutation génétique sur
l'un ou l'autre des deux principaux gènes de susceptibilité
au cancer du sein.
Ces constatations sont tirées des données préliminaires
d'une étude menée par Isabelle Rouleau, étudiante
à la maîtrise en pharmacie, à l'Unité
de recherche en santé des populations de l'hôpital
du Saint-Sacrement à Québec. Cette recherche, présentée
en mai dernier lors du 70e Congrès de l'Association francophone
pour le savoir - Acfas -, a mérité à son
auteure l'un des deux Prix de l'Université McGill remis
le 1er octobre, à l'Université Laval, lors du Gala
de la science de l'Acfas.
"Le cancer du sein est le type de cancer le plus fréquent
chez les femmes, explique Isabelle Rouleau. On estime que cinq
à dix pour cent des nouveaux cas sont associés à
une prédisposition génétique, donc héréditaire.
Une femme provenant d'une famille présentant une forte
histoire de cancer du sein, et qui a une mutation sur l'un ou
l'autre des gènes de susceptibilité identifiés
à ce jour (BRCA1 et BRCA2), a de 56 à 85 % de risque
de développer cette maladie au cours de sa vie. Ce pourcentage
n'est que de 11 % chez les femmes de la population générale."
Des résultats préliminaires
La méthode d'investigation a consisté à
comparer l'utilisation de l'HTS chez 114 femmes post-ménopausées
âgées de 41 à 78 ans et ayant une forte histoire
familiale de cancer du sein, avant et un an après l'annonce
du résultat d'un test génétique de susceptibilité.
"Ce test, précise Isabelle Rouleau, permet aux femmes
de savoir si elles ont un risque accru de développer la
maladie. Les gènes BRCA1 et BRCA2 ont pour fonction d'inhiber
la production de tumeurs. S'ils fonctionnent mal, la porte est
ouverte à la production de tumeurs."
Selon les résultats des analyses préliminaires,
vingt-huit participantes ont été identifiées
comme ayant une mutation sur l'un ou l'autre gène et huit
prenaient une HTS au moment du test. Après un an, six avaient
discontinué le traitement et une l'avait entrepris. À
la suite de leur résultat, neuf des trente-trois femmes
non porteuses de la mutation familiale ont poursuivi ou entrepris
une HTS. Des quinze participantes ayant obtenu un résultat
non concluant, un petit nombre utilisait une HTS avant le test
comme après.
Des lignes directrices à définir
L'étude, qui est toujours en cours et qui, à
terme, devrait rassembler un échantillon d'environ 500
participantes, est menée sous la supervision du chercheur
Michel Dorval, dans le contexte d'une subvention d'équipe
interdisciplinaire en santé des Instituts de recherche
en santé du Canada (INHERIT BRCAS). Le fait qu'il n'existe
encore aucune ligne directrice de la communauté médicale
pouvant guider le médecin dans la prescription de l'HTS
à des patientes présentant des risques élevés
de cancer du sein est problématique. Le problème
est d'autant plus aigu que l'HTS est maintenant reconnue pour
augmenter le risque de cancer du sein. Ce type de traitement vise
à long terme à diminuer le risque de maladies cardiovasculaires
et l'ostéoporose. Environ 40 % des femmes québécoises
âgées entre 50 et 64 ans l'utilisent.
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