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3 octobre 2002 ![]() |
Le moins qu'on puisse dire est que l'étudiant au doctorat
en droit Serge Kablan a plus d'une corde à son arc. Et
qu'il aime relever les défis! Sa thèse, qu'il rédige
présentement, porte sur un sujet de pointe: les agents
"intelligents" dans le commerce électronique.
Comme assistant de recherche à la Chaire Stephen-Jarislowsky
en gestion des affaires internationales, il a notamment élaboré,
de concert avec la professeure Nicole Lacasse et pour une quinzaine
de pays d'Afrique, un projet de loi sur l'harmonisation du droit
des affaires en transport routier des marchandises. Et ce projet
de loi est sur le point d'être adopté par les différents
gouvernements. L'été dernier, il a monté,
pour la Faculté des sciences de l'administration, un cours
en ligne sur les aspects juridiques des affaires électroniques.
Une quinzaine d'étudiants, dont certains sont en Europe,
suivent présentement ce nouveau cours de deuxième
cycle donné par son auteur. À l'écran d'ordinateur,
Serge Kablan apparaît dans une vidéo (image et son)
tandis que certains textes défilent au fur et à
mesure qu'il parle, comme si l'enseignant était en salle
de classe avec le support d'acétates.
Un universitaire dans l'âme
Serge Kablan dit avoir deux passions: le droit et le commerce.
Il faudrait ajouter à cela l'enseignement, les technologies
de l'information et la vie universitaire. En 1999, il est administrateur
à l'Association des étudiantes et des étudiants
de Laval inscrits aux études supérieures. En 2000-2001,
on le retrouve membre de la Commission des affaires étudiantes,
membre du Comité d'appel de l'Université et membre
du Service d'ordre étudiant. Cet automne, il agira comme
juge ou médiateur lors des débats Face à
Face présentés à la Faculté de droit.
Un droit à réformer
Dans sa thèse, Serge Kablan étudie les logiciels
qui, dotés d'une certaine "intelligence", semblent
intervenir dans les activités de commerce électronique
et se substituer aux humains. "Ces logiciels, explique-t-il,
sont conçus pour effectuer une sorte de retraçage
et dresser une sorte de profil de vous, les produits que vous
aimez acheter, les sites que vous visitez, etc. Suivra une offre,
par exemple, d'un cédérom de jazz. Si vous acceptez,
un contrat est passé. Le problème est qu'il n'y
a généralement personne derrière cette offre.
Advenant que le CD ne soit pas livré, qui sera responsable?
Le commerçant qui utilise ce système, l'agent intelligent
ou vous?"
Selon lui, certains agents intelligents iraient même jusqu'à
négocier des contrats avec propositions et contre-propositions.
"Comment le droit va-t-il aborder la chose?", demande
celui qui en la matière se réclame de l'école
de pensée moderniste. Le cyberespace constituant un monde
nouveau et différent du nôtre, il faut à celui-ci
un droit spécifique fait, entre autres, de règles
existantes mais réformées. "Appliquer le droit
actuel pose énormément de difficultés sur
certains points, indique-t-il. Prenons l'exemple de ces agents
intelligents qui concluent des contrats. Dans le droit actuel,
seule une personne peut faire une telle chose. Je vais donc jusqu'à
proposer qu'on reconnaisse les agents intelligents comme des entités
juridiques ayant des droits, mais aussi des obligations par rapport
à leurs actes."
Originaire de Côte-d'Ivoire, Serge Kablan envisage-t-il
un retour au pays une fois ses études complétées?
"Je ne suis pas pressé pour retourner, répond-il.
Il n'y a rien de définitif là-dessus. Je verrai
où le vent m'amènera. Je tenterai d'abord une intégration
ici."
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